La couverture médiatique organisée par les candidats Hivon et Cloutier pour lancer leur campagne à la chefferie est symptomatique à plus d’un égard. La sympathique Véronique, malgré le calendrier extrêmement serré de cette course, annonce qu’elle fera campagne en sillonnant allègrement cet été les parcs publics en famille, à la rencontre des citoyens. Telle la cigale de la fable, peut-on penser !
Le candidat Cloutier, tel l’Alexandre le bien heureux de la course, s’est situé dans l’après-course par son programme aux citoyens une fois élu. Déjà, prétend-il, « l’heure est au rassemblement des Québécois ». Est-ce fuite en avant pour ne pas s’investir dans une course souhaitée sans obstacles ?
Ce qui détonne davantage, c’est l’ensemble de l’opération. La politique-spectacle nous a habitués au déploiement médiatique au point où elle ne nous étonne plus. Pourtant ce départ de la course constitue une erreur flagrante, relevant de la confusion des genres. À la différence d’une campagne électorale visant l’ensemble des citoyens, une campagne à la chefferie doit s’adresser aux membres qui doivent élire le chef. Voilà de quoi déterminer les contenus, les temps et les lieux d’intervention des candidats. Cela valait pour l’annonce de la décision d’être de la course.
Le défi des candidats
Les candidats doivent principalement s’adresser directement à ces électeurs, sans intermédiaire et sans interférence de l’extérieur. Leurs échanges intensifs avec eux doivent convaincre les militants qu’ils sont aptes à être l’âme dirigeante des tâches du parti. Ils doivent faire la démonstration que leurs perspectives sont porteuses d’éclairage dans les différents dossiers. Un projet de bon gouvernement, de rapatriement de pouvoirs ou un projet de pays ? Accent sur la fierté nationale, défense de nos sièges sociaux, cul-de-sac du fédéralisme, protection identitaire ? Et la recherche de convergence ? Et la mécanique référendaire, le projet de Constitution ?
On reconnaît le véritable leadership par le fait que la force et l’intelligence des convictions, bien servies de préférence par l’art de communiquer, suscitent spontanément l’adhésion. C’est aussi grâce à l’ascendant de ce rare charisme, non à l’agitation médiatique et les sourires à la caméra, que le légitime aspirant à la direction du PQ pourra assurer l’unité du parti.
La course, preuve de leadership
Toute course ne favorise pas le leadership de haut niveau. Les démarches préalables entreprises par les candidats Cloutier et Hivon constituent une erreur de parcours plus grave encore que le lancement médiatique lui-même.
Leurs échanges avec leurs partisans ont eu lieu discrètement, avant même la tenue de débats. Fort probablement aussi avant qu’ils aient pu exposer amplement leurs convictions à leurs partisans, et certainement avant qu’ils aient pu faire montre de l’ouverture d’esprit qu’on peut attendre de tout candidat lors de l’évolution imprévisible de débats à venir. Leurs partisans les ont assurés de leur appui public avant même d’avoir eux aussi assisté aux exposés des autres candidats, malgré même le fait que ces derniers soient encore connus. Leur ralliement fait donc chez eux aussi davantage preuve de fermeture d’esprit que de l’ouverture attendue d’eux comme électeurs. Tout cela compromet grandement le fait que la course soit résolument et franchement animée par une réelle volonté de rechercher le meilleur candidat à la chefferie.
IDÉES
Faux départ à la course à la direction du PQ
Panne de leadership ?
Gérard Lévesque7 articles
Philosophe et chercheur autonome en éthique.
Philosophe et témoin expert dans la cause opposant le collège Loyola au ministère de l'Éducation
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