L’humoriste Guy Nantel promet de soumettre la constitution d’un Québec indépendant à un référendum sur la souveraineté dès la première moitié d’un mandat péquiste.
Resté sur les lignes de côté durant les premiers mois en raison de la pandémie, le candidat à la chefferie du Parti québécois a finalement sauté dans l’arène mardi soir en dévoilant sa plateforme électorale. L’événement, tenu à Montréal devant des journalistes, était diffusé en ligne pour les militants.
En résumé, M. Nantel propose peu de mesures de gouvernance provinciale et met plutôt l’accent sur une démarche rapide d’accession à la souveraineté. Ainsi, un gouvernement Nantel créerait une assemblée constituante chargée de rédiger une constitution initiale pour déterminer les caractéristiques d’un Québec indépendant (régime politique, mode de scrutin, monnaie, frontières, etc.).
Les électeurs québécois seraient ensuite invités, dans la première moitié du mandat, à se prononcer par voie de référendum sur le projet de constitution et l’accession du Québec à l’indépendance.
Raison d’être du PQ
Même si l’appui à la souveraineté stagne dans les sondages, Guy Nantel ne craint pas que cette stratégie volontariste mène le PQ à sa perte. «Je vois ça plutôt à l’inverse. J’ai l’impression que ce qui a causé la perte du Parti québécois, depuis 25 ans qu’on dégringole dans les sondages et les pourcentages de vote aux élections, c’est justement parce qu’on ne s’assume plus et qu’on oublie la raison pour laquelle ce parti-là est né, c’est-à-dire de faire un pays», a confié le candidat en entrevue avec notre Bureau parlementaire.
La possibilité de perdre les prochaines élections n’entre pas en ligne de compte, dit-il. «Je ne mesure pas en termes de gains ou de pertes, je fais les choses parce que je crois qu’elles sont bonnes, explique le candidat. Je fais les choses selon mes convictions. C’était la même chose quand j’étais humoriste. Je ne faisais pas les choses en me disant: “Si je fais ce genre de gag-là ou je m’habille de telle manière, je risque de vendre plus de billets.” Je faisais quelque chose parce que je considérais que c’était la bonne chose à faire et c’est la même chose en politique.»
Talents de communicateur
Pour faire bouger l’aiguille d’ici le scrutin de 2022, l’humoriste devenu politicien entend donc faire de la «pédagogie» sur les avantages de la souveraineté, grâce à ses talents de communicateur. «Je pense qu’il n’y a pas eu beaucoup de gens dans l’histoire de la souveraineté qui ont bien pris le temps de vulgariser à quoi sert la souveraineté et en quoi c’est nuisible d’être subordonné à un autre peuple. Je ne suis pas en train de dire que les autres n’ont pas fait un bon travail, mais les documents légaux, sérieux, sont souvent lus par un très faible pourcentage de la population», dit M. Nantel.
«Étant quelqu’un de populaire et de connecté sur le peuple, je pense être capable de faire en sorte de pouvoir changer le courant, de connecter avec le peuple, ajoute-t-il. Ce n’est pas tout de faire un bon plan, il faut le communiquer et il faut que les gens y adhèrent. Je pense que c’est une force que j’ai, de pouvoir communiquer à la fois avec des intellectuels, mais aussi avec le peuple. Je me sens bien à l’aise dans ce rôle-là.»
Connu pour ses vox pop humoristiques, Guy Nantel dévoilera d’ailleurs sous peu cinq premières vidéos dans le cadre de sa course à la chefferie.
Quelques propositions de sa plateforme
- Gratuité scolaire de la maternelle au baccalauréat. Toutefois, au niveau postsecondaire, des frais liés à la reprise d’un cours ou un abandon seraient assumés par l’étudiant.
- Étendre la loi 101 aux cégeps et DEP, interdisant ainsi aux francophones et immigrants de fréquenter les établissements anglophones.
- Exiger que les immigrants «possèdent, avant leur arrivée, des compétences dans les secteurs d’emploi à forte demande ainsi qu’une connaissance suffisante du français pour entretenir une conversation».
- Reconduire la clause dérogatoire sur la Loi sur la laïcité de l’État et interdire les exemptions scolaires pour des motifs religieux.
- Instaurer un impôt supplémentaire d’environ 2% ou 3% pour les entreprises dont la marque de commerce utilise des mots autres que le français (sauf les noms de famille).