La participation de Jagmeet Singh à des événements indépendantistes sikhs suscite un malaise au sein de son caucus néodémocrate. À tel point que la moitié de ses députés l’ont sommé de promettre de ne plus y participer si la violence y est prônée.
« La semaine dernière a été une semaine difficile. Ça montre qu’il y a des choses qui doivent être ajustées », tranchait Alexandre Boulerice à son arrivée au caucus hebdomadaire du Nouveau Parti démocratique mercredi.
Il s’agissait de la première rencontre des troupes de Jagmeet Singh depuis que le chef du NPD a fait les manchettes en raison de sa participation à des rassemblements organisés par des séparatistes sikhs. La discussion a été « franche », a relaté la députée Christine Moore. « Il y a un malaise et il est très présent », a résumé M. Boulerice au Devoir.
Car bien que Jagmeet Singh ait condamné toute forme de terrorisme ou de violence politique, d’autres participants qui ont pris la parole aux événements auxquels il s’est joint en 2015 et 2016, à San Francisco et à Londres, ont soutenu explicitement la cause séparatiste ou la violence.
« On devrait peut-être faire preuve de plus de parcimonie à l’avenir, dans les choix d’événements où le chef va être présent », a tranché le député Boulerice, qui préférerait que Jagmeet Singh évite de participer à des activités « avec des gens qui ont des propos que l’on condamne, avec lesquels on n’est férocement pas d’accord en tant que démocrates ».
M. Boulerice a noté que son chef devait prendre acte du fait qu’il évolue désormais sur la scène fédérale. « Dans le passé, M. Singh était député de Brampton et avait un rôle à jouer par rapport à sa communauté d’origine. Maintenant, M. Singh doit représenter 36 millions de Canadiens et de Québécois. Et ça oblige une approche qui doit être ajustée. »
Christine Moore espérait quant à elle que le chef s’ajuste, à la suite de la controverse de la semaine dernière, en clarifiant par exemple, avant d’accepter une invitation à un rassemblement de militants indépendantistes sikhs, qu’il y condamnerait sur le champ tout appel à la violence, qu’il soit direct ou indirect.
L’avis des deux députés était partagé par « une vingtaine » de leurs collègues — sur un caucus de 44 —, qui auraient demandé à Jagmeet Singh, selon une source du Devoir, d’assurer sans équivoque qu’il ne participerait plus à des événements en compagnie de séparatistes sikhs qui prêchent la violence.
Une clarification qui déçoit
Le chef a laissé entendre qu’il prendrait acte des préoccupations de son caucus. « En tant qu’élu provincial, j’avais des responsabilités différentes. Comme chef d’un parti fédéral, mes priorités sont de dialoguer avec le plus de Canadiens possible », a-t-il fait valoir, à sa sortie de la rencontre avec ses troupes. « Cela aura un impact sur les décisions que je prends, en matière d’événements. »
M. Singh a argué qu’il ne « regrette pas » d’avoir participé aux activités qui lui ont attiré des reproches, car il n’a jamais pris part à des rassemblements où l’objectif était de promouvoir la violence, a-t-il insisté.
« Si je le sais à l’avance, je n’irai pas à un événement où quelqu’un prône la violence politique », a-t-il promis pour la suite. « Si quelqu’un y parle d’autonomie, d’autodétermination, cela ne m’inquiète pas. »