L’ouvrage Des femmes au printemps de Djemila Benhabib jette un regard instructif qui permet aux néophytes – nombreux au Québec – de mieux comprendre les enjeux et l’histoire récente de deux pays arabes, la Tunisie et l’Égypte.
La chute du président égyptien Mohamed Morsi, au début du mois de juillet, ou la récente condamnation des Femen par la justice tunisienne permettent de souligner de nouveau l’importance de l’essai de Djemila Benhabib paru fin 2012.
Son séjour au Caire et à Tunis, quelques mois après la fin des régimes de Ben Ali et de Hosni Moubarak, ont permis à l’auteure de voir au plus près le désespoir des femmes arabes, thème qui constitue le cœur du livre.
Femmes-au-printemps-Djemila-BenhabibLes humiliations qu’elles subissent au quotidien dépassent l’entendement. Djemila Benhabib rappelle qu’un sondage réalisé il y a cinq ans en Égypte révélait que «le harcèlement est une pratique dont 83 % des Égyptiennes avouent avoir été victimes».
La révolution de la sphère privée, appelée de ses vœux par l’écrivaine, a manqué cruellement lors du printemps 2012.
Face à un rouleau compresseur
Connue pour son combat contre l’intégrisme religieux, l’essayiste née en Algérie met bien sûr l’accent sur le poids du fanatisme des salafistes tunisiens qui tentent de faire disparaître le visage des femmes derrière le niqab et essaient de renverser l’État pour imposer leur vision de la société.
Elle n’oublie pas non plus de lier la radicalisation en Égypte à l’influence wahhabite (un «poison», affirme-t-elle) venue d’Arabie saoudite où des milliers de travailleurs égyptiens ont travaillé avant de rentrer.
Malgré l’optimisme (pondéré) affiché par Djemila Benhabib, il demeure difficile aujourd’hui, face à ce qui ressemble à un rouleau compresseur islamiste, de percevoir un motif d’espoir solide sur lequel pourraient s’appuyer les partisans de la laïcité et du respect de la femme.
Le chaos égyptien apparaît insurmontable, comme l’ont encore montré les derniers événements.
Les professeurs tunisiens, si courageux dans leur combat contre les salafistes qui tentent de conquérir le système éducatif pour vampiriser les jeunes, sont des remparts trop rares face au danger.
Des femmes au printemps de Djemila Benhabib : quel espoir pour les Tunisiennes et les Égyptiennes ?
Antoine Aubert
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