IDÉES

Les propositions de Jean-François Lisée font avancer le français

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Urgence français !






Le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, a mis de l’avant récemment un ensemble de propositions visant à « Consolider le statut du français comme langue officielle et commune du Québec ». Ces propositions sont les très bienvenues et doivent être soutenues. Elles témoignent d’une approche pragmatique visant à cibler les enjeux importants et à éviter les chicanes portant sur des sujets à faible « rendement ». N’est-il pas préférable d’intervenir là où on peut faire des gains importants : la francisation des élèves à chacun des niveaux de scolarisation, la langue de travail, la langue de l’État et des administrations publiques, la langue des affaires et du commerce, la francisation des immigrants ? En optant pour cette dernière approche, Jean-François Lisée a fait, à notre avis, un choix judicieux. […]


 

Des mesures à bonifier


 

Si nous souscrivons à la quasi-totalité des mesures proposées, nous souhaitons cependant que dans deux cas, elles soient complétées et précisées : il s’agit de celle concernant le déclin du français sur l’île de Montréal et de celle relative à la langue de travail dans les entreprises de 25 à 50 employés.


 

Il est certes souhaitable de viser « une majorité nette de francophones habitant l’île de Montréal ». Ce serait déjà un succès si nous parvenions à rester autour de 50 % de francophones. La baisse continue du poids démographique des francophones sur l’île de Montréal n’est pas causée par le seul étalement urbain. Outre la sous-fécondité des francophones, l’immigration internationale joue également un rôle important. Si l’on ne peut guère agir sur le comportement reproductif des francophones de l’île, on peut par contre agir sur la localisation des nouveaux immigrants. Une politique plus rigoureuse en faveur de la régionalisation de l’immigration pourrait aider significativement : l’établissement de 10 000 immigrants non francophones (chaque année) en région (où ils s’intègrent d’ailleurs plus vite, linguistiquement et économiquement) plutôt que sur l’île aurait un impact comparable à celui que l’on peut espérer obtenir en essayant de freiner l’étalement urbain.


 

Le deuxième domaine qui mérite d’être précisé est celui de la langue de travail dans les entreprises de 25 à 50 employés. Il serait utile de préciser en quoi consisteraient « l’accompagnement et le soutien appropriés » dont il est question dans les propositions. On parle ici de plusieurs dizaines de milliers d’entreprises. L’OQLF consacre déjà l’essentiel de ses ressources humaines et financières à la francisation des entreprises de 50 employés et plus. Moins de 7000 entreprises sont actuellement soumises au « contrôle » de l’OQLF. Peut-on vraiment espérer quintupler le budget de ce dernier ? Sans oublier les coûts que devront assumer les entreprises concernées.


 

Faire les bons choix


 

Sous la direction de M. Lisée, le Parti québécois a choisi de ne pas prioriser des dossiers qui portent une charge symbolique forte, mais dont l’importance réelle pour l’avenir du français doit être relativisée.


 

Il est évidemment regrettable qu’un certain nombre de diplômés du réseau secondaire francophone continuent d’être attirés par les cégeps anglophones. Mais de combien de personnes parlons-nous ? En 2014, moins de 1900 élèves de langue maternelle tierce (autre que française et anglaise) sont passés du secondaire francophone au cégep anglophone, ce qui représente 31 % des personnes concernées (un pourcentage nettement en recul depuis les 46 % observés en 2001). En outre, il est évidemment injuste que des élèves de parents fortunés puissent échapper à la législation linguistique en s’inscrivant dans des écoles privées anglophones (dites « passerelles ») pour pouvoir (eux, leurs frères et soeurs, et leurs descendants) ensuite poursuivre leurs études en anglais. Ici également, peu de personnes sont concernées : une centaine par an depuis 2010. Notons qu’en 2013, en sens inverse, quelque 13 000 élèves avaient droit à l’école anglaise mais étaient inscrits à l’école française. On peut aussi déplorer qu’une municipalité dont la majorité de la population n’est plus de langue maternelle anglaise puisse continuer à bénéficier du statut particulier que lui attribue la Charte de la langue française. Il faut cependant remarquer que ce critère est discutable (cette municipalité pourrait demeurer majoritairement anglophone en matière de langue d’usage, et les données censitaires en la matière sont souvent fragiles) et que dans la plupart des cas, il s’agit de très petites municipalités (de telle sorte que la présence d’une ou deux familles pourrait entraîner un changement de statut).


 
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