Qui prend chef prend son programme. En politique, le principe est universel. Même au Parti québécois. En choisissant Jean-François Lisée, les péquistes savaient ce qu’ils s’achetaient. Du moins, sur l’essentiel.
Sous sa direction, dans la mesure où sa finalité électorale première n’est plus la réalisation de l’indépendance, mais la prise du pouvoir, le PQ officialise en fait sa «normalisation» comme parti politique. Il rejoint la norme.
En repoussant le référendum à un hypothétique second mandat, soit à presque 30 ans après celui de 1995, les péquistes savent en effet qu’ils prennent un risque immense avec leur option. S’ils ne raflent pas deux victoires majoritaires consécutives dès 2018, la possibilité même de le tenir disparaîtrait du radar.
Or, confiné à l’opposition depuis presque 15 ans, sauf pour le bref gouvernement Marois, le PQ est surtout impatient de retourner au pouvoir. Persuadés que leur option les plomberait en 2018, de nombreux péquistes ont donc acquiescé à l’indéniable clarté de leur nouveau chef sur le sujet.
Impatient
Leur pari est de remplacer le «ciment» de la souveraineté par la mission de mettre fin à l’austérité des libéraux. Présentée en fin de semaine au Conseil national du PQ, la longue «proposition principale» de leur chef en est le reflet touffu.
En concurrence ouverte avec la CAQ pour «sortir» les libéraux du pouvoir, M. Lisée met au jeu une offre politique digne d’un équilibriste. Pour ravir à la CAQ une part de ses électeurs francophones nationalistes et conservateurs, il promet un PQ plus «zen», moins «chicanier» et capable d’un «nationalisme économique» musclé – un des principaux fers de lance de François Legault.
Pour amadouer les souverainistes plus modérés, il adoucit ses positions passées sur l’identité et la laïcité. Pour ne pas «diviser» le Québec, dit-il, M. Lisée se refuse aussi à un renforcement élargi de la Loi 101.
Aux souverainistes plus pressés, il offre la rédaction d’une constitution «interne» du Québec. Aux progressistes, il promet de «rétablir» la qualité des services publics. Aux électeurs de Québec solidaire, il parle de «convergence essentielle» et de réforme du mode de scrutin.
Ratisser large
Bref, dans l’espoir de gagner son duel avec François Legault pour déloger les libéraux, le chef du PQ balaie de la gauche à la droite de l’échiquier politique tout en passant par le centre.
En cela, l’objectif des péquistes est connu. S’inspirant de l’élection fédérale de 2015, ils misent sur un électorat qui, pour «battre» Philippe Couillard, finirait par choisir entre deux partis d’opposition comme les Canadiens l’ont fait contre Stephen Harper.
L’analogie est tentante. Au Québec, elle supposerait toutefois un effondrement de la CAQ au prochain scrutin. Sans compter qu’avec ou sans référendum à l’horizon, les libéraux continueront quand même à accuser le PQ de «cacher» son option.
Sacrifier le référendum sur l’autel de la prochaine élection en vaudra-t-il la chandelle? Le Parti québécois est convaincu de son choix.
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