La revanche de Martine Ouellet

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Michel David a dix ans de retard: il évoque encore une entente avec QS...


Lorsque Martine Ouellet a quitté le PQ pour prendre la direction du Bloc québécois, ses collègues du caucus péquiste y ont vu un bon débarras. On la voyait comme une espèce d’obsédée totalement dépourvue de sens politique. Aucun d’entre eux ne l’avait appuyée lors de ses deux tentatives de devenir cheffe et ils étaient offusqués de s’entendre qualifier de « provincialistes ».


Maintenant que leur parti a subi la pire défaite de son histoire, les militants péquistes réunis en congrès extraordinaire à Trois-Rivières lui ont donné raison. Dorénavant, le PQ « se concentrera sur la fondation d’un pays, non pas sur la gestion ordinaire d’une province ». C’est en quelque sorte la revanche de la paria d’hier.


Mme Ouellet était cependant conséquente avec elle-même. Si on ne voulait pas gérer une province, il fallait nécessairement quitter le Canada au plus vite, donc tenir un référendum dans un premier mandat. En élisant Jean-François Lisée, les membres du PQ ont plutôt décidé de le reporter à un hypothétique deuxième mandat.


Certains auraient voulu que le PQ tire dès maintenant la seule conclusion logique de son recentrage sur l’indépendance. En atelier, un délégué de Montréal-Ville-Marie a proposé l’amendement suivant : « Par conséquent, notre parti proposera lors de chaque scrutin une voie d’accession à l’indépendance dans un premier mandat ». Un membre de la commission politique a immédiatement objecté qu’il fallait s’en tenir à une affirmation de principe, sans s’égarer dans la stratégie.


Sinon, « la population va se sentir brusquée », a-t-il expliqué. C’est précisément pour éviter de brusquer les électeurs que le PQ s’est employé depuis plus de vingt ans à réunir les « conditions gagnantes », se contentant de proposer une « gouvernance souverainiste ». La grande majorité des participants à l’atelier se sont rangés à son avis.


En assemblée plénière, les délégués ont choisi une voie d’évitement. Plutôt que de proposer une « voie d’accession à l’indépendance dans un premier mandat », il a été résolu de « prendre chacune de nos décisions de façon à nous rapprocher de ce but ultime » et de chercher à « rassembler tous les indépendantistes ».


Le chef intérimaire, Pascal Bérubé, a plaidé que le congrès était simplement « l’étape du quoi », mais ce n’est que partie remise. Il est clair que le PQ ne pourra pas se présenter devant l’électorat sans dire clairement s’il consultera à nouveau les Québécois sur leur avenir politique au cours d’un premier mandat.


Encore une fois, cette question devra être tranchée à l’occasion de la course à la chefferie. Un des candidats potentiels, l’historien Frédéric Bastien, qui mise sur « l’obligation de négocier » établie par la Cour suprême pour forcer Ottawa à rouvrir les négociations constitutionnelles et démontrer ainsi le blocage du fédéralisme, propose à son tour de reporter la tenue d’un référendum à un deuxième mandat. S’il se lance dans la course, ses adversaires vont devoir prendre position, qu’ils le veuillent ou non. Pour l’heure, on ne se bouscule pas au portillon. Qui sait, peut-être que Martine…


Le nouveau héros de la famille souverainiste, Yves-François Blanchet, a effectué une visite-surprise au congrès, accompagné d’une demi-douzaine de députés du Bloc québécois parmi les 32 qui ont été élus le 21 octobre dernier. Il a envoyé un message d’espoir : si le Bloc a pu renaître de ses cendres aussi rapidement, le PQ peut d’autant mieux le faire qu’il dispose de beaucoup plus de temps d’ici la prochaine élection québécoise.


Le succès du Bloc, que plusieurs donnaient pour mort, est assurément remarquable, mais il résulte en grande partie de sa discrétion sur l’indépendance durant toute la campagne. M. Blanchet peut toujours essayer de se convaincre que son alignement sur les positions de François Legault est une invention des médias, personne n’est dupe. Pour l’heure, c’est le « nationalisme décomplexé » de la CAQ qui a la cote.


L’autre manifestation de résurrection qu’on se plaît à donner en exemple est celle du Parti conservateur, qui avait fait élire seulement 2 députés en 1993 avant de reprendre le pouvoir en 2006. On oublie cependant de dire que cela n’a été rendu possible que par la fusion de l’ancien Parti progressiste-conservateur et du Reform Party. Rien ne laisse entrevoir une réconciliation entre le PQ et QS, bien au contraire.


En fin de semaine, le nouveau président du PQ, Dieudonné Ella Oyono, a encore parlé de son parti comme du « navire amiral » du mouvement indépendantiste. Cette prétention à l’hégémonie, difficilement justifiable dans l’état actuel des choses, n’est pas de nature à faciliter un rapprochement.









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