Nous approchons bientôt de la marque de mi-mandat du gouvernement conservateur de Doug Ford en Ontario. Malgré des débuts tumultueux au pouvoir, le Parti progressiste-conservateur (PC) s’est généralement maintenu au sommet des intentions de vote depuis un an et demi. Toutefois, depuis quelques semaines déjà, le gouvernement ontarien est aux prises avec une grève des enseignants. Et la grogne entre les camps a récemment grimpé de plusieurs crans.
Les professeurs ontariens ont commencé depuis peu des rondes de grèves tournantes pour protester, entre autres, contre les coupures aux programmes d’aide pour les élèves avec besoins spéciaux et contre le projet du ministère de l’Éducation de l’Ontario d’augmenter le nombre de jeunes par classe.
La semaine dernière, la firme EKOS a conduit un sondage auprès des électeurs ontariens et les résultats ne sont pas tendres envers le gouvernement Ford. À la question « Si une élection provinciale avait lieu aujourd’hui, pour quel parti voteriez-vous ? », le PC se trouve à 31 % des intentions de vote, soit neuf points sous son score de l’élection de 2018 et cinq points derrière le Parti libéral de l’Ontario (PLO), qui récolte 36 %. Pour tous les sondages sur l’Ontario, visitez cette page.
Rappelons que la course à la chefferie du PLO se terminera au début du mois de mars lors du congrès du parti. L’ancien député libéral provincial Steven Del Duca est considéré comme le favori à l’heure actuelle, mais nous savons aussi que les congrès avec délégués peuvent parfois causer des surprises. On se souvient de celui du Parti libéral du Canada en 2006, où Stéphane Dion s’était faufilé vers la victoire.
Le Nouveau parti démocratique, actuellement l’opposition officielle à Queen’s Park, glisse à 21 % des intentions de vote. Les verts se maintiennent à 9 %.
EKOS demandait également quel parti les répondants soutenaient dans le conflit actuel qui oppose les syndicats des enseignants et le gouvernement. Voici les résultats :
Sans surprise, les résultats sont alignés selon les appuis aux partis : 80 % des électeurs libéraux et 87 % électeurs des néo-démocrates affirment appuyer les syndicats des enseignants, alors qu’environ sept électeurs conservateurs sur dix penchent plutôt du côté de l’État. Néanmoins, sur la totalité de l’échantillon du sondage, les professeurs récoltent presque deux fois plus d’appuis que le gouvernement (57 % pour les syndicats, 30 % pour le gouvernement). Le rapport complet se trouve ici.
Ces chiffres devraient intéresser la classe politique québécoise, car nous pouvons déjà poindre à l’horizon un potentiel conflit entre les fonctionnaires québécois et le gouvernement Legault. En décembre, le président du Conseil du trésor, Christian Dubé, a fait parvenir aux syndicats de la fonction publique sa première offre qui prévoyait une augmentation des salaires de 7 % pour les cinq prochaines années, soit nettement sous le seuil projeté de l’inflation au pays.
Après les années de compressions budgétaires du gouvernement Couillard, les syndicats affirment s’être attendus à bien mieux, considérant que l’État québécois nage présentement dans des surplus historiques (plus de 8 milliards de dollars l’an dernier. En contraste, l’Ontario a enregistré un déficit dépassant les 9 milliards de dollars au cours de la dernière année.)
Lors de la négociation de la dernière convention collective avec le secteur public, il y avait eu une levée de boucliers contre Philippe Couillard et Carlos Leitão, mais le gouvernement de l’époque souffrait aussi d’une certaine fatigue auprès de la population après presque 15 ans au pouvoir.
Selon les plus récentes données disponibles, la Coalition avenir Québec (CAQ) trône toujours au sommet des intentions de vote au Québec. Certes, la CAQ profite d’une opposition désorganisée (deux des trois partis n’ont pas de chef permanent), mais le premier ministre jouit encore d’un haut taux de satisfaction auprès de l’électorat québécois. Toutefois, la popularité du gouvernement Legault pourrait-elle être mise à l’épreuve si les négociations avec le secteur public devaient s’éterniser et/ou s’envenimer ?
Les données de nos voisins ontariens serviront-elles d’avertissement à la CAQ ? Nous le verrons bien au cours de l’année 2020.