L’indépendance du Québec

Le projet et la mécanique

Tribune libre

Après avoir parlé de référendum sinon de la date du prochain référendum pendant des années on recommence à parler de l’indépendance du Québec, ce qui est une bonne chose. Il faudrait d’ailleurs en profiter pour bannir une fois pour toute le mot souveraineté pour revenir à celui d’indépendance utilisé par tous les peuples qui ont mené dans le passé ou mènent présentement une lutte d’indépendance nationale dans le monde. L’arrivée de Pierre-Karl Péladeau, à la tête du Parti Québécois avec son poing levé disant ‘’ faire du Québec un pays ‘’ y est pour quelque chose dans ce réveil du projet indépendantiste.

L’existence de trois partis indépendantistes, deux qui le sont clairement le PQ et Option Nationale, et un autre plus difficile à cerner dans le cas de Québec Solidaire, permet également de garder le projet bien vivant. Par contre le débat qui reprend semble vouloir s’orienter encore une fois sur la mécanique de l’acccession du Québec à l’indépendance et sur l’unité du mouvement des partis indépendantistes, et pas suffisamment sur le projet lui-même et le pourquoi de l’indépendance du Québec, et surtout sur le travail de conviction à faire auprès de nos concitoyens et concitoyennes.

Le débat sur l’accession à l’indépendance du Québec est intéressant d’autant plus s’il contribue au rapprochement entre les partis indépendantistes notamment autour de l’’idée d’assemblée constituante. L’idée de gestes de rupture revisitée, et l’idée du renforcement de l’état québécois comme préalable à la tenue d’un prochain référendum sont également des idées intéressantes à discuter.

L’unité du mouvement indépendantiste et l’idée d’une coalition des forces indépendantistes est également un sujet de discussion incontournable. Quoique très pertinents ces débats n’interpellent pour le moment que les spécialistes et les militants abonnés aux interminables débats dans le mouvement indépendantiste, débats qui ne font pas avancer d’un centimètre la cause indépendantiste auprès des Québécois et des Québécoises, et qui semblent également accaparer beaucoup des énergies limitées d’une organisation comme OUI Québec. La priorité est ailleurs selon moi.

Il faut d’abord recommencer à parler de l’indépendance tous les jours et partout. Les chefs des partis indépendantistes devraient être sur le pied de guerre au quotidien si nous voulons faire progresser notre cause. L’actualité leur fournit régulièrement des armes pour mettre de l’avant l’indépendance du Québec mais ils, elles ne s’en servent pas.

Que l’on pense à la question de l’environnement à travers le projet de pipeline de Trans Canada, que l’on pense à l’aéronautique à travers le dossier des anciens travailleurs d’Avéos vs Air Canada, que l’on pense au débat sur la vente de RONA à des intérêts américians, que l’on pense au dossier de la langue avec l’application de la Loi 101 aux secteurs juridiction fédérale, que l’on pense à la culture avec la question du financement de Radio-Canada, que l’on pense à l’immigration avec le dossier des réfugiés etc. Si les chefs n’assument pas leur leadership cela ne donne pas le goût au peuple de discuter de l’indépendance et de s’impliquer pour la réaliser.

Il faut également retourner parler de l’indépendance avec les Québécois et Québécoises, avec les jeunes, avec les immigrants. Pourquoi ne pas poursuivre au printemps l’Opération Bélier entreprise par Cap sur l’indépendance et inviter les trois partis indépendantistes et leurs militants à je joindre à cette opération de porte à porte et la mener à grande échelle. A ce travail de porte à porte pourraient se greffer des activités de discussion publique ciblées et plus larges dans toutes les régions, complétées par une présence dans les médias.

Seule une opération d’une telle envergure pourrait redonner le goût du pays à un plus grand nombre de Québécois et Québécoises de toutes les générations et de toutes origines et de se donner ce beau projet collectif à réaliser ensemble. Cette opération pourrait également donner naissance à une mouvement populaire pour l’indépendance, condition incontournable pour faire avancer la cause au-delà des divergences et des égos des personnes, des organisations et des partis politiques, et forcer tout ce beau monde à s’unir pour réaliser le projet collectif qui nous tient à coeur.

Suite à cette opération et aux débats qui auront également eu lieu on pourrait se donner une démarche unitaire et un plan d’action pour les deux prochaines années menant à l’élection de 2018 visant la prise du pouvoir par une coalition indépendantiste comme première étape vers l’accession du Québec à son indépendance. Si nous y croyons vraiment et en nous faisant confiance, retroussons-nous les manches et mettons-nous à l’ouvrage ensemble dès maintenant.

