À quelques jours des élections municipales, le président turc Recep Tayyip Erdogan a fait une annonce choc. Il a promis que l'ancienne basilique Sainte-Sophie d'Istanbul, devenue musée, redeviendrait une mosquée.
En pleine campagne électorale pour les élections municipales, le président turc Recep Tayyip Erdogan joue son va-tout. Alors que son Parti de la justice et du développement (AKP) craint de perdre les villes d’Ankara et d’Istanbul, le chef de l’État a fait une promesse fracassante.
Recep Tayyip Erdogan a évoqué dimanche 24 mars la possibilité de renommer l'ancienne basilique Sainte-Sophie d'Istanbul, actuellement un musée, en "mosquée Sainte-Sophie" après les élections locales du 31 mars. Des propos qu’il a réitérés mercredi en affirmant que "le temps est venu" pour l'ancienne basilique de redevenir "une mosquée", estimant que sa transformation en musée avait été une "très grosse erreur".
Une basilique devenue mosquée
Construite au VIe siècle à l'entrée du détroit du Bosphore et de la Corne d'or, la basilique où étaient couronnés les empereurs byzantins avait été convertie en mosquée au XVe siècle, après la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453.
Transformée en musée sous le régime laïque de Mustafa Kemal Atatürk dans les années 1930, Sainte-Sophie fait régulièrement l'objet de polémiques entre chrétiens et musulmans en raison de la multiplication d'activités liées à l'islam en son sein, comme des séances de lecture de versets du Coran ou des prières collectives. "Depuis déjà cinq ans, l’appel à la prière retentit depuis ses minarets", explique le correspondant de France 24 à Istanbul, Ludovic de Foucaud.
Une transformation qui divise
Du côté des touristes, cette annonce du président Erdogan divise. "Je pense que beaucoup de gens seraient rebutés à l’idée de visiter le site s’il redevenait une mosquée", estime ainsi une voyageuse américaine. Pour un touriste français de confession musulmane, cette transformation ne devrait en revanche poser aucun problème : "On vient de visiter la mosquée bleue. On a remarqué que les non-musulmans pouvaient la visiter quand même. Donc finalement, cela ne changerait rien pour tout le monde."
Des réactions sont aussi venues de la communauté internationale. "La Grèce notamment a indiqué que le projet devra se faire en accord avec l’Unesco, qui a classé le monument au patrimoine mondial de l’humanité en 1985", précise Ludovic de Foucaud.
Cette mesure serait en effet susceptible de provoquer la colère des chrétiens et d'attiser les tensions avec la Grèce voisine, qui a plusieurs fois exprimé sa préoccupation quant aux initiatives visant à remettre en question le statut de Sainte-Sophie, l'un des lieux emblématiques du passé orthodoxe d'Istanbul.