Avec l’élection du 26 mars, les souverainistes encaissent enfin la défaite du référendum de 1995. Ce qui en ressort n’est pas un affaiblissement du Québec, mais un réveil. Après douze ans de zizanie, l’édification quatre fois centenaire de la nation québécoise recommence.
Mal préparé au référendum de 1995, le gouvernement canadien a néanmoins réussi sa réaction. Encaissant la victoire comme une défaite, il s’est affairé depuis au «nation-building» canadien. De son côté, le gouvernement souverainiste est resté figé, interprétant la défaite comme une victoire volée. Cette crispation sans issue de la part des souverainistes, accompagnée d’une litanie d’accusations hostiles et fortement médiatisées de la part des fédéralistes aura eu pour effet de désunir la nation québécoise.
Les Québécois aspirent depuis toujours à l’autodétermination et ont formulé leurs revendications en fonction des circonstances. Le succès de l’édification engagée de la nation québécoise fut tel que l’on crut le Québec prêt à l’indépendance avec la Révolution tranquille. Deux référendums plus tard, nous avons la mesure des défis qui demeurent. Cependant, ces défaites n’éliminent pas notre volonté d’autodétermination, qui s’exprime encore à travers les sondages dans lesquels les trois quarts des Québécois appuient la création d’une équipe nationale de hockey ou la fête des Patriotes par exemple.
Le 26 mars, en obligeant les partis politiques à la coopération, les Québécois ont exprimé leur désir de renouer avec cette majorité sereine, requise pour notre progrès national. À l’époque du dernier gouvernement minoritaire, Honoré Mercier déplorait notre division dans l’amour de la patrie. Aujourd’hui, la population exige des libéraux et péquistes qu’ils se rappellent qu’ils sont Québécois avant d’être partisans, et demande à ce qu’ils travaillent à l’édification de la nation, quel qu’en soit le parcours.
Ces douze années de discorde ont paru longues et déroutantes pour ceux qui aiment le Québec. Pour toute une génération de jeunes, ce sont des artistes tels que Loco Locass et les Cowboys fringants qui ont porté la nation face à cette fraternité perdue. Les péquistes semblent avoir compris la volonté nationale majoritaire et rejoignent l’ADQ sur ce terrain. Les libéraux doivent emboîter le pas et retrouver leur héritage pré-référendaire, à défaut de quoi ils paieront leur attachement à la discorde de 1995 lors de la prochaine élection. L’action gouvernementale peut réunir cette majorité performante, et un projet conséquent est à notre portée : célébrons le 400e anniversaire de la nation québécoise en se dotant d’un chef d’État et d'une constitution. Enchâsser la citoyenneté, la laïcité et la Charte de la langue française, voilà qui donnerait à fêter à la fois passé et avenir!
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Dominic Courtois
Enseignant de géographie au collégial
Montréal
Le réveil de la majorité nationale
Après douze ans de division, les Québécois se dotent d’un gouvernement qui devra respecter la volonté nationale majoritaire
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