->12719] *** Que n'a-t-on pas dit - et continue de dire, d'ailleurs, - sur ce petit village québécois de la Mauricie, sur ses habitants et, surtout, sur ses deux principaux représentants dans l'affaire des accommodements raisonnables, messieurs André Drouin et Bernard Thompson. Dernière et plus récente source de données, [le livre "Circus quebecus" des journalistes Jeff Heinrich et Valérie Dufour, qui leur consacrent tout un chapitre intitulé "L'éléphant: Hérouxville". Plus de 16 pages pour eux tout seuls! - Et pour dire quoi, encore? Car il faut rappeler que "les autres" qui ont été le plus villipendés, stigmatisés, dénigrés et méprisés, tout au cours de l'année 2007, ce sont les gens d'Hérouxville et, via eux, tous ceux et celles du "Québec profond" (entendez habitant hors-Montréal), et tous ceux et celles qui les ont appuyés. L'ouverture à l'autre, l'écoute, le bel "Echanger pour s'entendre", Hérouxville en a été exclu quasi d'office: cause jugée et entendue d'avance, sans nulle forme de procès, et pas de revenez-y!
LA VIEILLE LITANIE DES PRÉJUGÉS ET VIEUX CLICHÉS SUR HÉROUXVILLE
C'est encore et toujours le cas de Dufour et Heinrich qui reprennent, sans une once d'examen supplémentaire, les vieux clichés sur Hérouxville.
1) Qu'il s'agit d'un "village québécois devenu célèbre pour avoir adopté des 'normes de vie' interdisant notamment la lapidation et l'excision" (p.53). - Bon! Encore la même rengaine et encore le même stéréotype répété à satiété! A croire qu'il n'y a que cela dans leur Code! Sans même se rendre compte, en plus, que lapidation et excision sont des horreurs qui choquent tout le monde, sauf ceux et celles qui les pratiquent, bien sûr! - Non, mais, tout de même! Réveillez-vous, que diable! - Et Bouchard de demander à Drouin: "Est-ce que vous pourriez vous surprendre que des musulmans se trouvent un peu offensés par ces interdictions que vous faites aux immigrants?" (p.145). - Et Drouin de répondre: "Lorsqu'on travaille dans ces pays-là, on est offensés nous-mêmes de voir ça, c'est évident." (ibid) - 1 à 0 pour Drouin! Car réfléchissez, tout de même, à ce que ce Code interdit! - Et Bouchard de dire encore: "un peu offensant, quand même, ce genre de dispositions que vous prenez à l'égard des musulmans par exemple" (p.145). - M. Bouchard ne fait pas dans la nuance et il généralise à TOUS... (TOUS les musulmans), alors que certains seulement sont visés, et encore, pour l'excision, ce n'est même pas propre à l'islam! L'ignorance et la généralisation ne sont pas des travers qui se retrouvent sans cesse du même bord de la table!
2) Les gens d'Hérouxville et leurs "élucubrations islamophobes" (p.53), et "leurs propos teintés de xénophobie" (p.132).
3) Des gens qui ont été dénoncés comme "campagnards ignorants des grands enjeux de la société québécoise" (p.133).
4) Ce serait Hérouxville qui, avec la publication de ce Code de vie, aurait mis le feu aux poudres et obligé le premier ministre Charest à instituer une Commission de consultation sur la question des accommodements (p.132)... - Sans doute que nos deux célèbres Hérouxvillois en seront flattés, mais on peut s'interroger encore longtemps sur la véritable source de cette "crise". Drouin et Thompson, à ce niveau, figurent dans une liste assez longue de possibilités: les médias, Mario Dumont, le jugement de la Cour suprême sur l'affaire du kirpan (1996), certains membres de certaines communautés...
SUR LE CODE DES NORMES DE VIE HÉROUXVILLOIS
1) "Ils prônent, dans une prose parfois malhabile, l'assimilation pure et simple des immigrants" (p.133) - Ah oui? - Ah bon...
