Le chef du Parti québécois, André Boisclair, a été forcé de jeter du lest. Le congrès national, qu'il voulait pour 2009, sera devancé à septembre 2008, un geste jugé cependant insuffisant par certains péquistes.
«Septembre 2008, c'est encore bien loin. Les chances sont bonnes qu'il y ait eu des élections d'ici là», déplore Roger Paquin. L'ancien député péquiste de Saint-Jean a tenté, la semaine dernière, de convaincre l'exécutif de cette circonscription de demander le départ immédiat d'André Boisclair.
Les membres de l'exécutif n'ayant pu se départager, le président de l'association a dû voter pour empêcher que les putschistes ne l'emportent.
«André Boisclair est quelqu'un de très bien, mais il n'a pas la stature pour être le chef du PQ», résume l'ex-député Paquin qui, il y a 20 ans, à titre de président régional, avait été la bougie d'allumage de la campagne contre Pierre Marc Johnson chez les militants péquistes. Le mouvement de grogne contre Boisclair s'étendra aux circonscriptions de Lanaudière cette semaine, prédit-on au PQ.
Chez les députés qui réclamaient lors du caucus que l'on vide dès cet automne la question du leadership, bien peu de réactions officielles hier. «On devra poursuivre les discussions à l'interne», s'est contenté de dire l'un d'eux.
La Presse révélait hier que le tiers du caucus péquiste, dont les influents Louise Harel, François Legault, Camil Bouchard et François Gendron, avaient soutenu vendredi que «la question de la légitimité du leadership se posait» et que l'abcès devait être crevé rapidement, dès l'automne 2007.
Les jeunes du PQ voulaient un congrès - qui soumet le leadership du parti à un vote de confiance - dès l'automne prochain ou au plus tard au printemps 2008.
Leur président, Mathieu Jeanneau, s'est dit tout de même satisfait de la décision adoptée hier. «C'est la proposition qui a fait consensus, on devance l'échéancier de 2009, et c'est M. Boisclair qui l'a proposé», a-t-il résumé. Selon lui, les 17 mois précédant le congrès permettront aux membres de réfléchir et de discuter.
Appel à la discipline
Les fuites dans La Presse de samedi sur le mécontentement d'une douzaine des 36 députés ont trouvé écho au conseil du PQ hier, a indiqué M. Jeanneau : «Il y a eu un appel à la discipline qui nécessite la participation des députés tout autant que des militants.»
Après trois heures de discussion à la permanence de la rue Papineau, les membres de l'exécutif du PQ ont décidé hier qu'un congrès national se tiendrait en septembre 2008. Le lancement de ce long processus - 300 jours, selon les statuts du parti - se fera lors d'un conseil national, en octobre prochain. À ce moment-là, André Boisclair mettra sur la table sa proposition pour réorienter le Parti québécois, un document qui devra être discuté dans les circonscriptions et les régions dans les semaines et les mois suivants.
Le 26 mai prochain se tiendra à Boucherville une «conférence des présidents», qui pourrait réclamer un congrès spécial dès l'automne si les deux tiers des membres en décidaient ainsi. On y annoncera aussi les objectifs de la prochaine campagne de financement - le PQ sort considérablement endetté de la dernière campagne.
Une analyse de fond
«Le résultat du 26 mars dernier nous interpelle tout particulièrement. Plusieurs leçons doivent être tirées de ce résultat, et c'est pourquoi nous avons entrepris une analyse de fond que nous allons mener avec rigueur et réalisme», affirme l'exécutif péquiste dans un communiqué rendu public après sa réunion.
«Nous appuyons André Boisclair et avons besoin de lui pour mener cette démarche et en assurer sa réussite. À l'occasion de la dernière campagne électorale, André Boisclair a dirigé une excellente campagne et nous sommes convaincus qu'il a beaucoup à offrir à notre parti et au Québec», ajoute-t-on.
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