Le panégyrique de Philippe Couillard

La Presse sacrifie le peu de crédibilité qui lui restait

Déchéance d’une grande institution

7927db92e511e7a64f363162c1ccee99

{{Quelle déchéance pour une institution autrefois si prestigieuse ! Quelle ignominie pour les journalistes qui y oeuvrent ! }}

Un dicton populaire dont on attribue la paternité à l’ancien premier ministre Daniel Johnson père veut que la comparaison soit la meilleure source de consolation. Manifestement, ce qui a pu se révéler vrai dans son cas ne s’est pas confirmé dans le cas de La Presse de samedi dernier.

Les différences avec les autres quotidiens étaient frappantes et n’étaient franchement pas à son avantage.

J’ai l’habitude de déposer les quotidiens du jour l’un à côté de l’autre sur une grande table pour observer les différences dans leur traitement de l’information. La « une » est toujours très révélatrice.

Samedi, le Journal de Montréal et Le Devoir traitaient tous deux des motifs de la perquisition de l’UPAC chez l’ancien ministre et organisateur Libéral Marc-Yvan Côté et des affidavits des policiers au soutien des accusations de fraude envers le gouvernement, de souscription illégale à une caisse électorale, de trafic d’influence, de fraude et de complot portées contre lui en vertu des articles 121, 121(2), 380, et 465 du Code criminel pour du financement illégal en échange de contrats.

Ces accusations sont très graves, et impliquent certains anciens députés et ministres Libéraux de même que le Parti Libéral du Québec lui-même. La décision du Journal de Montréal et du Devoir de traiter de ce sujet en première page se justifiait largement. Ce qui surprend, et détonne même, c’est que La Presse n’en ait pas fait autant.

En fait, La Presse avait repoussé cet article loin dans les dernières pages de son premier cahier, où la nouvelle passait complètement inaperçue. Même Radio-Canada, dont on connaît pourtant bien la mission de défense de l’unité canadienne qui l’amène à privilégier systématiquement les partis fédéralistes ou ceux qui peuvent saper les chances du PQ d’accéder au pouvoir, avait réservé une place de choix à cette information dans ses bulletins de nouvelle de fin de journée vendredi.

En lieu et place d’une information digne de ce nom vu l’importance de la nouvelle sur les accusations portées contre Marc-Yvan Côté, La Presse nous gratifiait samedi sur plusieurs pages d’un panégyrique de Philippe Couillard, soudainement paré, du seul fait de son élection, de toutes les qualités et de toutes les vertus, alors qu’elle s’était appliquée depuis quelques années, sous la plume souvent vitriolique de ses éditorialistes et chroniqueurs André Pratte, Alain Dubuc, Vincent Marissal et Lysiane Gagnon, à nous convaincre du contraire.

On notera d’ailleurs qu’aucun d’entre eux ne s’est joint au dithyrambe en l’honneur du nouveau héros. On aimerait croire à un sursaut de dignité de leur part, mais leurs habitudes cauteleuses nous amènent plutôt à attribuer leur abstention à la crainte du ridicule s’il avait fallu qu’ils prêtent leur voix au concert de louanges sur Couillard, compte tenu de tout le mal qu’ils en avaient dit dans le passé, et que Vigile s’est appliqué à répertorier systématiquement.

Alors, comment expliquer le comportement de La Presse ? Comment justifier ce photo-reportage digne d'un magazine people ou d'une feuille de chou style « Échos-Vedettes » dans cette Presse qui se targuait autrefois d'être « le plus grand quotidien français d''Amérique » ?

Une seule explication possible : les intérêts de l’Empire Desmarais, dont le succès des affaires est étroitement lié à la présence à Québec d’un gouvernement favorable, que ce soit pour l’exploitation de la filière gaz et pétrole, de la privatisation éventuelle d’Hydro-Québec, ou du soutien actif et complaisant de la Caisse de dépôt, comme j’ai eu l’occasion de le démontrer dans mon ouvrage intitulé « Desmarais : La Dépossession tranquille », paru il y a deux ans, et dans celui qui vient tout juste de paraître, « Henri-Paul Rousseau, le siphonneur de la Caisse de dépôt ».

Toute grande institution soit-elle, La Presse est d’abord et avant tout au service des intérêts de l’Empire Desmarais, quelles que soient les conséquences que cela puisse avoir sur sa crédibilité comme organe de presse, et sur celle des journalistes qui y oeuvrent. Quelle déchéance pour une institution autrefois si prestigieuse ! Quelle ignominie pour les journalistes qui y oeuvrent !


Laissez un commentaire



9 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    22 avril 2014

    Tout l'Occident vit présentement dans une narrative des médias mainstream destinée à maintenir un statu quo politique, social et économique.
    On a mis en évidence le réalisme des jeunes familles québécoises de souche qui n'ont pas tellement voté PQ à la dernière élection.
    Alors que l'on considère dans beaucoup de médias-Système que c'est d'être réaliste de ne plus croire à la souveraineté du Québec et que les jeunes familles québécoises sont plus réalistes que les générations qui les ont précedées, on pourrait constater par contre que certaines histoires pas très crédibles par ces mêmes médias-Système obtiennent pourtant la reconnaissance de ces "réalistes" comme étant la vérité absolue.
    Tout ça pour dire que le nouveau "réalisme" n'est pas absolu et objectif mais plutôt totalement subjectif et adapté.
    Le nouveau réalisme sert simplement à protéger à tout prix une situation personnelle que l'on considère enviable et satisfaisante.
    Devant une telle évolution de la société québécoise, évolution, il faut le dire, qui touche tout l'Occident, il est à se demander si ceux qui au cours des siècles, de Nostradamus à Malachie, avaient prévu la fin des temps pour notre époque, n'avaient pas raison.