2) "En étudiant leur code de vie de près, le document apparaît curieux, voire souvent risible: leurs normes interdisent en effet à un chauffeur de taxi de refuser de prendre des passagers accompagnés d'un chien ou qui transportent des boissons alcoolisées..." (p.133) - Non mais, vous vous rendez compte? RISIBLE, cette interdiction, alors que la Cour suprême du Canada vient de trancher là-dessus: oui, c'est interdit! - L'Absurdistan journalistique...
3) Dufour et Heinrich mentionnent deux articles de ce Code, celui sur les femmes et celui sur les enfants. Ils les citent tels qu'ils sont formulés à la fin du [mémoire de Drouin et Thompson->9721], mais s'ils avaient eu la conscience professionnelle d'aller vérifier la version finale du Code en question, accessible sur le site web de la municipalité, ils se seraient rendus compte que tout ce qu'ils jugent comme étant "une série d'exemples outranciers" a été enlevé! - Et eux aussi tombent dans la généralisation en prétendant que le résultat de ces exemples, c'est que: "on met tous les nouveaux immigrants dans le même panier, les traitant comme s'ils étaient des barbares issus de civilisations inférieures" (p.135).- Plus gros et bête jugement, plus mesquine et fausse interprétation que cela, tu meurs!
MAIS QUI EST "HÉROUXVILLE" ?
En effet, QUI c'est, "Hérouxville"? Une "bourgade" du "Québec profond"? Une gang de "morons" ou "campagnards ignares"? Des xénophobes qui ne savent rien des immigrants? - Mais ouvrez donc les yeux une bonne fois pour toutes, mesdames et messieurs les journalistes! "Hérouxville", en fait, c'est essentiellement, voire uniquement deux hommes, André Drouin et Bernard Thompson, et il faut savoir qui ils sont. Il est probable que quelques autres gravitent autour d'eux car Thompson a écrit, à propos du Dr Wolfe: "Hérouxville, ne lui en déplaise, est d’abord un village dont le nombre de natifs est en régression. Depuis plusieurs années, de nombreux Montréalais s’y sont installés après des études ou un travail à l’étranger. Quelques immigrants ont même adopté ce coin paisible de la Mauricie. Eh oui ! Il y a des immigrants à Hérouxville."
On sait qu'on les a traités (surtout Drouin, mais Thompson n'y a pas échappé), de tous les noms que leur mémoire énumère: "morons, menteurs, xénophobes, fascistes, égoïstes, obscurantistes, dictateurs, nationalistes, laïcistes, racistes, farfelus, idiots, anti-tout, profonds, nuisances au développement des régions, débiles intolérants, cons, échevins échevelés, retardés, en retard d'une coche, cas isolé et honte pour le Québec à l'étranger", - à quoi il faut ajouter celui de "dangereux illuminés"!
Or, ces deux hommes sont loin d'être des deux de pique. André Drouin a JOUÉ à le paraître, mais il ne faut pas en être un pour y réussir aussi bien et ce, jusqu'à berner pratiquement tout le monde, et particulièrement journalistes et intellectuels.
[->8190]Nous en savons peu sur eux, mais le livre de Thompson, "Le syndrome Hérouxville ou les accommodements raisonnables", nous en apprend davantage. Tout d'abord, et il ne faut jamais perdre cela de vue, les deux connaissent très bien "les principes moteurs et les rouages de la communication, des ventes et du marketing à l'intérieur des multinationales." (p.14)
Maintenant retraité, André Drouin est ingénieur et a travaillé pour des multinationales, dont Xérox. Il a séjourné au Moyen-Orient et particulièrement en Arabie saoudite. Comme il l'a souvent répété (mais à des sourds, semble-t-il), il est spécialisé dans la résolution ou gestion de problèmes à l'aide d'un processus bien défini, spécialité qu'il a fort bien appliquée dans la question des accommodements raisonnables.
