Le Parti québécois a mis de côté la stratégie de l’empressement référendaire avec l’élection de Jean-François Lisée. Place à d’autres priorités.
Promettre une absence de référendum dans un premier mandat. Et remporter l’élection. Qui aurait cru les militants du PQ aussi conciliants eu égard à l’interprétation attentiste que fait Jean-François Lisée de l’article 1 du programme de la formation souverainiste ?
Il y a un an et demi à peine, le PQ se donnait un chef, Pierre Karl Péladeau, qui conjuguait l’accession du Québec à la souveraineté au mode de l’urgence présente. Ceux qui, comme Bernard Drainville, avaient suggéré de reporter le troisième rendez-vous des Québécois avec l’Histoire, s’étaient attiré des railleries au sein de leur propre formation.
Les militants du PQ n’ont rien perdu de leur capacité de surprendre. Avec l’élection de Jean-François Lisée, ils vivent leur « moment lucidité », car il aurait été franchement irresponsable de précipiter le Québec dans un troisième référendum aux chances de succès plus qu’incertaines. Comme le rappelait Lucien Bouchard la semaine dernière, il n’y a aucune honte pour des indépendantistes à gouverner une province. « Il échappe à mon entendement qu’on puisse ainsi minimiser le rôle crucial joué par notre gouvernement dans la survie et le développement de notre peuple. Je n’arrive pas à voir un avantage quelconque à rabaisser la dignité des élus québécois et de notre État », a-t-il dit lors d’un colloque de la Fondation René-Lévesque. Une sage mise en garde d’un homme d’État qui a bien mérité de la patrie.
Les caribous déçus trouveront probablement refuge au sein de Québec solidaire et d’Option nationale, deux formations qui ont mis quelques heures à rejeter toute possibilité de présenter un candidat progressiste commun pour l’élection partielle dans Verdun. L’épisode, en apparence anecdotique, est révélateur des défis qui attendent le nouveau chef du PQ. M. Lisée devra faire l’unité au sein d’une famille franchement dysfonctionnelle et éparpillée. Ceux qui s’activent à l’aile gauche du mouvement souverainiste espèrent-ils secrètement la mort de l’aîné pour se séparer l’héritage ? Il sera trop tard pour la réconciliation si les libéraux de Philippe Couillard profitent de la division du vote pour obtenir un deuxième mandat en 2018.
L’approche pragmatique de Jean-François Lisée, et son engagement clair à ne pas tenir de référendum avant 2022, au mieux, produit déjà des résultats. Les libéraux ne pourront plus brandir aussi facilement l’épouvantail du référendum pour attiser les passions. Qu’à cela ne tienne ! Le premier ministre Couillard a trouvé dans les positions de Jean-François Lisée sur la laïcité un nouvel épouvantail terrorisant. Voilà maintenant que M. Lisée serait un proche parent de l’extrême droite européenne. Et que dire du premier ministre français, Manuel Valls, qui perçoit le voile, le burkini et la burqa comme des instruments politiques ? M. Couillard le classera-t-il aussi au rayon des extrémistes ?
Le Devoir a exprimé, sous la plume d’Antoine Robitaille, tout le mal qu’il pensait de cette « diabolisation outrancière » du nouveau chef du PQ. Loin de s’excuser, le premier ministre a maintenu ses propos. Des propos repris bêtement par des ténors du caucus libéral. La campagne électorale de 2018 promet d’être sale.
Les positions évolutives de M. Lisée en matière de laïcité incitent cependant à la prudence. Lucien Bouchard, encore lui, rappelait que René Lévesque et Jacques Parizeau auraient été troublés par les débats sur l’identité au sein du PQ. Ils y occupent en effet une place disproportionnée.
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LE PQ À L’ÈRE LISÉE
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