Dans son volume Attendez que je me rappelle…, René Lévesque a écrit : « C’est le financement démocratique des partis, notre engagement numéro un, qui fut le projet de loi numéro deux de notre gouvernement, mais en fait sa première réalisation majeure. De toutes les réformes que nous avons pu mener à bien, voilà celle dont je serai toujours le plus fier. Celle également qu’on ne laisserait ternir que pour avoir un jour à s’en mordre les doigts ». (pages 385 et 386)
Or, la loi sur le financement des partis de 1977 n’a pas seulement été ternie, elle a été carrément sabotée, et cela, incroyablement, par un gouvernement du Parti québécois, celui de Pauline Marois. Comme l’écrira le « père » de cette loi, le ministre Robert Burns, « Aujourd’hui, l’orientation de départ est faussée et même renversée. On substitue le financement de l’État au financement populaire. On substitue les partis politiques à la volonté populaire ». (Le Devoir, le 16 novembre 2012). Dans le même texte, Robert Burns a écrit : « Un parti incapable de subsister par un appui financier populaire ne mérite pas de continuer à exister ».
Dans un régime politique où le pouvoir est centré sur les partis, le contrôle de ces partis par les citoyens via le financement populaire est le coeur même du fonctionnement démocratique de notre société. Cette méthode de financement, en plus d’être le joyau du fondateur du parti, a été à la base du dynamisme des militants. Elle n’existe plus.
Aujourd’hui, après une défaite électorale désastreuse, ce qui reste de la machine du Parti peut bien survivre grâce aux subventions de l’État, mais l’habitude que le PQ a prise de ne pas avoir à compter pour vivre sur le financement par les citoyens le condamne à un désert de militantisme. Comble de ridicule, les citoyens qui pourraient avoir envie de venir en aide financièrement au parti sont limités par la version Marois de la loi à une contribution de 100 $ !
Le moment de « s’en mordre les doigts » est arrivé.