Pour la première fois de son histoire, Le Journal publie aujourd’hui dans leur intégralité des documents qui ont servi à mener des perquisitions pour une enquête criminelle.
Cette enquête, c’est Mâchurer, un projet que mène depuis 2014 l’Unité permanente anticorruption (UPAC), à propos d’allégations de fraude et abus de confiance au Parti libéral du Québec (PLQ) à l’époque où Jean Charest en était le chef.
Nous pouvons publier ces documents de la première à la dernière page parce que la Cour suprême a refusé hier d’entendre la requête de l’ex-argentier libéral Marc Bibeau, qui voulait empêcher les médias d’en révéler le contenu.
Il s’agit d’affidavits que les policiers ont présentés à un juge afin d’obtenir des mandats de perquisition dans les bureaux de ses entreprises, à Saint-Eustache.
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Dans les passages en jaune, que l’homme d’affaires voulait soustraire au regard du public, on peut lire ce que plusieurs patrons de firmes de génie et de construction ont confié sous serment à l’UPAC dans le cadre de l’enquête Mâchurer.
En substance, ces patrons racontent à la police qu’ils ont accepté de financer le PLQ dans l’espoir d’obtenir des contrats, de l’influence ou simplement une oreille attentive dans l’entourage du premier ministre Charest.
Vous remarquerez que certains passages restent caviardés. C’est le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) qui a décidé de procéder ainsi, afin de ne pas nuire à l’enquête Mâchurer, qui suit son cours.
- Me Marc-André Nadon, avocat qui représentait La Presse au procès de Marc Bibeau, était à Dutrizac sur QUB radio:
Il est important de rappeler que toutes les allégations faites dans ces affidavits n’ont pas encore été prouvées devant un tribunal.
Ni Marc Bibeau, ni Jean Charest, ni aucune autre des personnes ciblées par l’UPAC dans Mâchurer ne font à ce jour l’objet d’accusations criminelles.
J’en profite pour saluer la ténacité de nos avocats, mais également de ceux des quotidiens La Presse et The Gazette, qui ont mené conjointement les démarches au cours des deux dernières années pour permettre au public de prendre connaissance de ces informations.
Bonne lecture.
Jean-Louis Fortin
Directeur du Bureau d’enquête