Il est irresponsable d'exiger un retrait immédiat des troupes canadiennes d'Afghanistan, comme le réclament les groupes résolus à manifester le plus près possible de la parade militaire prévue ce soir à Québec. La manifestation qu'ils tiendront est légitime, mais ne vise pas les bonnes personnes.
Les hommes et les femmes du Royal 22e Régiment croient profondément en leur mission, bien qu'elle soit périlleuse. Eux et leurs familles ont droit au respect.
Nous reprenons à notre compte les mots de la motion adoptée mercredi à l'Assemblée nationale. Elle souligne "le courage, l'abnégation et le sens du devoir des 2500 soldats" qui quitteront Valcartier pour Kandahar entre le 15 juillet et le 1er septembre.
Les citoyens opposés à la guerre ont de solides arguments à faire valoir. Leur droit de manifester ne souffre aucune discussion. Mais le lieu et l'heure choisis par les coalitions antiguerre posent problème.
Pas seulement en raison des risques de débordement que toute contre-manifestation porte en elle. Mais parce que c'est à ces soldats et à leurs familles que ces groupes s'en prennent, même sans le vouloir. Ils ont beau s'en défendre, la réalité est là.
Ces coalitions n'ont pas à aller devant le parlement canadien pour manifester - même si ce serait logique puisqu'elles soutiennent que leur message s'adresse au gouvernement Harper. Les lieux pour se faire entendre sont nombreux. Elles ont malheureusement choisi le pire, le plus controversé.
Poser des questions sur la stratégie de l'OTAN en Afghanistan est essentiel. Exiger davantage d'aide au développement est tout aussi nécessaire - ne serait-ce que pour contraindre les autorités politiques à pousser ce volet au maximum.
Il y a suffisamment de rapports de l'ONU et d'organismes de toutes sortes pour soulever des doutes sur la réussite de la mission lancée par la communauté internationale. Malgré les progrès, la construction d'écoles, les échecs sont nombreux.
Les talibans n'ont jamais baissé ni la tête, ni la garde. Ils continuent de jouir du soutien de la population dans certains coins du pays ; là où des pères et des mères désespèrent de voir s'améliorer leurs conditions de vie et celles de leurs enfants.
La corruption de cadres du gouvernement de Kaboul ne fait rien pour les détourner de leurs bourreaux d'hier.
Pour les pays engagés sur le terrain, le pire réside dans l'enlisement. Le principal piège est là. Voilà pourquoi la vigilance s'impose.
Si le débat doit se poursuivre sans cesse, c'est aussi parce que nos soldats paient un lourd tribut en participant à cette mission de reconstruction et de stabilisation.
Et que des civils afghans sont victimes de ce conflit entre l'OTAN et les talibans.
Mais il faut lire ces mêmes rapports jusqu'au bout et réaliser qu'un départ à court terme des troupes internationales serait pire encore. Les forces afghanes de sécurité ne sont pas prêtes à prendre la relève.
Le risque serait grand qu'avec un départ précipité, des régions stabilisées retombent aux mains d'extrémistes que peu d'Afghans ont envie de voir refaire la pluie et le beau temps.
Voilà pourquoi la proposition de retrait avant l'heure, même si elle rencontre un fort écho chez les Canadiens et surtout chez les Québécois, ne peut être agréée par les gouvernements. Voilà pourquoi aussi ni les libéraux fédéraux, ni les bloquistes de Gilles Duceppe, malgré le scepticisme qu'ils affichent, ne vont jusque-là.
Si le gouvernement canadien souhaite prolonger la mission au-delà de février 2009, il devra par contre en saisir le Parlement. Et ce, même si c'est pour redéployer les troupes dans des zones apaisées de l'Afghanistan.
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