Le véritable portrait de la COVID-19 au Québec

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Des questions qui appellent un bilan de gestion de la crise


Alors que le passeport vaccinal ne sera plus requis pour monter à bord d’un avion ou d’un train au pays à compter du 20 juin 2022 (mais toujours exigé pour entrer au pays) et que le fédéral suspend également la vaccination obligatoire de ses fonctionnaires (qui pourra cependant être réimposée à nouveau), dressons le véritable portrait de la COVID-19 au Québec. 







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Le taux de mortalité 


En date du 19 juin 2022, les données cumulatives pour l’ensemble du Québec sont les suivantes: 15 462 décès liés à la COVID-19 (graphique 2.1) sur un total de 1 077 256 cas confirmés de COVID-19 (graphique 1.1), pour un taux de mortalité calculé de 1,44%. Ce taux de mortalité est largement surestimé, principalement (i) par l’inclusion, au numérateur, des décès avec, et non à cause de la COVID-19, apparemment aussi nombreux, et (ii) par l’exclusion, au dénominateur, des cas d’infections asymptomatiques ou non rapportées, plusieurs fois plus nombreuses que les infections symptomatiques rapportées. 


Le véritable portrait 


Quel est donc le véritable portrait de la COVID-19 au Québec? 


Les chiffres officiels de l’Institut de la statistique du Québec et de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), consultés le 19 juin 2022, montrent la réalité sanitaire suivante au Québec: (i) il n’y a pas eu de surmortalité toutes causes confondues depuis le début de la pandémie de COVID-19, sauf pour les personnes âgées de 70 ans et plus lors de la première vague (avril-juin 2020) et peu après l’imposition du confinement/couvre-feu du temps des Fêtes ou le déploiement de la 3e dose de vaccin (janvier 2022), (ii) plus de 90% des personnes âgées de 70 ans décédées avec ou de la COVID-19 avaient deux conditions médicales préexistantes ou plus (tableau 2.2), (iii) 69,2% des personnes décédées étaient âgées de plus de 80 ans (section 2.3), amenant l’âge moyen des personnes décédées avec ou de la COVID-19 au-delà de leur espérance de vie à la naissance, (iv) le nombre de décès (tableau 2.1) par rapport au nombre de cas (tableau 1.1) est de 0,07% chez les personnes n’ayant aucune condition préexistante, 6 fois plus élevé en présence d’une condition médicale préexistante (0,4%) et 98 fois plus élevé en présence de deux conditions préexistantes ou plus (6,9%), selon des données mises à jour pour la dernière fois le 2 mai 2022, et (v) entre 0 et 5 personnes de moins de 40 ans (avec moins d’une condition médicale préexistante) sont décédées au Québec depuis le début de la pandémie (tableau 2.2). 


L’analyse des données officielles du gouvernement a ainsi permis de révéler assez tôt deux des principaux facteurs de risques de complications et de décès à la COVID-19: l’âge avancé et le nombre de conditions médicales préexistantes, en particulier l’obésité. 


La menace de la COVID-19 était bien réelle, mais était-elle de l’ampleur qu’on nous a rapportée? D’autant plus que, selon les données publiques disponibles sur les sites de l’INSPQ et de Partenariat Données Québec, environ 2,1% des hospitalisations étaient pour la COVID-19 entre le 1er avril 2020 et le 31 mars 2021 au Québec; 20 616 hospitalisations dues à la COVID-19 sur un total de 986 607 hospitalisations (ce nombre était en baisse de 17,5% comparativement aux 1 195 554 hospitalisations de l’année précédente). Au pire de la crise, les hospitalisations COVID-19 ont atteint un sommet de 5,9% du total. 


Des mesures justifiées? 


