Vous ne trouvez pas que Jean Charest prend de plus en plus les airs d'un agneau sacrificiel? Et ce, sans référence aucune à ses boucles légendaires.
Au point où, derrière l'image d'un caucus uni, on en devine presque la date de péremption apposée discrètement sur son front dans les coulisses fort nerveuses du Parti libéral et du milieu des affaires. Genre: "meilleur avant automne 2011". Ou quelque chose comme ça.
Croyez-vous que des libéraux ne rêvent pas la nuit de ressusciter sous une nouvelle ou un nouveau chef? Entendez-vous murmurer des noms comme Isabelle Hudon ou Nathalie Normandeau, entre autres? Entendez-vous fredonner le grand classique d'Aznavour: "Il faut savoir quitter la table lorsque l'amour est desservi. Sans s'accrocher l'air pitoyable. Mais partir sans faire de bruit"?...
Vous ne pensez pas qu'au PLQ, ça prie fort le saint frère André pour que le PQ finisse aussi par trébucher sur une position ambiguë de Pauline Marois sur la souveraineté ou même, qui sait, sur un petit mouvement Legault-Facal?
Or, ce n'est pas parce qu'on prie pour un miracle qu'il se produit... Surtout pas lorsque la marque de commerce libérale est de plus en plus handicapée par la surdité chronique du gouvernement et un laisser-faire côté éthique prenant parfois les allures d'une vieille relique de l'Union nationale.
Une autre plaque tectonique bouge...
Sans compter cette spectaculaire plaque tectonique bougée par Steve Brosseau, ce "simple" citoyen de la classe moyenne armé d'une redoutable pétition demandant la démission du premier ministre.
Parrainée par le député Amir Khadir et logée sur le site de l'Assemblée nationale jusqu'en février 2011, elle fracasse des records de signatures.
En colère, la population? C'est peu dire.
Mais comment la blâmer alors qu'elle baigne depuis un an et demi dans une atmosphère politique malsaine où le PM va même jusqu'à "débattre" avec ses adversaires à coups de menaces de poursuite plutôt qu'au parlement?
Vous dites qu'il y a une sérieuse crise de confiance au Québec? Exact.
Cette atmosphère, elle est dangereusement lourde. Au provincial comme au municipal. Une telle multiplication d'allégations troublantes serait apte à plomber l'aile de n'importe quelle démocratie.
C'est bel et bien l'effet que finit par avoir, sur les citoyens et les politiciens honnêtes, la répétition ad nauseam des mots: collusion, trafic d'influence, corruption, mafia, scandale, copinage, favoritisme, retour d'ascenseur, enveloppe brune ou blanche, des collecteurs de fonds influents jusqu'au bureau même du PM. Sans compter le financement illégal de partis par prête-noms et le contrôle de l'industrie de la construction qui semble échapper de plus en plus aux élus au profit d'un cartel d'entreprises baptisé les "Fabulous Fourteen".
Une enquête de Radio-Canada par le journaliste Christian Latreille révélait aussi que Serge Ménard et Vincent Auclair - alors qu'ils étaient respectivement candidats du PQ et du PLQ - auraient déjà reçu du maire de Laval, Gilles Vaillancourt, des enveloppes "blanches" d'argent, qu'ils ont refusées. Ce que le maire nie.
Bonjour la police!
Le ver dans la pomme, tout le monde le connaît. C'est le refus de M. Charest de créer une commission d'enquête élargie combiné à son mantra préféré - la "police" finira par envoyer les malhonnêtes en prison! Et ce, même si la police elle-même réclame une commission d'enquête. Cherchez l'erreur.
On nage en plein Absurdistan. Surtout, du moment où le premier ministre s'en remet autant aux corps de police, on assiste à une abdication du pouvoir politique au profit du pouvoir policier. Inquiétant.
Pour ceux qui se demandent encore quel pourrait bien être le "mandat" de cette commission dont 80 % des Québécois rêvent, voici ce sur quoi elle devrait porter.
Primo: sur le processus d'octroi de TOUS les types de contrat, nominations et permis gouvernementaux - donc, pas seulement en construction -, lequel donne l'impression d'être ouvert au favoritisme comme une porte de grange. Secundo: le mode de financement des partis régi par une loi trouée comme une passoire et devenue, au fil du temps, aussi facile à contourner qu'un cône orange de construction.
Question de savoir si, oui ou non, il serait bel et bien apparu un problème "systémique" de corruption et de collusion.
Si la police peut enquêter en même temps, vous voyez à quel point ces deux objets sont clairement du ressort du pouvoir politique - celui des élus.
La raison? Parce qu'ils touchent les institutions publiques, la gouvernance et la gestion des impôts et des taxes. Soupçonner qu'une part importante des fonds publics puisse être détournée impunément dans les "mauvaises mains", ça s'appelle du vol.
C'est pourquoi, avec ou sans Jean Charest, les Québécois n'ont tout simplement pas les moyens, dans tous les sens du mot, d'attendre docilement que les enquêtes policières débouchent, ou non...
Le problème est avant tout politique. Point. Et donc, veut veut pas, la solution le sera un moment donné, elle aussi...
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