Les trois plus importants syndicats du Québec promettent de livrer une bataille féroce à Stephen Harper pour empêcher sa réélection en 2015.
Après la FTQ samedi, la CSN a confié à La Presse qu'elle entendait mener des «campagnes d'opinion publique» ciblées dans certaines circonscriptions favorables aux conservateurs. De son côté, la CSQ n'écarte pas le vote stratégique à quelques endroits.
Le président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Jacques Létourneau, a bon espoir de «faire une différence» au Québec lors du prochain scrutin. À son avis, les Québécois ont prouvé en 2011 qu'ils étaient capables de voter «d'une seule voix» lorsqu'ils ont élu 59 députés néo-démocrates sur une possibilité de 75. «On est capable de rééditer ça au Québec pour fédérer le vote anticonservateur. Il faut qu'ils [les conservateurs] nous prennent au sérieux.»
Les statuts et règlements de la CSN interdisent à la centrale d'appuyer directement un parti politique. Par contre, Jacques Létourneau n'est pas fermé à l'idée d'un vote stratégique «ciblé» dans certaines circonscriptions. «C'est sûr que l'on va travailler dans les régions, on va essayer de mener des campagnes d'opinion publique. Particulièrement dans les régions où ils [les conservateurs] ont des chances d'être élus», dit-il.
Samedi, La Presse révélait que la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) avait ciblé huit circonscriptions dans la province où elle appuierait tout candidat capable de battre un conservateur.
«Vote stratégique»
Dans une entrevue accordée quelques semaines plus tôt, Stephen Harper a avoué voir d'un très mauvais oeil l'intention des syndicats de s'immiscer dans la prochaine élection. «Je note qu'il y a des syndicats et d'autres groupes qui menacent d'utiliser le big money pour influencer les prochaines élections», a dit le premier ministre.
Jacques Létourneau explique que cette mobilisation «de gauche» anticonservatrice s'étendra partout au Canada par l'entremise de différents regroupements. À l'occasion d'un forum social en août dernier, des représentants syndicaux, écologistes et autres groupes de défense des droits de la personne ont décidé de s'unir pour contrer le gouvernement Harper au prochain scrutin. Le président de la CSN soutient qu'une autre rencontre stratégique entre les membres est prévue dans deux semaines à Toronto.
Le syndicat qu'il dirige représente environ 325 000 travailleurs, dont 7500 agents correctionnels basés principalement en Ontario. Là aussi, la CSN promet de déranger les troupes du Parti conservateur. «Nos agents vont être assez actifs contre eux. Ils vont faire une campagne d'intervention directe sur le terrain à la fin de l'année 2015», indique Jacques Létourneau.
Une «menace réelle», selon la CSQ
La Centrale des syndicats du Québec (CSQ), qui représente plus de 200 000 personnes, promet également de crier haut et fort son opposition au gouvernement «antisyndicaliste» de Stephen Harper. La présidente, Louise Chabot, pense que la réélection du parti constituerait une «menace réelle» pour ses membres. Elle ajoute que la réforme en matière d'assurance emploi est une attaque directe contre les travailleurs. Les coupes dans la fonction publique et l'adoption du projet de loi C-525 (limitant la capacité des fonctionnaires fédéraux à se syndiquer) lui donnent aussi peu confiance.
La présidente prévient que son syndicat ne prendra pas position en faveur d'un parti politique, mais elle ne ferme pas la porte à une forme de vote stratégique. «On n'a pas l'intention de voter pour un parti. Mais on pourrait voter contre un parti. Ce sont nos délégués qui vont décider des actions à prendre», indique-t-elle. La CSQ discutera de ces questions lors de réunions prévues en février et mai.
Le premier ministre du Canada a déjà fait savoir qu'il respecterait l'échéancier prévu dans la Loi sur les élections à date fixe. Cela signifie que les Canadiens devraient être invités à se rendre aux urnes le 19 octobre prochain.
Légal ou non?
Certains syndicats ont déjà connu des ratés en tentant de nuire à un parti politique. Lors de la campagne électorale provinciale de 2003, la FTQ et des syndicats affiliés ont distribué à leurs membres des feuillets les invitant à ne pas voter pour l'Action démocratique du Québec (ADQ). Ce faisant, les syndicats ont fait une dépense électorale, jugée illégale par le Directeur général des élections du Québec. Le DGEQ a réclamé une injonction provisoire pour forcer l'arrêt de la distribution. Le débat s'est transporté devant les tribunaux, qui ont donné raison à l'institution démocratique indépendante.
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