Une brève histoire de la propagande

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Toujours utile pour se rappeler que le pouvoir en fait un usage courant


« La propagande moderne est un effort persistant de création ou de présentation d’événements dans le but d’influencer la relation du public à une entreprise, une idée ou un groupe. » (Edward Bernays, Propaganda, 1928).




Par Corinne Autey-Roussel | 10 septembre 2017


Ces mots du chef de file historique des pionniers de la propagande occidentale définissent également la publicité, et pour cause : la seule différence entre les deux est que la publicité s’affiche en tant que telle, alors que la propagande se fait passer pour la vérité.Que ce soit pour vendre un produit, une nouvelle loi, un candidat à la présidence, un coup d’État ou une guerre, la propagande (propagande, publicité, relations publiques, communication, gestion de la perception : cinq dénominations pour une seule et même industrie) est devenue le premier moyen de communication entre les décideurs (politiciens, multinationales, banques, etc) et le reste de la population.


Le business de la communication (ou si on préfère, des manipulations publicitaires et médiatiques de l’opinion), qui atteint aujourd’hui les 200 milliards de dollars par an dans les seuls USA, représente le deuxième poste de dépense mondial, juste après l’armement. 1


En 2009, la campagne publicitaire la plus primée a été la campagne présidentielle de Barack Obama.2



« Attention, les médias ne reflètent pas la réalité. »


USA : les pionniers de la propagande en tant que discipline « scientifique »


Après la révolution industrielle de 1845, les taux d’alphabétisation des populations occidentales grimpent en flèche (au Royaume-Uni, entre 1840 et 1900, le taux d’alphabétisation passe de 30 à 97%. La France suit le mouvement avec une évolution à la hausse, de 54,40% pour les hommes et 45% pour les femmes en 1866 jusqu’à 97% pour les deux sexes en 1911.3 Les Américains, quant à eux, jouissent d’un taux d’alphabétisation de 90% dès 1795 4). Dans ces démocraties en grande partie définies par la liberté d’expression, les ventes de papier imprimé explosent, mais la multiplication des opinions et des plate-formes journalistiques a des effets imprévus : le ton monte rapidement, les positions se radicalisent, les invectives noient les débats et des mouvements protestataires radicaux émergent.


« Attention, les médias ne reflètent pas la réalité. » Le business de la communication (ou si on préfère, des manipulations publicitaires et médiatiques de l’opinion), qui atteint aujourd’hui les 200 milliards de dollars par an dans les seuls USA, représente le deuxième poste de dépense mondial, juste après l’armement.1


En 2009, la campagne publicitaire la plus primée a été la campagne présidentielle de Barack Obama.2


USA : les pionniers de la propagande en tant que discipline « scientifique »


Après la révolution industrielle de 1845, les taux d’alphabétisation des populations occidentales grimpent en flèche (au Royaume-Uni, entre 1840 et 1900, le taux d’alphabétisation passe de 30 à 97%. La France suit le mouvement avec une évolution à la hausse, de 54,40% pour les hommes et 45% pour les femmes en 1866 jusqu’à 97% pour les deux sexes en 1911.3 Les Américains, quant à eux, jouissent d’un taux d’alphabétisation de 90% dès 1795 4). Dans ces démocraties en grande partie définies par la liberté d’expression, les ventes de papier imprimé explosent, mais la multiplication des opinions et des plate-formes journalistiques a des effets imprévus : le ton monte rapidement, les positions se radicalisent, les invectives noient les débats et des mouvements protestataires radicaux émergent.


Pour les gouvernements et au premier chef celui du principal pays capitaliste, les États-Unis, il va s’agir d’harmoniser ces voix et d’étouffer celles qui pourraient les mettre en danger, par exemple celles du Parti communiste, de la gauche populiste ou encore des anarchistes. Pour leur part, les entreprises privées, qui ont découvert depuis les débuts de la presse écrite à quel point la publicité augmente leur profits, souhaitent les contrôler. Ce qui amènera les uns et les autres, au début du XXe siècle, à recruter des journalistes d’opinion dans le cadre d’une nouvelle discipline, les relations publiques/communication d’entreprise/publicité – autrement dit, la propagande.


« Les origines des relations publiques étaient une réponse à la montée d’une classe ouvrière remuante à la fin du XIXe siècle » — Anne Bernays, romancière et fille d’Edward Bernays.


Bien entendu, ces pionniers de la manipulation de masse ne feront que structurer, codifier et développer quelque chose qui existe déjà, mais ce faisant, ils donneront forme à un secteur indispensable au maintien de l’économie capitaliste. Sans les constantes incitations à la consommation de sa publicité et le soutien quotidien de sa propagande politique, sociale et sociétale, il est en effet probable que l’économie de marché s’effondrerait en quelques semaines.


Ivy Lee (1877-1934), les débuts du communiqué de presse et de son utilisation à des fins de propagande


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