Il y a un an, le 27 mai 2021, on annonçait la découverte, par géoradar, de ce qu’on a décrit comme les restes de quelque 200 enfants autochtones disparus. Ces enfants auraient été enterrés dans un cimetière secret, situé dans un verger, près de l’ancien pensionnat des Oblats de Marie-Immaculée établi dans la réserve de Kamloops, en Colombie-Britannique. On a d’abord parlé d’une fosse commune, une nouvelle démentie, mais qui est restée dans notre imaginaire, puis de tombes anonymes, ce qui n’est pas encore avéré.
En effet, nous n’avons aucune preuve matérielle de cette présumée découverte, car le géoradar est une technologie qui n’identifie pas directement les restes humains. Selon l’anthropologue qui a fait la recherche, seule une excavation serait probante. Mais la communauté autochtone locale est divisée sur le sujet, et on peut douter sérieusement que des fouilles puissent avoir lieu. Qui donc établira alors la véracité des faits ?
Selon le Centre canadien de vérité et réconciliation, 51 élèves sont décédés durant les 80 ans d’existence du pensionnat. Grâce aux recherches de l’historien Jacques Rouillard, on connaît maintenant les lieux de sépulture de plus de la moitié de ces enfants, selon les informations disponibles. Quatre d’entre eux sont inhumés à Kamloops dans le cimetière de leur réserve situé non loin du pensionnat, ce qui fait douter de l’existence d’un autre lieu de sépulture secret. Vingt-quatre autres enfants sont enterrés dans le cimetière de leur propre réserve. L’historien a pu consulter les certificats de décès conservés dans les registres d’état civil de la province. Ces enfants n’ont donc pas disparu. Comment croire alors que les dépouilles de 200 enfants aient pu être enfouies près de l’école, à l’insu des familles et du conseil de bande ?
Depuis l’annonce de Kamloops, des groupes autochtones ont fait part de la « découverte » par géoradar de centaines de tombes anonymes, dans des cimetières abandonnés et déjà connus. Dans le cas du pensionnat des Oblats à Marieval en Saskatchewan, les 750 tombes étaient celles de personnes de tous âges, dont plusieurs n’étaient pas des Autochtones, a révélé l’enquête d’un journaliste de la CBC. Un certain lobby autochtone évoque le spectre de la « disparition » de milliers d’enfants. La Commission de vérité et réconciliation a qualifié l’existence des pensionnats de « génocide culturel », mais jamais elle n’a parlé de génocide physique.
Si des enfants ont disparu, n’est-ce pas parce que le ministère fédéral des Affaires indiennes refusait de payer les frais pour rapatrier les corps dans les réserves, empêchant ainsi les familles de les enterrer chez elles ? Le gouvernement Trudeau, déjà pétri de repentance, doit assumer les conséquences de cette politique odieuse. Et n’oublions pas que le système colonial des pensionnats autochtones fut créé et financé par l’État canadien en vue d’assimiler ces enfants.
Les souffrances, les luttes et la résilience des Autochtones ne peuvent qu’inspirer la plus grande bienveillance. Mais la victimisation à outrance n’aidera pas leur cause, qui est aussi la nôtre : la vérité et la réconciliation. Le meilleur chemin vers la réconciliation n’est-il pas de chercher et de connaître toute la vérité ? Les médias, dont c’est la mission, doivent nous aider à aller au fond des choses.