Jean-Martin Aussant: le retour du fils prodigue

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PQ : y a-t-il plus de chefs que d'Indiens ?

C’est aujourd’hui que Jean-Martin Aussant devrait confirmer son retour triomphal au Parti québécois. Ce retour prévisible de l’enfant prodigue s’inscrit en droite ligne avec les efforts du parti pour séduire des militants plus jeunes et plus audacieux.



On parlait plus tôt cette semaine de la nouvelle couleur de cheveux de Jean-François Lisée. Le principal intéressé a même pris part à la farce en commentant son changement de look et en portant des lunettes en référence à la chronique de son ancien leader parlementaire Bernard Draniville. 



Un chef avec une nouvelle coiffure et de nouvelles chaussures, nomination d’une vice-cheffe en la personne de Véronique Hivon, retour de Jean-Martin Aussant, décidément le PQ tente de donner un coup de barre pour gonfler ses voiles flasques. 



D’ailleurs, en réaction aux nombreux sondages qui placent le Parti québécois en troisième position dans les intentions de vote des Québécois, le PQ dévoilait récemment les résultats d’une enquête qu’ils ont commandée. Selon les résultats du sondage réalisé par Repère Communication, près de 75 % des Québécois préféreraient un réinvestissement en santé, en éducation et pour les familles, ce que propose le PQ plutôt que des baisses d’impôt. Le problème avec ce résultat, c’est que tous les partis politiques en campagne vont proposer exactement ça ! C’est normal, les finances publiques sont assainies et le prochain gouvernement aura la latitude nécessaire pour réinvestir dans les différents services aux citoyens.



Trop de chefs, pas assez d’Indiens



Le retour de Jean-Martin Aussant est certainement perçu comme une bonne nouvelle par l’électorat souverainiste. Rappelons qu’Aussant avait claqué la porte du Parti québécois et fondé son propre parti, Option nationale, parce qu’il trouvait que le PQ ne faisait plus une assez grande place à l’enjeu de la souveraineté. Laissons de côté, pour le moment, les raisons pour lesquelles il ne retourne pas vers le parti qu’il a fondé même si celui-ci est maintenant fusionné avec Québec solidaire. Est-ce que son retour laisse présager que le PQ entend faire de la souveraineté son cheval de bataille pour la prochaine élection ? Peut-être. D’ailleurs, on est en droit de se demander ce que Lisée a pu promettre à Aussant pour le convaincre de revenir dans le giron péquiste.



De son côté, Pierre-Karl Péladeau s’est placé « en réserve de la république » et s’active sur les réseaux sociaux comme un Donald Trump en campagne. Jean-François Lisée lui ouvre grands les bras et espère le voir faire un retour à temps pour l’élection. Plusieurs le voient plutôt déjà comme un sauveur apparent dans l’éventualité d’une déconfiture du PQ lors du scrutin d’octobre.



Avec la nomination de Véronique Hivon au poste de vice-cheffe et les récents changements à son cabinet fantôme, Jean-François Lisée donne la part belle aux jeunes, un message qui s’adresse directement à ses électeurs.



Les personnalités fortes de Pascal Bérubé et Sylvain Gaudreault injectent certainement un peu de fougue dans la dynamique de l’opposition officielle. Pourtant, ces récents mouvements de troupes au PQ pourraient se retourner contre Lisée. 



Keep your friends close...



Plutôt que de voir la nomination d’une vice-cheffe comme une excellente nouvelle, on peut percevoir cette décision comme un aveu d’échec de Jean-François Lisée ; une incapacité à rassembler et mobiliser ses troupes à lui seul. C’est, littéralement, la preuve que Lisée doit redoubler d’ardeur, mettre les bouchées doubles pour galvaniser ses électeurs en vue du grand soir.



En s’entourant de jeunes, le chef risque de mettre en lumière les failles de sa personnalité parfois dépeinte comme étant terne. En invitant les Aussant et Péladeau à se joindre à son équipe, Lisée insiste sur le fait qu’il veut fédérer les forces vives du mouvement souverainiste, les personnalités fortes et déterminées.



Jean-François Lisée est un fin renard. En mettant ses jeunes loups et ses adversaires dans des positions si stratégiques, parions qu’il a aussi repensé à la phrase célèbre, souvent prêtée à Nicolas Machiavel et popularisée par le personnage de Michael Corleone dans la série Le Parrain : Keep your friends close. But keep your enemies closer.