L'auteur est militant indépendantiste et membre de Québec Solidaire


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4 commentaires

  • Serge Jean Répondre

    27 février 2016

    Hummm, la jalousie et l'orgueil de Madame Solidaire n'est pas très esthétique et solidaire, justement; dommage.

  • Archives de Vigile Répondre

    27 février 2016


    Oubliez Québec solidaire. Je viens justement d'entendre Fontecilla dire au bulletin de nouvelles qu'il faudrait avant tout connaître ce que le PQ aurait comme projet. En fait, QS exige que le PQ laisse tomber le déficit zéro, qu'il promette le revenu minimum garanti, qu'il s'engage à instaurer la proportionnelle, à ne pas toucher au pétrole, qu'il abandonne sa Charte sur la laïcité, etc. Bref, qu'il s'engage à gouverner qu'à gauche de bord en bord dans un pays multiculturaliste. Autrement dit, le PQ doit devenir QS. Eh bien, c'est perdu d'avance. L'entêtement de QS rend inutile toute tentative de rapprochement. D'autant plus que la haine de Khadir et de F. David envers PKP (et même envers le PQ) est telle que jamais ils ne voudront s'y associer.
    Le problème c'est que pour QS l'indépendance importe peu. Seuls son programme socialiste et le parti comptent. Alors que ce que l'on veut c'est faire l'indépendance. Le programme, la gauche, la droite on règlera ça après. Le peuple décidera.
    Le seul espoir qu'il reste est que les 50% des militants de QS qui sont indépendantistes réalisent que jamais QS ne fera l'indépendance et qu'ils doivent cesser de voter inutilement pour ce parti qui non seulement ne mène nulle part mais qui est une véritable nuisance à la Cause. N'oublions pas, comme l'a fait remarquer Jean-François Lisée, que la moitié des votes qui sont allés à QS en 2012 aurait suffi à faire élire le PQ majoritaire.
    Je trouve aussi que décider de la mécanique pour accéder à l'indépendance n'est pas une urgence. L'urgence est de convaincre et je suis tout à fait d'accord pour que l'on y mette toutes nos énergies au lieu de s'obstiner sur le référendum, la constitution, la République, etc.
    Vous parlez de porte-à-porte... je dois dire que le porte-à-porte de QS (en tout cas de ses porte-paroles) me fait peur un peu, car il consiste en un dénigrement en règle du PQ et de PKP, cet être diabolique et dangereux qui fouterait le bordel dans tout le Québec. C'est triste à dire, mais QS est l'ennemi du PQ.

  • Gélinas Claude Répondre

    26 février 2016

    Est-ce que QS n'aurait pas comme objectif ultime de faire dérailler le Regroupement des forces souverainistes. Il faut voir avec quelle hargne et détestation tant Amir Khadir que Françoise David regardent le chef du PQ.
    Oublier l'expression " le pays avant les partis". L'égoïsme, les legos et les petites gué-guerres dominent.
    Tout bien considéré à défaut de QS ne serait-il pas utile de considérer la possibilité que le PQ fasse alliance, pour défaire le Gouvernement avec la CAQ.
    Quitte à avoir un Gouvernement de coalition pour empêcher le démantèlement de l'État. Ailleurs, notamment dans les pays scandinaves, le recours à ces alliances stratégiques parfois surprenantes sont fréquentes. Car autrement, sans Regroupement de l'Opposition le PLQ sera au pouvoir pour 30 ans ( dixit JM le sondeur JM Léger).
    Pour la suite, laissons QS se marginaliser et continuer à parler pour un petit nombre. De défaites en défaites avec 10 % des intentions de votes l'avenir apparaît peu reluisant.

  • Pierre Cloutier Répondre

    26 février 2016

    Réponse à Yves Chartrand,
    Vous avez parfaitement raison. En 2004, à titre de président du PQJohnson, j'avais fait adopter une motion par le Conseil national de ce parti à demander aux membres du caucus de faire des liens quotidiens et constants entre l'indépendance et leurs dossiers provinciaux respectifs. Cela n'a jamais été fait.
    Aujourd'hui, je suggère 4 moyens d'actions :
    1- Institut de recherche sur l'indépendance - en voie de réalisation
    2 - Union des forces souverainistes et indépendantistes - pas encore fait.
    3 - Mise en place de comités du OUI dans tous les comtés - pas encore fait.
    4 - Grande Tournée du Pays, en commençant par la région de Montréal cette année, avec comme thème : Indépendance et économie, immigration et jeunesse, puis ensuite la région de Québec en 2017 avec comme thème : Indépendance et Québec ville internationale et pour finir avec les autres régions du Québec, en 2018 avec comme thème : Indépendance et décentralisation au profit des régions.
    Mais on fuckaille encore une fois avec le puck. Qui a intérêt à ce que les choses ne bougent guère? Qui exactement?