Deux chapitres du rapport de la vérificatrice générale présenté mercredi à l’Assemblée nationale révèlent que le cafouillage dans le domaine informatique n’a pas diminué à plusieurs égards. Le rapport s’est notamment intéressé à certains employés en informatique dans le réseau de la santé.
Il révèle que le Centre universitaire de santé de McGill (CUSM) continue de faire affaire avec un réseau parallèle d’analystes et de techniciens informatiques qu’il paie plus cher malgré le fait que le ministère de la Santé lui ait demandé de mettre fin à cette pratique.
Ces employés font partie de l’organisme Syscor créé en 1982 par l’Hôpital Royal Victoria et l’Hôpital général de Montréal pour l’exploitation de systèmes informatiques. L’organisme est aujourd’hui contrôlé par le CUSM. Les employés du Syscor y travaillent, mais on les retrouve aussi au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’île-de-Montréal, notamment. En tant qu’entité externe, Syscor n’est pas obligé d’offrir les mêmes conditions de travail qu’un établissement de santé.Ainsi, même si leurs honoraires sont payés à 99% par les fonds publics, ces employés sont payés plus cher que ceux du réseau de la Santé, une situation que la vérificatrice générale a qualifiée de «préoccupante».
Par exemple, un directeur des ressources informationnelles du réseau gagne environ 162 000$ alors que de Syscor fait 241 000$. Un analyste en informatique du réseau touche de son côté un salaire d’environ 77 000$ et celui de Syscor, 104 000$. Le régime de retraite des employés du gouvernement est toutefois plus généreux.En décembre 2015, le ministère de la Santé avait exhorté le CUSM de cesser d’utiliser les services de Syscor.
Or à partir de janvier et février 2016, le CUSM a intégré 58 employés Syscor à son réseau, afin de ne pas perdre une certaine expertise. Mais il a réalisé ce processus sans passer par un affichage de poste.Des employés n’ont pas eu à postuler et leur échelon salarial a été déterminé en fonction du salaire qu’ils gagnaient chez Syscor. Ils ont donc tous conservé leur salaire plus élevé, en plus de profiter maintenant d’un meilleur régime de retraite. Le rapport s’inquiète notamment du fait que certains employés intégrés au CUSM n’ont pas la scolarité requise pour effectuer leur nouveau poste.
La vérificatrice générale s’interroge sur le caractère «acceptable et surtout équitable» de ces façons de faire.Richard Fahey aux communications du CUSM a réagi au rapport de la vérificatrice en insistant sur le fait que Syscor existe depuis 35 ans et que cette situation était au vu et su de tous.
Le CUSM remet aussi en question l’analyse de la vérificatrice quant à l’impact économique de l’intégration des employés. M. Fahey ajoute que le légalement, ils étaient tenus d’offrir les mêmes conditions aux employés transférés. «On devait maintenir le contrat d’emploi qui existait dans Syscor sans affichage parce que ces employés étaient perçus comme des employés du CUSM», dit-il.La vérificatrice rétorque que cet argumentaire met en lumière l’incohérence de la situation. D’un côté, Syscor ne fait pas partie du CUSM ce qui leur permet d’accorder des conditions de travail différentes, mais d’un autre côté, le CUSM motive le maintien des conditions lors du transfert en affirmant que ces employés font partie de l’organisation.
La vérificatrice a voulu savoir si ce genre de relation avec des organismes ou firmes externes d’informatique existait au sein d’autres structures gouvernementales et demandé au Conseil du Trésor de lui faire part d’un portrait général. On lui a répondu que le Conseil n’avait aucun inventaire des organismes informatique avec qui le gouvernement faisait affaire, ni les coûts associés à cette pratique. Le rapport recommande donc au Conseil de remédier à cette situation.Vulnérabilité dans la gouvernance
Par ailleurs, le rapport souligne que deux-tiers des ministères doutent que leurs investissements en technologies de l’information atteignent leurs objectifs.Ce constat est tiré du rapport de la vérificatrice générale. Le document présente les éléments où les gestionnaires des technologies de l’information identifient des vulnérabilités dans leur gouvernance.
Selon le rapport, 35 pour cent des ministères estiment qu’ils sont satisfaits de la valeur apportée par les technologies de l’information par rapport à leurs coûts et que les investissements réalisés sont ceux qui sont planifiés.Les deux-tiers jugent que la livraison de ces bénéfices n’est jamais, très rarement ou rarement atteint.
Les résultats, obtenus grâce à des questionnaires complétés par les responsables des technologies de l’information, sont meilleurs du côté des organismes gouvernementaux et des entreprises du gouvernement, visés également par les travaux de vérification.
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