Le Parti québécois entame une énième course à la direction. Depuis la démission de Jacques Parizeau au lendemain du dernier référendum, le prochain chef sera son septième. Il héritera d’une formation dont les appuis fondent depuis deux décennies et d’une option souverainiste en chute libre.
Face à lui, il trouvera le très populaire premier ministre caquiste François Legault, dont le nationalisme traditionnel fait des malheurs au sein de l’électorat francophone. Comme champ de mines, difficile de faire plus périlleux.
Qui en veut ? Pour le moment, trois hommes : le jeune avocat Paul St-Pierre Plamondon (PSPP), le député Sylvain Gaudreault et l’historien Frédéric Bastien. Et, peut-être, qui sait, l’humoriste Guy Nantel et l’avocat Stéphane Handfield.
Tourner en rond
Inévitablement, l’enjeu central de la course sera celui de la souveraineté, sa présumée raison d’être. Dans un élan soudain d’ambitions pharaoniques, PSPP promet aux péquistes le pouvoir ET un référendum. Dans l’espoir de faire des gains pour le Québec auprès d’Ottawa, Sylvain Gaudreault préfère « tendre la main » à la CAQ en attendant la suite.
Prenant une route similaire, Frédéric Bastien propose de tenter de forcer la main au gouvernement Trudeau en réclamant l’ouverture de négociations constitutionnelles au sein même de la fédération canadienne.
Comme quoi, les péquistes se préparent encore une fois à tourner en rond dans des débats sibyllins dont ils risquent fort d’être les seuls à s’y intéresser. On dirait une chorale mal accordée s’entêtant à chanter des versions discordantes du Minuit, chrétiens à un auditoire d’athées.
Comment survivre ?
Après 20 ans de virages contradictoires, de détours tortueux et de mises en veilleuse répétées de la souveraineté, le vrai choix est pourtant évident. Ou le prochain chef s’engage à replacer la raison d’être du PQ au centre de son action et de son discours politiques.
Ou, au contraire, il continuera à s’enliser dans les méandres d’un attentisme qui s’est amplement avéré être suicidaire, que cela prenne cette fois-ci la forme de négociations constitutionnelles fantasmées ou d’une main tendue à la CAQ qui n’en a cure.
La question se pose parce qu’à force de tergiverser sur son option, le PQ risque moins une mort soudaine qu’une obsolescence le condamnant à vivoter longtemps aux marges de l’arène politique québécoise.
C’est pourquoi les péquistes, face au choix d’un prochain chef, devront s’interroger sur l’essentiel. À quoi sert leur parti ? Sous quelle personnalité politique veulent-ils présenter le PQ à l’électorat et à eux-mêmes ?
Le PQ voudra-t-il se métamorphoser en clone de la CAQ ? Auquel cas, il finira par s’y fondre. Ou se présentera-t-il à visière levée, son option portée clairement ? Quitte à passer son tour au pouvoir comme il le fera de toute manière, mais en gardant tout au moins la tête haute.
Après 20 ans de tergiversations sur sa propre raison d’être, le véritable test de crédibilité, il est là. Tentera-t-il de survivre en étant ce qu’il doit être ? Ou vivotera-t-il dans des détours aux airs pourtant connus de cul-de-sac ?