Pour Quebecor, «les problèmes de la concentration de la presse et les dangers afférents pour la démocratie n'existent simplement plus». Mais pour bon nombre de journalistes, la concentration de la presse et la «diversité des voix» sont des enjeux majeurs sur lesquels il y aurait urgence de se pencher.
Le CRTC tient justement, le 17 septembre à Gatineau, une audience publique sur la diversité des voix, «pour revoir sa façon d'aborder la concentration de la propriété», écrit-il.
De nombreux organismes lui ont soumis des opinions en prévision de cette audience, et les mémoires consultés par Le Devoir laissent entrevoir un fossé entre les patrons des entreprises médiatiques et les artisans de ces mêmes entreprises.
Ainsi, Quebecor voudra convaincre le CRTC que la diversité des voix «n'est plus menacée» par la consolidation et la concentration des entreprises, alors qu'Internet permet maintenant de multiplier les points de vue en information. «Le vrai danger, fait valoir Quebecor, ce sont les restrictions périmées de la politique du Conseil» (le CRTC).
Quebecor ne voit pas de problème particulier à ce qu'un propriétaire possède plus d'une station, des chaînes spécialisées et «d'autres médias» puisque, dans un tel cas, ce propriétaire aurait alors tendance à «privilégier plusieurs niches en offrant une programmation différente sur chaque média», ce qui permettrait d'assurer la diversité des voix.
Mais le Syndicat des travailleurs de l'information du Journal de Montréal, lui, viendra rappeler la couverture excessive du Journal de Montréal de Star Académie ainsi que les textes publiés dans leur journal de journalistes de TVA pour tenter de convaincre le CRTC que leur patron «n'obtient pas la note de passage sous l'angle de la diversité de l'information».
Ce ne sont toutefois pas seulement les journalistes de Quebecor qui viendront expliquer leurs inquiétudes à la mi-septembre. Le Regroupement des syndicats de Gesca s'en prend surtout à la montréalisation de l'information, faisant valoir qu'en centralisant «toutes les initiatives» du groupe à Montréal et à La Presse, on «prive les directions des six autres quotidiens de l'autonomie nécessaire pour conserver et développer leur crédibilité et leur leadership dans leur région respective».
Chez Gesca, les syndicats s'inquiètent aussi du «virage multiplateforme» entrepris par la direction, alors que l'employeur négocie actuellement pour décloisonner les salles de rédaction de La Presse et de Cyberpresse en faisant affaire avec des journalistes pigistes sous-payés.
Différents syndicats ainsi que la Fédération professionnelle des journalistes du Québec pressent le CRTC de mieux surveiller les niveaux de concentration des médias. Certains voudraient que le CRTC fixe, par règlement, des seuils minimaux de parts de marché à ne pas dépasser dans un même marché. On demande aussi d'interdire la propriété croisée (le fait de posséder dans un même marché une station de radio, une chaîne de télé et un journal).
L'information locale sera également un sujet fort discuté lors de ces audiences. Le ministère québécois de la Culture et des Communications propose d'ailleurs au CRTC d'introduire des obligations réglementaires en matière d'information locale pour contrer la «montréalisation des ondes». Le ministère propose aussi que le CRTC crée un fonds de soutien à la production d'information locale, au bénéfice des entreprises commerciales et communautaires.
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