  • Fernand Lachaine Répondre

    16 avril 2014

    Comme monsieur Bernier je n'achète plus La Presse depuis le référendum de 95 et je me sens très bien depuis ce temps et bien informé à part cela. Internet c'est formidable.
    La Presse: Pouahhh.
    Depuis le 7 avril je me sens très mal à l'aise avec les journaux, tv etc. Les journalistes-mercenaires du PLQ et les Desmarais n'ont plus de crédibilité à mes yeux.
    Il est primordial que nous ayons au plus sacrant des moyens de réplique. On s'est fait avoir par le contrôle des informations. Nous avons à corriger ça car je trouve que nous sommes en danger parce que nous ne pouvons pas répliquer ou rétablir les faits. Les fédés nous ont fait la barbe pas à peu près et c'est inacceptable. Les radio-poubelles à Québec sont un bel exemple du travail à faire coté communications de l'information.

  • Fernand Lachaine Répondre

    16 avril 2014

    Devant les journalistes-mercenaires du PLQ, madame Marois a fait ses adieux de façon digne et très émotionnée.
    En 18 mois elle a fait plus que Charest durant 9 ans.
    Nous retournons à la corruption.
    On vient juste de savoir que les contribuables vont payer pour le procès du terroriste anglophone Richard Baine qui voulait tuer madame Marois. Mon œil qu'il va rembourser tel qu'ordonné par le juge post-it

  • Archives de Vigile Répondre

    15 avril 2014

    Moi, je l'appelle le torchon fédéraliste...

  • Marcel Bernier Répondre

    15 avril 2014

    Pour contrer ces faux panégyriques, il aurait lieu que s'établisse sur Vigile une rubrique consacrée à l'Ordre des imbéciles heureux, en prolongement de l'œuvre que Pierre Vadeboncoeur avait inauguré sur nos politiciens québécois, dans son ouvrage Les grands imbéciles, et qui donnerait un portrait nuancé concernant la veulerie, la démagogie et les compromissions de ceux et celles qui trahissent leur patrie, leurs concitoyens et concitoyennes et notre projet d'émancipation nationale. En premier lieu, je verrais, d'un bon œil, celui de Denis Coderre, notre simili-maire, fédéraliste, libéral et vendu corps et âme à notre perte.

  • Archives de Vigile Répondre

    14 avril 2014

    La Presse, bon journal à utiliser dans votre litière à chat.

  • Pierre Schneider Répondre

    14 avril 2014

    Pour moi La grosse putain de la rue Saint-Jacques, ainsi qu'on on surnommait La Presse au siècle dernier, a perdu toute crédibilité. Surtout au cours de la dernière campagne électorale.
    Je ne l'achète plus depuis longtemps, refuse la version I Pad, me contentant de lire les textes qu'on me transmet gratuitement.
    C'est ma façon de ne pas encourager la désinformation.

  • Archives de Vigile Répondre

    14 avril 2014

    Dans la région de Québec, le Journal Le soleil, propriété de Gesca qui ne fait pas ses frais; on vous le remet gratuitement à l'entrée des arénas et la sortie des quincailleries et matériaux comme Canac Marquis le dimanche-matin pour faire gonfler son tirage déficitaire.
    Son chroniqueur en chef, Gilbert Lavoie, est un fervent défenseur de l'unité canadienne au service des intérêts de l’Empire Desmarais.

  • Marcel Bernier Répondre

    14 avril 2014

    Nous savons tous, monsieur Le Hir, que les journaux de Gesca ont été achetés afin de permettre le développement des affaires de l'empire Desmarais et, surtout, de barrer le chemin à toute possibilité que les intérêts de l'ensemble des Québécois et des Québécoises soient pris en considération s'ils viennent à empêcher l'enrichissement de cette famille et de ceux et celles qui gravitent autour d'eux et qui ont adopté leur point de vue.
    Nos anciens marxistes-léninistes défroqués, Pratte et Dubuc, ont bien retenu leurs leçons, mais au lieu d'utiliser leur savoir au profit des citoyens et des citoyennes du Québec, du prolétariat, ils ont décidé de mettre leur grille d'analyse au service des capitalistes et de détourner l'enseignement de Marx à la gloire de l'oligarchie financière et d'affaires. Leur statut de penseurs à gages leur a aussi permis, outre d'être la voix de leur maître, de s'enrichir à peu de frais.
    Quant à La Presse, plus spécifiquement, elle nous fait penser à la Pravda, cet organe de presse du parti communiste de l'ex-URSS, en ce qu'elle peut être considérée comme le véhicule idéologique du Parti libéral. Loin de véhiculer la vérité, elle sert les fins des prête-noms qui se font élire sous la dénomination de députés-es du parti et à essaimer leurs mensonges, leurs contre-vérités et leur désinformation. Encore là, nos ex-marxistes-léninistes défroqués, passés dans les rangs de l'ennemi, ne font que mettre en pratique une recette qui a bien fonctionné, en son temps, et qu'ils savent être efficace pour les buts poursuivis.
    Finalement, en ce qui concerne le culte de la personnalité, un trait majeur de la philosophie de La Presse et de l'ensemble des journaux de Gesca, c'est aussi un avatar de l'aventure soviétique que nos deux émules de Lénine et de Trotski ont mis à l'ordre du jour, en sol québécois, pour magnifier les oligarques qui leur signent leur chèque de paie.
    Comme on peut le constater, ils ne sont que de vulgaires imitateurs, sans vraiment une once d'originalité, et, comme pensée politique, on doit se contenter d'un réchauffé indigeste d'un patatras idéologique.