L'actuelle locataire de Rideau Hall, Michaëlle Jean, tirera bientôt sa révérence. Déjà les conjectures vont bon train quant au nom du prochain gouverneur général. Suivant la règle de l'alternance, il s'agira d'un anglophone d'une province autre que le Québec. Cette personne sera-t-elle bilingue? Maîtrisera-t-elle aussi bien le français que Mme Jean maîtrise l'anglais? C'est le moment de soulever la question.
Pouvoir communiquer avec ses «sujets» dans les deux langues officielles est une obligation pour le titulaire de ce poste. C'est une partie intrinsèque d'une fonction dont le rôle est avant tout d'être un symbole incarnant la Constitution et les valeurs du pays. Cette obligation n'est pas inscrite dans la Constitution, mais les nominations d'Adrienne Clarkson et de Michaëlle Jean, choisies par les premiers ministres Chrétien et Martin pour, entre autres qualités, leur capacité à communiquer dans l'une et l'autre des deux langues officielles, ont valeur de précédents. On ne peut en faire fi, même si certains le voudraient bien.
Plusieurs journaux du Canada anglais se sont mis à jouer les chasseurs de têtes depuis que Mme Jean a indiqué que son mandat ne serait pas renouvelé. On recherche des personnalités dont le parcours personnel inspirant peut servir de modèle aux Canadiens. On cherche surtout dans la société civile car, pour ce poste, les politiciens n'ont plus la faveur. Or presque tous les noms évoqués sont de parfaits unilingues. Est-ce dire que ces chasseurs de têtes ne sont pas du tout préoccupés par la connaissance du français des candidats? Ou est-ce devenu impossible de trouver dans le reste du Canada des personnalités qui ont au cours de leur vie valorisé l'apprentissage du français comme langue seconde?
On aime croire parfois au Québec que cette fonction de gouverneur général est sans importance. Pour autant, il ne faut pas minimiser cette question des exigences linguistiques pour ce poste. Pour les Québécois et pour tous les francophones du Canada, pouvoir recevoir les messages du gouverneur général dans leur langue, et ce, de façon claire et compréhensible, est plus qu'une simple question de principe. C'est affaire de respect envers l'un des deux peuples fondateurs du Canada.
Le premier ministre Stephen Harper doit suivre la voie tracée par ses deux prédécesseurs. Il serait d'ailleurs difficile d'imaginer qu'il ne le fasse pas. Lui-même a établi cette maîtrise des deux langues officielles comme un standard pour le poste de chef du gouvernement. Ce qui vaut pour le premier ministre devrait valoir tout autant, sinon plus, pour le chef de l'État.
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