ESSAI QUÉBÉCOIS

Le PQ est-il coupable du mal du Québec?

La formation politique est accusée d’avoir étouffé l’élan indépendantiste

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La provincialisation des esprits, tous en furent atteint, tous n'en moururent pas

Pour un Québécois nationaliste et indépendantiste, le temps présent n’est pas réjouissant. À Ottawa, l’héritier d’un des grands négateurs du concept de nation québécoise règne en maître adulé, avec l’assentiment d’une majorité de Québécois. Au Québec, un poussif gouvernement libéral multipliant les faux pas et cultivant une allergie à tout discours favorable à l’identité québécoise se maintient en tête des sondages. Le Parti québécois (PQ), en quête d’un nouveau chef inspirant, ne récolte l’adhésion que du quart des électeurs et traîne sa raison d’être comme un boulet. La conjoncture, dans ce camp, est si pénible que même un intellectuel indépendantiste aussi déterminé que Mathieu Bock-Côté en est réduit à suggérer de « sauver les meubles » (L’Actualité, septembre 2016).

Ce n’est pas en lisant Le mal du Québec, de Christian Saint-Germain, que les partisans d’un Québec libre et français trouveront du réconfort. « Il y a quelque chose de pourri au royaume de Menaud maître-draveur », lance d’entrée de jeu le pamphlétaire. Le Québec, écrit-il, est devenu « une société dépossédée de tout idéal, remise à ses comptables, à ses médecins et au reste des âmes damnées qui mènent le monde à sa perte ». Atteint d’une profonde « maladie de la volonté » qui le rend incapable de justifier son existence, devenu étranger à lui-même, c’est-à-dire à la valeur de son exceptionnalité en Amérique, le peuple québécois a troqué sa vieille devise — « Je me souviens » — contre un appel à l’aide de grabataires : « Aidez-nous à mourir. »

Honneur et fragilité

Dans une prose luxuriante et survoltée aux accents prophétiques et nietzschéens, le philosophe, poursuivant sur l’élan de son précédent essai L’avenir du bluff québécois (Liber, 2015), accable le PQ de reproches, l’accusant d’être le principal responsable de cette débandade. L’indépendance nationale, selon lui, qui pense là comme les Bourgault, Falardeau et Ferretti, est une affaire d’« honneur rétabli », de sortie de la dépendance coloniale et « ne saurait être “vendue” à des citoyens “indécis”, comme s’il fallait présenter les avantages comparatifs entre divers modèles de systèmes politiques ».

L’indépendance se justifie, continue Christian Saint-Germain, en parlant d’identité québécoise, voire d’ethnicité, de foi profonde, d’enracinement, de lutte coloniale, de conquête, de patriotes et de fragilité d’un peuple en sursis. Or, au PQ, dans la course actuelle, « ce serait plutôt compost, électrification du transport en commun, garderie à 8 piastres, péréquation, réussite scolaire par réformes successives et changement de barèmes, sans compter la promesse audacieuse d’en finir avec les patates déshydratées dans les CHSLD ».

Le PQ serait devenu un « théâtre d’été », une « comédie de situation », un « forum de palabres tribaux où l’on échange collectivement des excuses, des discours de démission et des boniments de circonstance ». Les grands prédécesseurs des péquistes d’aujourd’hui — les Lévesque, Parizeau, Landry et Bouchard — ne trouvent pas grâce non plus aux yeux du pamphlétaire, qui dénonce « cinquante ans d’argumentaire provincial mené par des politiciens battus d’avance » et habités par la « peur de la rupture ».

Très dur à l’endroit de Pierre Karl Péladeau, cet « esprit confus à la syntaxe boiteuse et à la déclaration approximative », qu’il compare au « Réjean de La petite vie » et dont il se moque du désistement pour des raisons familiales — imagine-t-on de Gaulle, note-t-il, avoir recours à un tel faux-fuyant —, Christian Saint-Germain conclut que « le PQ a toujours préféré l’état stationnaire à l’État sécessionniste », a échoué à faire évoluer « la conscience de soi francophone » et mérite de s’éteindre.
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