5 novembre 1997
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Faut-il en rire ou en pleurer?
Plus les années passent, pires sont les scénarios d'épouvante qu'on nous sert sur l'éventualité d'un OUI à la souveraineté. La semaine dernière - juste à temps pour l'Halloween! -, c'était au tour du QCC, le Québec Committee for Canada, de nous prédire les pires atrocités.
Dans un rapport funeste où il ne manque plus que les nuées de sauterelles, ces cavaliers de l'apocalypse nous annoncent la partition, la désobéissance civile, une crise budgétaire et monétaire, la suspension des prêts hypothécaires, l'effondrement possible du système bancaire, la fuite des capitaux, et j'en passe. Un peu plus et on imagine la une du Monde diplomatique le lendemain d'un OUI: «Le Québec: fermé pour cause d'apocalypse!».
Le message est clair: sortir du Canada nous ferait beaucoup souffrir! Du moins, c'est ce qu'on nous dit. Pendant ce temps, personne ne commande de «rapports» sur les conséquences possibles d'un troisième NON. Après tout, si une première défaite nous a donné le rapatriement unilatéral, et la seconde le plan B, n'y a-t-il pas lieu de s'inquiéter de ce qui suivrait un troisième refus?
Pour pallier ce manque (et pour en rire plutôt qu'en pleurer), voici un rapport éminemment fictif sur les conséquences d'un troisième NON, lequel fut trempé dans la même marmite de peur où ont mijoté moult rapports comme celui du QCC. Ce texte n'a donc rien de sérieux. Avec un brin d'humour, il ne vise qu'à divertir des épouvantais qui pullulent autour de nous.
Donc, qu'arriverait-il si le NON l'emportait, disons en l'an 2001, par une très faible marge?
Dès le lendemain, des millions de Québécois contestent ce NON. Ils considèrent qu'il fut obtenu de manière injuste puisque la Loi référendaire, n'ayant pas été protégée de la Cour suprême, a permis la multiplication des dépenses des «tiers» fédéralistes. Parce que l'équité des dépenses n'a pas été assurée, ils refusent de payer leurs impôts à Ottawa. La perte de revenus est telle que Sheila Copps doit vendre aux enchères des millions de drapeaux canadiens. Ottawa ne trouvant aucun acheteur, la crise budgétaire s'amplifie et le dollar chute.
Pour faire peur aux fédéralistes, deux millions de souverainistes déçus songent à partitionner les comtés, villes, rues et maisons ayant voté OUI. Le mouvement est initié par le roi du Saguenay.
Pour mettre fin à la désobéissance civile, Preston Manning est élu premier ministre du Canada. Avec son pouvoir de désaveu, il annule toutes les lois québécoises. Conseillant à Lucien Bouchard de ne pas se servir du «nonobstant» pour les protéger, la plupart de nos «analystes» y voient une bonne occasion de les améliorer...
Ottawa ordonne la privatisation d'Hydro-Québec, ce dangereux symbole d'affirmation nationale. Les coûts de l'électricité montent en flèche. Incapables de payer leur chauffage, des hordes de Québécois quittent définitivement pour la Floride.
Cet exode massif provoque la débâcle du Mouvement Desjardins qui, lui aussi, s'exile en Floride. Ce qui mène, au Québec, à la dilapidation des épargnes, la fuite des capitaux, l'annulation des prêts hypothécaires, des milliers de faillites de PME et la fermeture des guichets automatiques! Le non-remboursement d'une montagne de prêts étudiants vient regonfler le déficit du Québec et oblige Moody's à le décoter.
Les coffres étant vides, les hôpitaux sont fermés et les épidémies éclatent. Pis encore, Jean Rochon est nommé ministre de la Santé «à vie».
Des savants, subventionnés par le Conseil privé d'Ottawa réussissent à cloner Howard Galganov. Ils en dépêchent plusieurs exemplaires dans ce qui reste de délégations générales du Québec.
Pour sauver l'humanité de la menace «sécessionniste», Stéphane Dion promet son cerveau à la science. Mais la science refuse! Humilié, il devient «séparatisse» et fonde le Front de libération des politiciens honnis (FLPH). Jean Chrétien et Pierre Trudeau s'y joignent immédiatement.
Guy Bertrand est nommé juge en chef de la Cour suprême. Ce qui, bizarrement ne change rien...
Robert Libman est nommé président de l'OLF, qui devient le «OLA», l'Office de la langue anglaise.
Mordecai Richler est nommé ambassadeur du Canada à Paris. Il donne sa première réception en l'honneur des clones de Galganov.
Ottawa décrète le 27 octobre fête nationale... seulement au Québec. En ce jour, les Québécois, recouverts d'unifoliés, doivent défiler sur le boulevard redevenu «Dorchester» en criant «We love you Kwibek». Le tout se déroule au son de la chanson de Céline Dion, Pour que tu m'aimes encore, jouée par la fanfare de la GRC.
Appelés à servir inconditionnellement la cause fédéraliste, RDI est rebaptisé «RDC» (Réseau de la désinformation continue), Télé-Québec devient Télé-Unité et Radio-Canada demeure... Radio-Canada.
L'émission Christiane Charette en direct est remplacée par Joan Fraser Live!
Animée dorénavant par Conrad Black, l'émission Québec plein écran devient Canada pleins pouvoirs.
Financé par le Québec Committee for Canada et Galganov, William Johnson achète Le Devoir.
L'ONU déclare le Québec «zone sinistrée» et y dépêche des casques bleus... canadiens.
La maxime «Je me souviens» sur nos plaques d'immatriculation est remplacée par «C'est bien mieux au Burundi!».
On assiste à un exode massif d'allophones qui, face à une société qui refuse de se dire oui, perdent tout respect pour celle-ci.
Pour la même raison, les nations autochtones déclarent leur indépendance.
Maintenant amusez-vous à produire votre propre rapport apocalyptique! Ou faites-en un jeu de société pour vos soirées d'amis! Comme on nous l'a prouvé depuis 20 ans, les combinaisons sont illimitées. Un seul conseil: ne vous croyez pas plus que vous croyez le rapport du Québec Committee for Canada...
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