But: que l'on parle des accommodements raisonnables et qu'on règle le problème une fois pour toutes.
Moyen: un Code de vie municipal percutant qui va faire jaser non seulement la province, mais le monde entier!
Etapes: 1) Faire partie du conseil municipal. 2) Y faire voter un Code de normes de vie après avoir sondé la population locale. 3) Une fois ce Code voté, le faire connaître en l'envoyant à un ou une journaliste que ça ne laissera pas indifférent, puis envoyer des lettres aux ministères concernés, tant au provincial qu'au fédéral. 4) Nombreuses interviews à la radio et à la télévision dont, bien sûr, "Tout le monde en parle". - Etc, on connaît la suite, et comme la saga des accommodements n'est pas encore terminée, je soupçonne cet André Drouin de mijoter encore quelque chose, une prochaine étape...
Quant à Bernard Thompson, c'est un retraité de chez Bell Canada depuis 2004, et qui est allé s'installer à Hérouxville, dont il est rapidement devenu le webmestre de son site internet. Il suffit de lire ses textes, et aussi son livre, pour s'apercevoir que c'est un intellectuel qui sait de quoi il parle, qui est très instruit de ce qui se passe dans le monde et qui ne parle pas à travers son chapeau.
Or, tout le monde fait COMME S'il s'agissait d'ignares n'étant jamais sortis de leur petit bled mauricien alors que ce sont de grands voyageurs devant l'Eternel... Toutefois, Dufour et Heinrich ayant eu l'occasion de les voir à l'oeuvre de plus près aux audiences de Trois-Rivières, ils ont eu l'honnêteté de reconnaître que "le plus étonnant a été de constater le calme olympien avec lequel les deux hommes ont défendu leur point de vue controversé. Malgré un mitraillage de questions en règle, les journalistes n'ont réussi ni à les déstabiliser ni à les ridiculiser ni à ébranler leurs certitudes" (p.147). - Remarque fort juste. Un mitraillage souvent méprisant, je l'ai moi-même constaté sur place, alors que caméras et micros étaient braqués sur Bernard Thompson après la présentation du mémoire. Une journaliste près de lui, qui lui tournait le dos et tenait son micro derrière elle à bout de bras, l'a interrompu au moins 3 fois, sous mes yeux (elle était devant moi et je voyais très bien son air méprisant), pour lui poser une question du genre: "Oui, mais..." sur un ton tout aussi méprisant, comme si elle avait affaire au pire des crétins que son boulot obligeait à supporter. Thompson a toujours répondu avec calme et assurance, et je dois dire que moi-même, j'ai été admirativement étonnée de son véritable calme olympien!
ET POUR FINIR...
"Dans 50 ans, qu’est-ce qui suscitera le rire des historiens? La déclaration d’Hérouxville ou le mantra, usé à la corde, de l’«ouverture à l’autre», à l’«autre plus autre que le tout-autre» s’entend, à l’«autre» de la «diversité profonde», quand ce n’est pas à l’«autre» du «métissage» ou de l’«hybridation»? Il n’est pas sûr que nos multiculturalistes et nos chartistes, tellement convaincus de leur supériorité morale (pensez donc, accueillir l’«autre» comme ils le font, c’est admirable) et de leur titre à parler, à enseigner à la populace ignorante, auront alors l’air aussi sage qu’ils le croient." (Gilles Labelle)
Riront donc bien ceux qui riront les derniers!
NOTE: Eric Demers a répliqué à Gilles Labelle. Une réplique farcie d'oppositions radicales, abusives et fausses entre tel NOUS et tel EUX. Lui qui parle de "devoir de nuance et de prise de parole responsable", avec ses opposés extrêmes, il ne fait aucunement dans la dentelle. A lire ici: http://www.vigile.net/Herouxville-ou-le-fantasme-de-l-Un