Le monde économique, et cela est préoccupant, est au bord de la crise de nerfs. De la Chine au Brésil, de l’Inde aux États-Unis, l’extrême lenteur des dirigeants européens à trouver une solution à la crise de la dette agace au plus haut point. À telle enseigne qu’ici et là, traiter quelqu’un d’Européen est désormais une… injure. Sans blague. Au cours de la dernière quinzaine, les chiffres relatifs à la croissance économique en Chine, en Inde et au Brésil détaillent en quoi et pourquoi un fléchissement plus prononcé qu’anticipé a été enregistré. Aussitôt communiquée, cette contre-performance a été attribuée par plus d’un dirigeant de ces nations à la mollesse des Européens. Aux États-Unis, où les dernières données sur la création d’emplois traduisent un ralentissement, Barack Obama a admonesté Merkel et consorts en soulignant qu’il serait temps de « faire preuve d’engagement politique ». Ce n’est pas tout. Simultanément, on apprenait que le Royaume-Uni sombrait à nouveau dans les dédales de la récession. Il n’en fallait pas plus pour que le ministre des Finances George Osborne signe dans les colonnes du Sunday Telegraph un acte d’accusation à l’encontre des dirigeants de la zone euro. Et ce, quelques jours après que le premier ministre Dave Cameron eut imploré ces derniers en leur rappelant, à grands traits, que près de la moitié des produits Made in UK garnissent les rayons du continent. Bref, entre Pékin, Washington, Londres et autres, une opinion s’est forgée qui révèle notamment que l’Europe est l’objet d’une méfiance plus marquée que jamais. D’autant que tous ces entrelacs économiques s’accompagnent d’une montée en puissance de l’euroscepticisme dans tous les coins et recoins du continent. En Grèce comme en France, les derniers scrutins ont mis en lumière la progression de formations politiques qui ont fait du retrait de l’Europe, et du repli sur soi, la pierre angulaire de leurs programmes. Pire, un sondage effectué par le Pew Research Center fin mai nous apprend que l’attrait pour l’Europe est en repli, fort repli, partout. En Espagne et en République tchèque, ce désamour atteint 20 % de la population. Hier, ce cocktail fait de capharnaüm économique et de gâchis politique a eu un effet boeuf sur la cote de crédit de l’Espagne et de l’Italie. Signe d’un déficit de confiance très élevé, les marchés ont imposé un taux d’intérêt avoisinant les 7 % à l’Espagne et au-delà de 6 % à l’Italie. Autrement dit, c’est intenable. C’est intenable, mais c’est aussi très injuste. Voire rageant ! Car… Car, hier également, une analyse économique effectuée par l’European Council on Foreign Relations enseigne qu’en Grèce, le déficit structurel, soit le déficit de fonctionnement du gouvernement, est passé de 12,8 % en 2009 à 1,8 % en 2011, en Espagne, de 9,5 % en 2010 à 1,9 % en 2012, au Portugal, de 9,5 % en 2010 à 2,2 % en 2012. Ces trois nations réputées être peuplées de tire-au-flanc, pour faire écho aux élucubrations racistes du quotidien allemand Bild, ont accompli en la matière un boulot bien plus énorme que la soi-disant vertueuse allemande dans un laps de temps plus court. Dans la même étude, il est souligné que les Européens, les Allemands au premier chef, ont très mal calculé les conséquences de l’austérité imposée à tous. Qu’ils ont commandé de fait des coupes budgétaires qui ont « aggravé la récession ». De quoi rager à la puissance 10. Car… Car dans cette histoire, on feint d’ignorer que la nation qui a le plus profité de l’euro s’appelle l’Allemagne. Il serait temps de rappeler à voix haute et forte que la Banque centrale européenne (BCE) a toujours conçu l’évolution de ses taux en fonction, pour être précis, des exportations allemandes. Il serait temps que l’Allemagne soit à son tour… solidaire !
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