Le premier ministre Stephen Harper convoque ses homologues provinciaux à une conférence sur l'état de l'économie. La date retenue, le 10 novembre, est pour le moins embêtante pour le premier ministre Jean Charest, qui sera, selon toute probabilité, en campagne électorale.
Cette rencontre, les premiers ministres des provinces la souhaitaient vivement. Réunis à Montréal sous la présidence de Jean Charest il y a une semaine, ils avaient prié unanimement Stephen Harper de les réunir. Ils n'attendaient pas une réponse si tôt, sachant que le premier ministre canadien avait de multiples dossiers sur le feu au lendemain d'une campagne électorale.
Que le gouvernement fédéral réagisse aussi rapidement est une bonne nouvelle. C'est le signe que Stephen Harper prend au sérieux les turbulences provoquées par la crise financière. En campagne électorale, il avait plutôt cherché à les minimiser, alors que ses adversaires réclamaient un plan d'action immédiat. Dès le scrutin passé, le ministre des Finances, Jim Flaherty, avait commencé à prendre des actions marquant un changement de ton. M. Harper a quant à lui conclu manifestement qu'il y avait urgence à ce que les gouvernements mènent une action concertée.
La tenue de cette conférence pose un problème au premier ministre québécois, qui est apparemment décidé à déclencher, au cours de la semaine prochaine, un nouveau scrutin pour obtenir un mandat fort pour gérer la crise économique appréhendée. Or, pour une majorité de Québécois, en fait pour trois sur quatre selon les résultats de deux sondages publiés hier, ces élections arrivent à contretemps. La priorité est à leurs yeux que le gouvernement se consacre à la gestion de l'économie.
Jean Charest ne pourra pas ne pas participer à cette conférence même si le décompte électoral est commencé. Il ne peut tout de même pas déléguer cette responsabilité à un ancien premier ministre comme il vient de le faire pour la mission économique en Chine qu'il devait présider. Il ne peut non plus demander de la reporter. Il sera donc là, mais avec deux chapeaux, celui de premier ministre et celui de chef du Parti libéral. Il y aura forcément confusion des genres et des intérêts. Sa lecture de la réalité économique pourra être altérée, comme cela s'est produit chez Stephen Harper pendant la campagne fédérale.
La gestion de la situation économique est, dans le contexte présent, une affaire trop importante pour qu'elle devienne l'otage de partis en mal de popularité. Il faut plutôt en faire une cause partagée par tous, partis politiques et groupes socio-économiques. Il faut qu'en se présentant à Ottawa le 10 novembre, Jean Charest puisse exprimer des attentes bien définies qui correspondent aux besoins de l'économie québécoise.
À cette conférence, les provinces seront là moins pour dire ce qu'elles peuvent faire que pour presser Ottawa d'agir dans un certain sens. Les vrais outils pour réagir à la crise actuelle sont dans les mains du gouvernement fédéral. C'est lui seul qui peut fournir aux institutions financières les liquidités dont elles ont besoin. Il a par ailleurs davantage de moyens pour appuyer la restructuration des secteurs industriels les plus touchés par le ralentissement économique. Ou encore pour créer les programmes qui accroîtront la productivité des entreprises et engageront le recyclage d'une main-d'oeuvre qui sera lourdement affectée par des mises à pied. Cela ne pourra se faire que si tous les gouvernements agissent de concert et se concentrent sur un même objectif. Pour sa part, Jean Charest entretient deux objectifs qui ne sont pas conciliables en tous points. Dans le contexte actuel, il devrait se contenter de ne porter que le chapeau de premier ministre, pas celui de chef de parti.
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