De violents affrontements entre manifestants et policiers ont éclaté vendredi à l’occasion d’un discours du Premier ministre québécois Jean Charest confronté au plus important mouvement de contestation estudiantin de l’histoire de la province francophone.
Une centaine de manifestants a fait irruption vers midi (17H00 GMT) au Palais des Congrès qui accueillait le gotha politique et financier de la province à l’occasion d’un forum stratégique sur le développement minier du Grand Nord québécois (Salon Plan Nord), projet phare de M. Charest.
« La police au service des riches », ont scandé les contestataires alors qu’une manifestation sous le thème « Non à la gratuité minière! Oui à la gratuité scolaire! » avait lieu à l’extérieur de l'édifice situé dans le centre-ville de Montréal.
Affrontements
De violents affrontements ont éclaté entre des manifestants, dont certains ont saccagé des kiosques, et plus d’une trentaine de policiers qui ont fait usage de leurs matraques. Les manifestants ont été rapidement expulsés du centre des congrès, mais les affrontements se sont poursuivis à l'éxtérieur.
Des manifestants ont lancé des pierres, tandis que des policiers utilisaient des gaz irritants. En milieu d’après-midi, des centaines de policiers quadrillaient le centre-ville de la métropole qui vit depuis la mi-février au rythme d’un mouvement de grève estudiantin sans précédent au Canada.
« Il y avait des cellules radicales, des gens portant des masques et des lunettes de skis comme s’ils allaient à la guerre », a dit Ian Lafrenière, porte-parole de la police de Montréal. « Il n’y avait pas juste des étudiants » du côté des contestataires, a-t-il ajouté, dénombrant six blessés, dont quatre policiers, et 17 arrestations. Plusieurs véhicules, dont certains de la police, ont été vandalisés.
Frais de scolarité
Les étudiants dénoncent la décision du gouvernement québécois d’augmenter les droits de scolarité de 325 dollars par an pendant cinq ans à compter de l’automne, soit une hausse totale de 1 625 dollars ou 75%.
Les frais de scolarité dans la province francophone sont beaucoup moins élevés qu’aux Etats-Unis et ailleurs au Canada, mais beaucoup plus onéreux que dans nombre de pays européens, selon les données de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
« A ceux qui frappaient à notre porte ce matin on va leur offrir un emploi, dans le Nord autant que possible », a ironisé M. Charest, une boutade qui a fait rire à gorge déployée le parterre d’hommes d’affaires assistant à son discours.
« De voir le Premier ministre tourner ça en dérision c’est extrêmement inquiétant », a réagi à la télévision Gabriel Nadeau-Dubois, un des principaux leaders étudiants.
Le gouvernement québécois a ouvert la voie à un dialogue sur les prêts et bourses pour les étudiants à condition que ceux-ci dénoncent la violence étudiante. Les mouvements étudiants veulent quant à eux discuter des droits de scolarité, et non des seuls prêts et bourses, et refusent de condamner uniquement leur violence.
Une grande manifestation « pour un printemps québécois », regroupant entre autres des étudiants et des opposants au Plan Nord du gouvernement, est prévue dimanche.
Une poignée de manifestants opposés à la réforme du système d’immigration ont par ailleurs fait irruption lors d’une allocution dans un hôtel luxueux de Montréal du ministre canadien de l’Immigration Jason Kenney.
Qualifiant la situation de « bordélique », M. Kenney s’est dit « un peu jaloux » que « Jean Charest attire beaucoup plus de manifestants » que lui.
(AFP)
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé