Le premier ministre Couillard estime qu’on ne doit pas dire aux femmes musulmanes comment s’habiller. Son gouvernement ne le fera donc pas...
Et le projet de loi 62 visant «le respect de la neutralité religieuse» prévoit donc l’acceptation d’accommodements religieux, comme le port du tchador.
Mais les femmes musulmanes sont-elles libres de s’habiller comme elles le veulent? Un coup d’œil sur ce qu’elles portaient il n’y a pas si longtemps en Afghanistan, en Égypte ou ailleurs inciterait peut-être M. Couillard, de même que Françoise David et Amir Khadir, à se poser aussi cette question: mais pourquoi ont-elles toutes opté pour le tchador, la burka et le niqab?
Avant les Talibans, les femmes afghanes se promenaient en jupe dans les parcs publics de Kaboul. Idem à l’université du Caire, avant les diktats des Frères musulmans. Elles vivaient pour la plupart à visage découvert, comme ici...
C’est évidemment l’islam radical qui les a forcées à se couvrir, pas un désir effréné de pudeur...
Nouvelle vision
Avant d’être élu en 2014, M. Couillard refusait une réaction «légaliste» aux pressions religieuses. Il disait favoriser «l’approche que les Québécois veulent».
Il ne voulait pas d’un projet de loi sur la laïcité, mais suggérait des directives administratives interdisant les signes religieux comme le tchador. Cela éviterait, disait-il, de courir les risques juridiques posés par les chartes canadienne et québécoise des droits et libertés. Il a changé d’avis depuis et embrasse désormais le multiculturalisme canadien.
Mais M. Couillard n’est pas le seul à patiner comme un défenseur sur la glace identitaire. Le nouveau chef du PQ, Jean-François Lisée, nous offre cet automne de splendides triples axels arrière.
Il y a une semaine, il ne voulait plus vraiment en parler, mais voyant la CAQ gonflée à bloc, M. Lisée a procédé jeudi à une «affirmation plus synthétique» de ses priorités pour y inclure la laïcité de l’État.
Mais il s’écartèle entre deux concepts identitaires: une laïcité ferme, soutenue par le «nous de souche» et le «vivre-ensemble» multiculturel chéri par Québec solidaire et la fine fleur médiatique de Montréal.
L’appui de Charkaoui
Il y a quelques semaines, M. Lisée voulait appuyer le projet de loi 62 dans l’espoir que le gouvernement Couillard se casse le nez sur le multiculturalisme radical de Justin Trudeau. Il en a appuyé le principe avant d’ajouter des amendements.
C’est ce qui est à l’origine de la publicité controversée lancée par la CAQ sur les médias sociaux jeudi.
M. Lisée s’en est naturellement offusqué. Il a accusé François Legault d’imiter Donald Trump en diffusant une fausseté.
Cela a peut-être fait sourire les partisans d’Alexandre Cloutier à qui M. Lisée avait accolé le faux «appui d’Adil Charkaoui»...
Le PQ risque de souffrir de ce débat. Pas tant à cause de la publicité excessive de la CAQ, mais parce qu’on n’arrive plus à le suivre.
La Charte des valeurs, largement appuyée par les Québécois, les péquistes l’ont eux-mêmes discréditée, incapables de saisir les véritables raisons de la défaite électorale de 2014.
M. Lisée lui-même s’en est distancié. Et pourtant, Bernard Drainville avait peut-être trouvé une voie de passage raisonnable.
Aujourd’hui, le PQ dit vouloir aller plus loin que ce que proposaient les commissaires Bouchard et Taylor, il y a 10 ans. Cette nouvelle pirouette ne fera toutefois pas l’affaire de Québec solidaire, scrupuleusement fidèle à ses principes.
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