Montréal — Le Nouveau mouvement pour le Québec (NMQ) a déjà fait bouger l’échiquier politique, s’est félicité son initiateur Jocelyn Desjardins, lors du discours ouvrant la première assemblée de ce «mouvement citoyen», au Cégep de Saint-Laurent à Montréal.
Devant quelque 400 citoyens, dont les trois députés péquistes démissionnaires, il a soutenu que la publication de son manifeste «Brisons l'impasse» et l’annonce de la tenue de cette assemblée avaient déjà contraint les autres forces politiques à se rapprocher des citoyens. Il les a notamment fait sortir des «salons cossus d’Outremont», a-t-il dit en référence à l’ex-ministre François Legault, dont la Coalition pour l’avenir du Québec (CAQ) entamera une consultation panquébécoise prochainement.
M. Desjardins a d’ailleurs réservé ses flèches les plus acérées à M. Legault qu’il a qualifié d’«éteigneur de rêve». C’est lorsqu’il a pris connaissance d’un sondage qui indiquant la forte popularité de M. Legault que M. Desjardins a décidé de lancer son mouvement, a-t-il raconté. Cette décision a d’ailleurs déjà eu une conséquence bien concrète dans sa vie puisqu’il a perdu vendredi son emploi comme directeur des communications et du marketing pour le Conseil québécois du commerce de détail. M. Desjardins s’est félicité du nombre de participants à l’assemblée, rappelant qu’un observateur avait prévu qu’il ne serait qu’une «une trentaine avec une ceinture fléchée et une pipe». «Nous sommes un mouvement citoyen, nous ne pouvons pas diviser les votes», a-t-il soutenu, condamnant au passage la gouvernance souverainiste de Pauline Marois, mais surtout la «chape de plomb» des partis politique. «C’est l’heure de la messe», a-t-il ironisé, mais cette assemblée se fera sans «liturgie de la parole» et «sans génuflexion à des chefs».
États généraux et assemblée constituante
Avant le début des échanges, plusieurs figures connues du mouvement souverainiste qui se sont pointées au Cégep de Saint-Laurent avaient confié, lors de points de presse impromptus, que l’assemblée du NMQ était une sorte de prélude à des états généraux du mouvement souverainiste, ou du moins à des assemblées constituantes que plusieurs appellent de leurs voeux.
Le secrétaire du club politique SPQ-libre, Pierre Dubuc, a soutenu que de tels états généraux sont «la seule façon de réduire la division qui existe aujourd'hui entre différents regroupements». Le député indépendant de Borduas, Pierre Curzi, a aussi qualifié l’idée d’«intéressante», en rappelant que, sur un autre registre, il prônait la tenue «d’assemblées constituantes» en Montérégie notamment. Toujours membre du PQ et de l’exécutif de Marguerite D’Youville (malgré l’éviction du SPQ-libre), Pierre Dubuc a dit croire que Pauline Marois elle-même devrait convoquer ces états généraux.
Ce n’est pas la position de la députée de Crémazie Lisette Lapointe: «Il ne faut pas que ce soit un parti politique qui en prenne le contrôle. C’est l’ensemble de la population qui doit être là. Ça ne doit pas se retrouver dans les mains d’un seul parti politique. Ça, ce serait de la récupération.» Même si les deux députés démissionnaires estiment que le NMQ ne doit pas nécessairement se transformer en parti politique, Lisette Lapointe a évoqué la possibilité qu’au moment des élections, les souverainistes se regroupent «sous un parapluie souverainiste quand ça va être le temps. En ce moment, on n’est pas en élection».
Élection référendaire
Toute la matinée, les intervenants au micro se sont succédé pour faire des interventions de deux minutes. Un des premiers, le militant péquiste Jean-Louis Pérez, a suscité la réprobation de plusieurs dans la salle en défendant Pauline Marois et son projet de «gouvernance souverainiste» adopté «massivement» par les militants péquistes lors du congrès d’avril.
L’idée reprise le plus souvent était celle du retour à «l’élection référendaire». François Saint-Louis, du Mouvement souveraineté Québec, a notamment repris cette position que le Parti québécois a abandonnée en 1974. Bien qu’il n’ait pas pris la parole en matinée, le député démissionnaire de Nicolet-Yamaska, Jean-Martin Aussant, a confié cet été que le retour à cette voie d’accès à l’indépendance ne doit pas être écarté. L’ancien député de la circonscription de L’Assomption, Jean-Claude Saint-André, en brouille avec le PQ depuis son éviction comme candidat en 2008, a rappelé, en marge de l’assemblée, qu’il croyait lui aussi que c’était la voie à suivre.
Plusieurs «citoyens» au micro ont souligné leur affiliation à des mouvements existants. Au moins deux personnes ont revendiqué leur appartenance au Réseau de résistance du Québécois. L’ex-felquiste Pierre Schneider, après avoir rappelé ses années au Rassemblement pour l’indépendance nationale des années 1960, a lancé un «appel pacifique à la subversion» et a incité à «renverser l’ordre établi» et débarrasser le Québec de «la monarchie constitutionnelle» actuelle.
Un autre ancien député péquiste était présent: Jean-Guy Mercier, qui a représenté la circonscription de Berthier de 1976 à 1981. À ses yeux, depuis 1995, le Parti québécois a sombré dans «l’insignifiance». M. Mercier dit avoir été évincé du PQ en 1981 parce qu’il avait été étiqueté «de droite» en raison de ses discours contre les groupes sociaux de gauche. Il soutient que le PQ doit accueillir la droite conservatrice du mouvement souverainiste. Toujours souverainiste, M. Mercier a toutefois tenté sa chance au fédéral en 2000 sous la bannière de l’Alliance canadienne, et en 2004 sous celle du Parti conservateur.
En après-midi, l’humoriste membre des Zapartistes et animateur François Parenteau animera des échanges sur le thème des institutions démocratiques et, notamment, la réforme du mode de scrutin.
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