La crise financière européenne, l'événement économique dominant de l'année 2011 selon l'Associated Press, occupera encore le devant de la scène en 2012.
Cela fera bientôt 10 ans que l'euro est utilisé par les consommateurs des 12 premiers pays l'ayant adopté comme monnaie commune. L'ambiance, toutefois, n'est pas à la fête. Malgré les résolutions importantes annoncées au début du mois de décembre, l'incertitude continue à peser sur la zone. Comme l'a rappelé la directrice du FMI, Christine Lagarde, en entrevue en fin de semaine, les grands principes n'impressionnent pas les investisseurs. Au-delà des déclarations fortes, l'Europe a besoin de gestes convaincants.
Les traitements requis ne seront toutefois pas sans effets secondaires. L'économie de la zone devrait se contracter de 1% l'an prochain, a prédit hier l'Institut de la finance internationale, qui regroupe les plus grandes banques du monde. Tous ne sont pas aussi pessimistes, mais personne ne prend la situation à la légère. En Espagne, le quatrième trimestre est probablement déjà en zone rouge, a reconnu son ministre des Finances.
Les mesures nécessaires pour réduire les déficits et l'endettement n'alimenteront pas la reprise à court terme, c'est certain. Mais quelqu'un croit-il encore que ce douloureux exercice soit évitable? L'aveuglement volontaire, qui a permis à plusieurs chefs d'État d'endetter leur pays à outrance, ne sera d'aucun secours pour renverser la vapeur. Plusieurs doivent aujourd'hui imposer des mesures pénibles, sans pouvoir promettre de sortie de crise rapide.
Le «tournant très dangereux» dans lequel Mme Lagarde voit aujourd'hui l'économie mondiale pourrait bien apparaître aussi dans le paysage politique des États astreints à l'austérité. Les risques de désordres sont grands lorsqu'aucune lumière n'est visible au bout de tunnel.
Stephen Harper a donc raison de se montrer prudent. L'entendre dire (en entrevue à CTV ce week-end) que 2012 posera tout un défi à l'économie canadienne n'a rien d'agréable, mais le contraire ne serait pas crédible. Bien que le Canada se trouve actuellement dans une position enviable, le contrecoup de la situation européenne est difficile à prédire.
Cependant, les politiciens ne doivent pas se contenter de servir de caisses de résonance aux mauvaises nouvelles. Le Brésil vient de supplanter le Royaume-Uni au rang de sixième économie mondiale, a confirmé hier le Centre for Economics and Business Research de Londres. Un rappel, s'il en faut, de la nouvelle réalité mondiale. Si le Brésil, la Chine et d'autres pays émergents connaissent une expansion soutenue depuis des années, ni l'Europe, ni le Canada, ni la plupart des économies développées ne peuvent compter là-dessus pour se renflouer. Il faut composer avec une croissance mesurée et, surtout, mettre en place les conditions pour qu'elle soit durable.
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