L'opulence dans laquelle baigne le Parti libéral du Québec pose de «sérieuses questions» sur la «santé» de notre démocratie, a soutenu Mario Dumont, hier. Son chef, Jean Charest, est d'ailleurs plus proche des «gens riches et célèbres» que des citoyens dans la «misère» qui «ont besoin d'aide», a-t-il pesté. En matinée, à Radio-Canada, il avait déclaré que le PLQ n'était plus «un parti politique, mais une "business" qui pourrait acheter les deux autres partis en face pis continuer à faire campagne sans que ça paraisse dans ses finances».
Plus tard, en conférence de presse devant l'hôpital Sainte-Justine, à Montréal, il a affirmé que «quand un parti est tellement plus riche que ses adversaires et qu'en plus il a des objectifs aussi peu nobles que de souhaiter la moindre participation, ça soulève des questions sur notre démocratie».
Invité par les journalistes à préciser ses propos, M. Dumont a qualifié de «surprenant» la très grande facilité du PLQ à se financer, même au moment où il était impopulaire. «C'est bizarre un petit peu... ces records d'impopularité et ces records de campagne de financement. On n'avait jamais vu ça dans l'histoire des démocraties», a souligné M. Dumont.
Il estime que si la formation politique la mieux organisée sur la scène fédérale, le Parti conservateur, était aussi efficace, il recueillerait «40 quelque millions» dans l'ensemble du Canada alors qu'actuellement, au Québec seulement, le Parti libéral du Québec réussit à amasser des millions ; presque autant, en fait, que le PC. «Si vous faites le ratio avec les partis au fédéral, si vous regardez les miracles de financement même quand ils ont été [dans] les bas-fonds dans la confiance de la population. C'est sûr qu'il y a des éléments qui sont surprenants.»
Preuve de la bonne santé financière du PLQ, celui-ci a effectué des opérations immobilières ces dernières années à Montréal, vendant et achetant des immeubles. Cela demeure impensable pour les partis d'opposition, a noté M. Dumont. L'ADQ a presque effacé sa dette de 2007, et le PQ fait campagne à crédit, traînant déjà une créance de 800 000$ datant d'avant le 5 novembre. En utilisant les épithètes de «bizarre», de «miraculeux» et de «surprenant», qu'est-ce que le chef adéquiste laisse entendre? «Il y a rien de sous-entendu et il y a rien à laisser entendre. J'ai affirmé que les écarts de moyens financiers entre les partis sont impressionnants, c'est tout», a-t-il répondu, semblant nuancer ses propos.
La tournée des beaux banquets
Cet écart serait à l'image du chef, c'est-à-dire «au-dessus» des autres Québécois. «Il ne veut pas se salir les mains dans les dossiers de Sainte-Justine, il est au-dessus de ça. Il fait la tournée des beaux banquets, des chambres de commerce, mais il ne veut pas aller sur le terrain, il veut rester loin des gens.» M. Dumont a toutefois tenu à préciser que l'argent n'achète «pas les votes», «comme la campagne de 2007», où l'ADQ était désargentée alors que les libéraux était «riches», l'avait démontré. «C'est le peuple qui a le pouvoir», a-t-il dit.
Le chef libéral Jean Charest s'est dit indigné de cette attaque, de même que de celle de Pauline Marois qui l'avait en matinée accusé de se déresponsabiliser et de «mentir». Aux yeux du chef libéral, ces attaques «personnelles» et «négatives» engendrent le désintérêt de la population à l'égard de la campagne électorale.
Dans l'entourage du chef libéral, on s'est montré plus incisif, rappelant que des candidats adéquistes s'opposent à la hausse du salaire minimum et que le système de santé «à deux vitesses» préconisé par l'ADQ favorisait les riches. Enfin, on a rappelé qu'en 2007, Mario Dumont n'avait pas participé aux discussions sur le budget avec le premier ministre parce qu'il s'était rendu à Montréal rencontrer de riches bâilleurs de fonds de la communauté juive.
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Avec Robert Dutrisac
Le PLQ n'est plus un parti mais une «business», selon Dumont
Le chef adéquiste accuse aussi Jean Charest de préférer les beaux banquets aux bains de foule
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