Le secrétaire général de l’OTAN encourage le premier ministre Justin Trudeau à redoubler d’efforts pour augmenter les dépenses militaires du Canada et aider l’alliance militaire à contrer les menaces auxquelles elle est confrontée.
En visite lundi à la base militaire de Petawawa, dans la vallée de l’Outaouais, Jens Stoltenberg a souligné que « les dépenses en matière de défense augmentent maintenant » au Canada et dans d’autres pays de l’OTAN après des années de réduction.
Il a d’ailleurs salué la contribution du Canada à une mission de l’OTAN en Lettonie visant à contrer l’agression russe et à une autre mission consistant à entraîner des troupes en Irak.
Le gouvernement fédéral prévoit d’investir des milliards de dollars de moins que ce qui avait été promis cette année dans du nouveau matériel militaire, ce qui a suscité des inquiétudes quant à la possibilité que le pays n’atteigne pas les objectifs de dépenses de l’OTAN.
En conférence de presse avec le premier ministre Trudeau, lundi, M. Stoltenberg a incité le Canada à « redoubler d’efforts » dans ses dépenses militaires. « Il s’agit d’équité, mais, plus important encore, il s’agit de notre sécurité dans un monde plus imprévisible », a-t-il soutenu.
M. Trudeau a déclaré que le Canada avait la volonté et la capacité de faire une différence dans le monde. Le premier ministre a également mentionné que le Canada avait déployé trois femmes à des postes de commandement dans les missions de l’OTAN, ce que M. Stoltenberg a accueilli favorablement.
Critiques de Trump
Le président des États-Unis, Donald Trump, a qualifié l’OTAN d’organisation désuète, affirmant qu’elle avait été créée pour défendre l’Occident pendant la guerre froide. Selon lui, elle est maintenant négligée et sous-financée par ses propres membres, laissant les États-Unis assumer la charge de la soutenir.
Les plaintes de Donald Trump ont créé une tension permanente au sein de l’alliance militaire, qui célèbre son 70e anniversaire cette année.
Mais en dépit de la rhétorique anti-OTAN, les « faits sur le terrain » en Europe montrent que les États-Unis soutiennent davantage l’alliance qu’auparavant, a déclaré M. Stoltenberg en entrevue avec La Presse canadienne. « Nous avons vu cela, non seulement en paroles, mais également en gestes ; les États-Unis, de concert avec le Canada, renforcent leur présence militaire en Europe après des années de réduction des investissements majeurs en Europe », a-t-il expliqué.
« En réalité, lorsque vous examinez les faits sur le terrain, il ne fait aucun doute que les États-Unis sont attachés à l’OTAN et à la sécurité européenne. »
Réponse à l’agression russe
L’intervention du Canada en Lettonie est l’une des nombreuses missions dans des pays de l’OTAN ayant des frontières avec la Russie, qui visent à faire une démonstration de force pour dissuader le président russe Vladimir Poutine de menacer d’autres pays de l’est de l’Europe.
La présence accrue de l’OTAN est le résultat de l’annexion par la Russie de la péninsule ukrainienne de Crimée et de sa collaboration avec les séparatistes russes dans les régions de l’est de l’Ukraine. L’Ukraine n’est pas membre de l’OTAN.
Cela pourrait faire du Canada une cible de l’ingérence russe lors des élections fédérales de l’automne. M. Stoltenberg a indiqué que les alliés de l’OTAN partageaient des informations sur les cybermenaces. M. Trudeau a souligné que le Canada s’était entretenu avec des alliés des États baltes qui ont été confrontés à « d’importantes quantités d’ingérence » pour apprendre ce qu’ils « avaient fait pour contrer la propagande étrangère ».
Le Canada dirige également la mission d’entraînement de l’OTAN des forces irakiennes dans ce pays. Lestensions sont exacerbées dans cette région à cause de l’escalade du conflit entre l’Iran voisin et les États-Unis.
Après sa visite à la base de Petawawa, M. Stoltenberg devait se rendre à Toronto pour un discours et une séance de questions-réponses à l’Université de Toronto.
Cette visite marque une semaine diplomatique remplie pour le premier ministre Justin Trudeau, qui recevra mercredi les dirigeants de l’Union européenne pour un sommet à Montréal.