Fonderie Horne : 2022 ou 1932 ?

0b39f276953db80de8b8b0c358a8c0c4

Une mentalité à changer


Vous avez évidemment entendu parler de cette fonderie qui rejette dans l’air de Rouyn-Noranda 33 fois plus d’arsenic que la norme actuelle au Québec.


L’Institut national de la santé publique estime que ces émissions pourraient entraîner de 13 à 554 cas supplémentaires de cancer par million d’habitants.


Hormis les conséquences potentielles pour la santé de la population, cette affaire est porteuse de deux autres tristes dimensions.


Soumission


Moderniser l’usine coûterait environ 500 millions de dollars.


La main sur le cœur, après avoir dit à quel point la santé des gens, le développement durable, l’avenir de la planète et autres nobles soucis la préoccupent, l’entreprise laisse subtilement entendre qu’une aide gouvernementale serait la bienvenue.


C’est là que l’affaire prend une tournure qui nous replonge dans notre histoire. 


Le premier ministre Legault se dit ouvert à un soutien financier du gouvernement au nom des 650 emplois bien rémunérés.


Ces travailleurs paient des impôts et... bon, vous connaissez la suite de la chanson.


L’entreprise n’a même pas besoin de fredonner qu’elle pourrait aller voir ailleurs.


Pas besoin, je vous dis, on connaît parfaitement la chanson.


Beaucoup de gouvernements soutiennent financièrement les entreprises, mais suis-je le seul à trouver que celui du Québec – qu’il soit caquiste, libéral ou péquiste – est particulièrement rapide, depuis toujours, pour voler à leur secours à nos frais ?


Bombardier nous a fait le coup combien de fois ?


Les seules entreprises auxquelles le gouvernement dit non sans hésiter sont les clubs de sport professionnels.


Sinon, notre gouvernement se précipite comme un domestique obséquieux qui vient essuyer le veston de son maître qui s’est renversé une coupe de vin.


Pourtant, la Fonderie Horne est la propriété de la mégamultinationale Glencore, dont le chiffre d’affaires sera de 278 milliards cette année et dont la valeur boursière est estimée à 68 milliards de dollars.


Mais elle aurait besoin de notre argent, sinon, que voulez-vous...


C’est l’automatisme, l’empressement du gouvernement à se dire prêt à voler au secours de ces milliardaires qui, en 2022, a quelque chose de terriblement ti-coune, vieillot, néocolonial, et franchement porteur d’eau.  


L’autre triste dimension de cette affaire a été portée à mon attention par un de mes lecteurs les plus allumés, qui habite loin des centres urbains.


Il faut sans doute, dit-il, vivre en région, avoir grandi dans une de ces « company towns », de ces villes mono-industrielles ou presque, pour mesurer le pouvoir que donne un monopole direct et indirect sur l’emploi. 


Histoire


C’est toute l’histoire de notre industrialisation.


La compagnie faisait vivre la ville plutôt que l’inverse, construisant les logements de ses ouvriers, achetant la collaboration des élites locales.


Le curé prêchait la soumission, et le médecin de la compagnie voyait chez le fils ouvrier les mêmes symptômes que chez le père, mais s’interdisait de faire le moindre lien entre le milieu de travail et les poumons en lambeaux. 


Doit-on vraiment s’étonner de ce qu’on apprend aujourd’hui ? 


Ce serait ne rien connaître de notre histoire.











-->