Dans la foulée du Jour de l’Émancipation, nouvelle fête décrétée par le fédéral, on apprend que Télé-Québec diffusera dès le 10 août la websérie documentaire Décoloniser l’histoire, présentant 10 chapitres « méconnus » de l’histoire canadienne et québécoise, animée par Vanessa Destiné (d’origine haïtienne qui « défend un féminisme intersectionnel »), Maïtée Labrecque-Saganash (« militante crie » de mère canadienne française) et Youssef Shoufan (d’origine syrienne né à Damas en 1987).
Cette série subventionnée par vos impôts sera présentée du point de vue de personnes autochtones et racisées. Le tout sera diffusé sur le site web de Télé-Québec ainsi que sur son application.
La websérie produite par Picbois abordera entre autres, dans des épisodes de huit minutes, l’histoire des pensionnats autochtones, le destin des travailleurs chinois des chemins de fer, la plus grande émeute étudiante au Canada à l’université anglophone (!) Concordia, ainsi que la vie de Mary Two-Axe Early ou celle de Sam Rabinovitch.
Quelques remarques :
Décoloniser l’histoire est un terme très politiquement chargé. Il s’agit de culpabiliser et par là de délégitimer la présence européenne, d’éliminer au moins symboliquement la prééminence de la colonisation occidentale et de s’attaquer à de prétendus privilèges économiques des blancs en prônant la discrimination positive qui favorisera les « racisés ». La présence européenne étant délégitimée, comment ces descendants européens pourront-ils s'opposer à l'immigration de masse venue d'ailleurs ? C’est un mouvement qui se nourrit des tensions et du ressentiment communautaires. Il n’est pas limité à l’Amérique du Nord, mais il atteint tous les pays peuplés par des Européens. C’est ainsi qu’il existe un mouvement « décolonial » en France qui, dans les termes de Mathieu Bock-Côté, « considère que la France achèvera son processus de décolonisation lorsque les Français seront étrangers chez eux. Les indigénistes croient qu’ils ont désormais, grâce à l’immigration massive, une base sociale qu’ils veulent mobiliser quitte à la contraindre par l’intimidation idéologique pour faire une démonstration de force. Cette mouvance cherche explicitement à construire une conscience raciale révolutionnaire et croit son heure arrivée, devant des élites ébaubies, qui ne comprennent pas que l’antiracisme indigéniste est un racisme antiblanc revendiqué. »
Il est ironique que des immigrants comme Vanessa Destiné et Youssef Shoufan [Choufane] parlent de décoloniser l’histoire du Québec, alors qu’ils sont eux-mêmes des colons modernes. C’est là que l’on comprend qu’il ne s’agit nullement de réparer des torts historiques, mais d’utiliser une histoire biaisée pour promouvoir les racisés, qu’ils soient récemment immigrés ou non, à force de culpabilisations de la majorité européenne.
La société de productions Picbois est coutumière des « documentaires » très « engagés », très « progressistes ». On trouve parmi ses autres productions :
- « Citoyens du futur [qui] donne la parole à un groupe de jeunes cégépiens environnementalistes et engagés. »
- « Briser le code révèle comment les personnes racisées et autochtones en sont venues à adopter des attitudes et des comportements pour se fondre dans la majorité québécoise sans déranger.
- « Les Brutes, deux filles de la génération Y à l’esprit vif, un brin baveuses, qui jettent un regard drôle et irrévérencieux sur des sujets dans l’air du temps » dont nous avions déjà parlé dans Vos impôts à l’œuvre : Télé-Québec et le féminisme extrémiste. En voici une capsule.
- « Debouttes ! est un documentaire sonore de 48 minutes réalisé par Jenny Cartwright qui relate un pan important et oublié de l’histoire du Québec. En 1971, des membres du Front de libération des Femmes du Québec (FLF) ».
- « Bagages est un documentaire réalisé avec des jeunes immigrants de l’école secondaire Paul-Gérin-Lajoie-d’Outremont. Ce film donne la parole et la scène à des jeunes de 12 à 17 ans, nouvellement arrivés à Montréal, il y a moins de deux ans. »
- etc.
Le mouvement décolonial croît de pair avec une immigration non occidentale croissante. L’augmentation rapide de cette immigration qui ne parvient pas à s’assimiler est une des conditions nécessaires à l’apparition de la culture victimaire selon Bradley Campbell et Jason Manning : « Pour qu’il y ait une discrimination réelle ou apparente, il faut une base sur laquelle distinguer facilement oppresseurs et opprimés. La race, notamment, est un facteur de distinction évident. On peut ainsi aisément répartir les rôles entre “dominants” et “dominés” ! » Voir L’essor de la culture victimaire.
Télé-Québec est une société de diffusion détenue par le gouvernement du Québec, son siège social est situé à Montréal dont la mission devrait principalement être tournée vers le Québec (les travailleurs chinois du chemin de fer en Colombie-Britannique !?)
Au sujet de la « plus grande émeute étudiante » mentionnée comme un des épisodes, les causes du conflit à l’Université Sir-George-Williams (devenue Concordia) remontent à 1968, lorsque six étudiants antillais anglophones ont accusé Perry Anderson, professeur de biologie, de discrimination parce qu’ils avaient eu de mauvaises notes à un examen. Les émeutes se conclurent par 2 millions $ de dégâts (13 millions $ en tenant compte de l’inflation) par les étudiants « racisés » et « afrodescendants ». Le professeur accusé de racisme par six étudiants noirs anglophones fut déclaré innocent. La commission d’audience chargée de l’affaire a estimé qu’« il n’y avait aucune preuve pour étayer les accusations générales de racisme ».
Télé-Québec devrait promouvoir la vision historique de la grande majorité des Québécois (les « Canadiens français ») et non faire la promotion d’une vision radicale racialisée qui mine la société québécoise.
Que fait la Coalition Avenir Québec au pouvoir, parti censément nationaliste ? La CAQ sait-elle même ce qui se trame à Télé-Québec, ce qui s’y diffuse avec l’argent du contribuable ? A-t-elle un corpus et les outils intellectuels nécessaires pour répondre à ce travail de sape ? Ou alors, coalition disparate, la CAQ désire-t-elle surtout ne pas aborder le sujet, son aile patronale poussant à une immigration importante, la loi sur la laïcité devant suffire à satisfaire les identitaires Québécois ? Un os que ces vieux Canadiens français devront se contenter de ronger.