Inquiet des conséquences d’un déversement qui serait provoqué par un pétrolier dans le riche écosystème du lac Saint-Pierre, le Conseil des Canadiens vient de porter officiellement plainte à l’UNESCO, qui a reconnu le plan d’eau désigné comme réserve mondiale de la biosphère.
« Nous vous prions d’intervenir pour demander à Suncor de cesser le transport de brut lourd par navire afin de protéger la Réserve mondiale de la biosphère du lac Saint-Pierre. Nous exhortons les autorités du Canada et du Québec à procéder à une évaluation environnementale exhaustive et à tenir une consultation auprès de la population », écrit l’organisme citoyen dans la lettre envoyée à l’organe onusien.
Le Conseil des Canadiens dénonce ainsi le « précédent » créé par la décision de laisser des pétroliers de 250 mètres de longueur venir charger du pétrole des sables bitumineux à Sorel-Tracy, pour ensuite l’exporter. Il s’agit effectivement d’une première dans l’histoire du Québec. Selon les estimations de Suncor, une trentaine de ces navires remplis de brut pourraient ainsi traverser chaque année le lac Saint-Pierre.
Or, ce lac de 32 kilomètres de longueur sur 14 kilomètres de largeur a été désigné Réserve mondiale de la biosphère par les Nations unies en l’an 2000. Plus de 90 % du territoire du lac est toujours à l’état naturel et plusieurs secteurs sont protégés. Il regroupe plus de 20 % de tous les marais du Saint-Laurent. Il a d’ailleurs reçu en 1998 la désignation de site RAMSAR en vertu de la Convention relative aux zones humides d’importance internationale.
La faune de la région est particulièrement riche. Pas moins de 800 000 oiseaux migrateurs s’y arrêtent chaque printemps. Un total de 288 espèces d’oiseaux y est observé, ainsi que 80 espèces de poissons. La flore est elle aussi très diversifiée et comprend notamment 27 espèces de plantes rares.
Le Conseil des Canadiens se demande donc pourquoi les autorités ont donné le feu vert à Suncor sans mener la moindre étude d’impacts ou consultation. « Transports Canada et le gouvernement du Québec ont donné leur aval sans consulter la population et sans obtenir le consentement préalable, libre et éclairé des communautés autochtones », rappelle d’ailleurs la missive adressée à Han Qunli, directeur de la Division des sciences écologiques et de la terre de l’UNESCO.
Aucune municipalité riveraine du Saint-Laurent ne possède de plan d’urgence en cas de marée noire, notamment en ce qui a trait à la gestion de son approvisionnement en eau potable. Le gouvernement fédéral permet aux pétrolières de se doter d’une capacité d’intervention limitée à 10 000 tonnes de pétrole. Or, les pétroliers qui circulent désormais sur le fleuve, mais aussi le lac Saint-Pierre, transportent de 7 à 20 fois plus de brut.
PÉTROLE SUR LE SAINT-LAURENT
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