L’Unité permanente anticorruption a déployé des efforts considérables dans le but de démontrer que le Parti libéral de Jean Charest aurait bénéficié de financement illégal en échange d’influence ou de décisions politiques pendant une décennie.
Dans un livre-choc sorti en librairies aujourd’hui, intitulé PLQ inc., notre Bureau d’enquête montre jusqu’où les policiers sont allés dans le cadre du fameux projet Mâchurer.
Cette enquête lancée en 2014 dans la foulée de la commission Charbonneau a été fortement médiatisée, notamment en 2017 quand l’ex-grand patron de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) Robert Lafrenière a affirmé publiquement que ses troupes avaient rencontré plus de 300 témoins.
Mais Mâchurer a eu du plomb dans l’aile, notamment en raison de contestations judiciaires menées jusqu’en Cour suprême par les avocats de Marc Bibeau, l’ancien argentier libéral et ami de Jean Charest.
Le corps policier refuse aujourd’hui de dire où est rendue l’enquête et si elle débouchera ou non sur des accusations.
- Les journalistes Jean-Louis Fortin et Félix Séguin étaient à l’émission Dutrizac sur QUB radio:
Interrogatoires
Les documents et sources que nous avons consultés pour la rédaction de PLQ inc. font état de multiples interrogatoires faits par la police, notamment auprès d’anciens ministres, dirigeants du parti, ainsi que d’ingénieurs et d’entrepreneurs qui finançaient la formation politique.
Dans certains de ces interrogatoires, les policiers en ont appris sur le train de vie de Jean Charest ainsi que sur les allégations de « pont d’or » financier qui lui aurait été offert à l’occasion de son passage de la politique fédérale à la politique provinciale, à la fin des années 1990.
Les enquêteurs de l’UPAC ont mené des opérations de filature et planifiaient même de l’écoute électronique, sans qu’on sache s’ils sont finalement passés à l’acte.
Ils ont également saisi des milliers de documents, dont des tableaux retrouvés dans les serveurs du parti décrivant avec précision les sommes faramineuses amassées par la formation politique.
Déchirements
Jean Charest et Marc Bibeau, qui ne font l’objet d’aucune accusation, ont décliné notre invitation à émettre des commentaires dans le cadre de la rédaction de cet ouvrage.
PLQ inc. aborde aussi les coulisses de l’enquête Justesse, qui visait une poignée de collecteurs de fonds libéraux soupçonnés de s’en être mis plein les poches avec l’octroi de baux de la défunte Société immobilière du Québec (SIQ), et qui semble aussi avoir abouti à un cul-de-sac.
L’ouvrage fait également le point sur les réussites et les échecs de 10 ans de lutte à la corruption au Québec. Il montre les déchirements internes à l’UPAC alors que le corps policier enquêtait sur des fuites d’informations.
Dans les coulisses de l’enquête inachevée
Un livre-choc de notre Bureau d’enquête révèle ce que la police a appris en s’intéressant aux allégations de financement illégal au Parti libéral du Québec.