(Québec) La ministre Julie Boulet doit quitter le ministère des Transports. Le laxisme constaté par le vérificateur général dans ce ministère, qui s'avère le plus gros donneur d'ouvrage, exige qu'une personne plus crédible et plus soucieuse d'une saine gestion des fonds publics prenne la place.
Ce n'est pas la première fois qu'un vérificateur signale la gestion trop brouillonne des fonds publics dans un ministère. La démission de son titulaire n'est pas réclamée pour autant. Cette fois-ci, le contexte impose une réaction exemplaire. Et ce, pour deux raisons.
Les finances du Québec sont précaires. Pour rétablir l'équilibre, des sacrifices importants seront exigés au cours des prochains mois aux ministères, aux contribuables et, probablement, aux salariés de l'État. Un premier ministre ne peut tolérer que dans une telle conjoncture, un ministère octroie à la légère des milliards de dollars de contrats, sans se soucier si le jeu de la concurrence a cours, si les dépassements de coûts sont justifiés et si les évaluations nécessaires sont réalisées avant d'accorder un contrat et de payer pour sa réalisation. Il doit prouver qu'il gère serré avant de piger dans les poches des contribuables ou de sabrer dans les services.
Il est justifié d'investir dans les infrastructures pour stimuler l'économie et améliorer notre réseau routier en piteux état. Encore faut-il s'assurer d'en avoir pour notre argent. Le rapport du vérificateur, sans être exhaustif, démontre que ce n'est pas le cas. Des contrats sont accordés en vertu de situations d'urgence qui n'en sont pas. Des dépassements de coûts de plusieurs millions de dollars sont payés avant d'être justifiés et autorisés. La ministre Boulet a beau dire et répéter que des règles ont été resserrées et qu'elle suivra les recommandations du vérificateur, le mal est fait. La confiance du public est ébranlée.
La gestion déficiente du tandem Boulet-MacMillan est encore plus inexcusable dans un contexte où des allégations de collusion et de conflits d'intérêts entre élus, fonctionnaires et entrepreneurs de la construction sont portées sur la place publique depuis le début de l'année. Contrairement à ce que pense Norman MacMillan, ce ne sont pas des «niaiseries».
Le mandat du vérificateur n'était pas de déterminer s'il y avait collusion entre différents acteurs. Son équipe a examiné la gestion de contrats présentant des situations à risque dans quatre régions. Il ne parle pas de cas de fraude ou de collusion impliquant les ministres.
Il relève cependant qu'en 2004, un rapport interne du ministère faisant état d'un processus d'appel d'offres contaminé et d'essais pour éliminer la concurrence est resté lettre morte. Aucune information n'a été signalée à la Sûreté du Québec ni au Bureau de la concurrence. Ce n'est qu'en 2006, lorsque la situation a été dénoncée, que le Bureau de la concurrence a demandé et obtenu du ministère une copie du rapport.
Pourquoi? La situation est assez troublante pour exiger des explications non seulement de la ministre, mais aussi du premier ministre. Son gouvernement s'évertue depuis des semaines à mettre en place des mécanismes pour rassurer la population sur l'octroi des contrats du gouvernement et des municipalités. Les résultats seront bien minces si les ministres et les hauts fonctionnaires demeurent passifs lorsque des signaux d'alarme s'allument.
Si Jean Charest veut faire l'économie d'une commission d'enquête, il doit manifester plus de conviction. Garder le silence pendant une heure lorsque l'opposition l'interroge sur le rapport du vérificateur et n'ouvrir finalement la bouche que pour rabâcher que Pauline Marois a assisté à une instance de la FTQ et conclure que le ministère des Transports a fait sa job en 2004 ne donne pas confiance aux contribuables.
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