Est-ce que la réalité pandémique décrite ci-haut justifiait (i) d’imposer des mesures sanitaires aussi sévères et globales, plutôt que ciblées, pour circonscrire une menace qui ciblait une catégorie bien connue de personnes? (ii) de ne pas considérer, le plus justement possible, les effets collatéraux des mesures sanitaires contraignantes? (iii) d’écarter les médecins des soins et de toute évaluation du rapport risque/bénéfice d’une intervention médicale (vaccination COVID) auprès de leurs patients? (iv) d’outrepasser le droit des personnes de consentir, de manière libre et éclairée, à une injection toujours expérimentale? (v) de recourir à la vaccination massive de toute la population pour une maladie qui touche plus particulièrement les personnes très âgées et malades? (vi) d’imposer l’obligation vaccinale à des personnes jeunes, en bonne santé ou qui ne sont pas à risque de complications à la COVID-19? (vii) d’imposer l’obligation vaccinale à des travailleurs (incluant ceux en télétravail) sous peine de congédiement en cas de refus? (viii) de restreindre le droit d’accès aux lieux publics et d’entraver la liberté de circuler par train ou par avion à des personnes qui ne sont pas « adéquatement » vaccinées, alors que les injections ne préviennent ni l’infection ni la transmission, mais semblent plutôt faciliter l’infection? (ix) qu’un gouvernement s’arroge le pouvoir en auto-proclamant et en perpétuant un état d’urgence sanitaire et certaines mesures au-delà de la période d’urgence? (x) de ne pas encourager le maintien d’une bonne santé par l’adoption de saines habitudes de vie? (xi) de ne pas permettre, voire encourager, le recours aux traitements préventifs, précoces ou alternatifs, comme d’autres pays l’ont fait? (xii) de museler les professionnels et les universitaires critiques des mesures sanitaires, par le biais de pressions de leur ordre professionnel ou de leur Institution, sous peine de perdre leur droit de pratique ou leur emploi? (xiii) une couverture médiatique aussi intense, polarisée et polarisante semant la peur, l’anxiété et la division? ou (xiv) d’encourager la délation, l’exclusion sociale d’une minorité de personnes non vaccinées et le clivage de la société? 


Dépolitiser les décisions 


Face à la menace que posait alors la COVID-19, aussi incertaine qu’imprévue, les mesures initiales de précaution étaient de mise, bien qu’avant même que la pandémie n’atteigne le Québec, on savait que la COVID-19 affectait plus particulièrement les personnes âgées en Italie.  


La pandémie a évolué au fil des mois, certes, amenant le gouvernement à revoir et à adapter certaines mesures au contexte sanitaire du moment. Cependant, dans certains cas, il a imposé des décisions à l’encontre de la science (ex. couvre-feu) ou a beaucoup trop tardé à le faire, comme la levée des dernières mesures sanitaires contraignantes. Cela révèle toute l’importance de dépolitiser les décisions brimant les droits et les libertés individuels, par exemple, par un Conseil des Universitaires Indépendants (CUI) au gouvernement, afin que ces décisions soient basées sur la science et soient prises plus rapidement. 


Un bilan s’impose 


Malgré la campagne électorale qui se profile à l’horizon, et au cours de laquelle les partis politiques éviteront probablement de revenir sur cette période sombre de l’histoire du Québec, nous ne pouvons pas faire l’économie d’un examen de conscience ni d’une profonde réflexion collective pour s’assurer que, la prochaine fois, le déploiement de mesures soit approprié, proportionnel et adapté à la menace, et ajusté rapidement au besoin. Il faudra éviter de partir en peur quand les nez se mettront à couler, comme à tous les automnes. 


Un bilan de la gestion de cette crise, qui a révélé les limites, voire les failles, de notre système et de notre vie démocratique, s’impose. 


Nous le devons aux trop nombreuses personnes âgées que nous n’avons pas su protéger, ainsi qu’aux personnes dont les droits et les libertés ont été brimés trop longtemps.  



Photo courtoisie







Patrick Provost, Professeur à l’Université Laval