Il est plus qu'évident que ma chronique sur la cachérisation, qui visait, je le rappelle, à démontrer l'abus qui était fait du mot antisémite, comme tout texte, d'ailleurs, qui aborde ce sujet (voir note 1), semble avoir touché une corde très sensible: cette expansion des produits cachérisés - et bientôt halalisés -, dont peu de gens s'étaient rendus compte jusqu'à il y a de cela quelques mois, dérange, elle choque, même, et on voudrait bien faire quelque chose pour remettre les choses à l'ordre, c'est-à-dire faire en sorte que les produits cachères ou halals restent ce qu'ils doivent être: des produits offerts à des minorités ou groupes religieux particuliers, et non imposés à tout le monde.
Deux aspects m'ont frappée dans les réactions suscitées: la recherche de ce qu'on peut faire pour y mettre fin (ou, du moins, avoir vraiment le choix d'acheter ou non cachère), et une tendance vers ce qui peut malheureusement se rapprocher de l'antisémitisme réel... D'où la mise au point suivante, qui porte, aujourd'hui, sur le second aspect. Comme l'a écrit Danny Chamberland à Richard Martineau: "Il faudrait expliquer aux gens ce qu'il en est vraiment de cette histoire de nourriture cachère... au-delà des histoires de complot et des relations plus que charnelles entre les Juifs et l'Argent qui reviennent souvent et qui sont, elles, antisémites et qui n'aident pas plus à nous faire comprendre quoi que ce soit." - Bien dit, M. Chamberland!
I. GARE À L'ANTISÉMITISME RÉEL
Rappelons, pour commencer, que malgré les chiffres que j'ai fournis sur le marché kasher, nous ne savons toujours pas ce qu'il en coûte réellement aux consommateurs. Tout ce qu'on peut dire, c'est que ce coût est extrêmement minime par produit acheté (une fraction de cenne, maximum 4 cennes), mais au total, et sachant qu'au moins 75% des produits vendus sont maintenant certifiés cachères, combien cela représente-t-il comme revenus nets pour ces entreprises de certification? Combien ce sceau coûte-t-il aux entreprises, qui absorbent forcément son prix en le refilant aux consommateurs?
De plus, le marché de la certification cachère est international. Sur le seul site de kashrut.com, on mentione 25 Etats US, et les pays suivants: Argentine, Australie, Belgique, Brésil, Canada, Chine, Colombie, Chypre, République tchèque, France, Allemagne, Hollande, Israel, Italie, Mexique, Nouvelle Zélande, Russie, Afrique du Sud, Ukraine, Royaume-Uni et Uruguay. Combien, alors, cela représente-t-il de revenus et de coûts au niveau mondial?
Quoi qu'il en soit, qu'il s'agisse de millions ou même de milliards $, force nous est de reconnaître que c'est un marché florissant et très rentable. Une véritable réussite commerciale à l'échelle de la planète, un empire commercial dont les perspectives d'avenir ne cessent d'ailleurs de croître. Mais qu'en penser exactement, suite aux questionnements qui ont surgi, particulièrement lors des travaux de la Commission B-T et depuis la diffusion du reportage de JE? Les questions posées sont légitimes et méritent qu'on y donne réponse.
Commençons par celles qui sentent passablement l'antisémitisme.
1) Un VOL?
Une façon de voir, particulièrement très sérieuse et très grave, consiste à dire que la cachérisation est un VOL. Quelqu'un a parlé de "ce vol de la collectivité par les juifs". Plus et pire encore, il a affirmé: "Je ne suis pas raciste mais quand je vois que par des détours hypocrites les juifs exploitent honteusement, vampirisent le pays dans lequel ils vivent, il n’est pas étonnant qu’ils aient été hais partout où ils ont vécu." - Voilà une affirmation qui a de quoi faire peur et qui, appliquée à une entreprise juive, respire terriblement l'antisémitisme le plus profond. Ou alors, il faudrait appliquer ces termes à toute entreprise commerciale rentable, de quelque nationalité qu'elle soit! Entreprise à but lucratif = exploitation, vol et vampirisation des consommateurs et consommatrices! - FIOUF!
En ce qui concerne les entreprises de certification cachère, il faut répondre aux questions suivantes: 1) quels sont les DÉTOURS HYPOCRITES utilisés? 2) Où est cette exploitation HONTEUSE? 3) Qu'est-ce qu'une exploitation honteuse? 4) Qu'est-ce donc qui distingue les entreprises de certification de toute autre entreprise générant des profits? (Cette entreprise commerciale juive porte d'ailleurs un nom: la kashroute!)
2) Une ARNAQUE et un RACKET?
D'autres, encore, qualifient ces entreprises d'arnaque et de racket. - Voilà une autre accusation très grave, d'autant plus qu'elle tourne autour de l'un des "préjugés" sur les Juifs disant que ce sont des "adorateurs du veau d'or", qu'ils ne pensent qu'à l'argent et que ce sont des exploiteurs et des usuriers qui, en plus, complotent pour contrôler le monde... - Ce n'est pas de la p'tite bière, ça, comme accusation! Si elle n'est ni justifiée ni démontrée, elle est alors à classer carrément dans les véritables propos antisémites. Or, jusqu'à présent, personne n'a apporté les preuves qu'il s'agirait d'une arnaque ou d'un racket. Je les attends toujours, ces preuves, et, comme je l'ai fait savoir à quelqu'un qui navigue dans cette voie, pour en faire la démonstration, il faut avoir bien en vue le sens de ces deux mots:
ARNAQUE: escroquerie, vol, tromperie.
ARNAQUER: escroquer, voler (de la part d'un commerçant malhonnête).
ESCROQUER: tirer quelque chose de quelqu'un par fourberie, par manoeuvres frauduleuses.
FRAUDE: action faite de mauvaise foi dans le but de tromper. Tromperie ou falsification punie par la loi. Acte accompli dans l'intention de porter atteinte aux droits ou intérêts d'autrui.
RACKET: Extorsion d'argent par chantage, intimidation ou terreur.
Compte tenu de ces définitions (Petit Robert 1995), il reste à démontrer que le commerce de la cachérisation y correspond, condition sine qua non pour justifier l'affirmation. Qui s'y met?
3) Des gens DÉLOYAUX et EXPLOITEURS?
Dans la même veine des très graves et très sérieuses accusations, il y a l'idée que les rabbins spécialisés dans la cachérisation sont déloyaux et exploiteurs. C'est le cas de Gébé Tremblay @ TIS: "Ce n’est pas un "talent" ou "don" pour les affaires qui fait leurs succès, mais l’éducation de leurs enfants au Talmud qui est une véritable bible du capitalisme et le fait qu’ils ont des diasporas dans tous les pays qui ainsi reliées forment un réseau international très efficace. Ils n’ont aucune loyauté envers ces pays et pas même envers eux-mêmes. S’ils peuvent exploiter d’autres juifs, ils le feront."
Quant à "Ougho", il considère qu'il y a là un véritable SCANDALE, rien de moins... - Qu'il s'agisse d'un commerce déloyal, purement exploiteur et scandaleux, en plus, reste à démontrer. Pour le moment, messieurs Tremblay et Ougho s'en tiennent à des affirmations gratuites, c'est-à-dire non justifiées.
4) Une TAXE déguisée et illégale?
Pour d'autres, il s'agit d'une TAXE servant, entre autres, à financer l'Etat d'Israël, "une sorte de taxe territoriale pour une cause nationale", dit un lecteur, qui serait équivalent à un sceau "Q" pour financer la souveraineté, la promotion de la langue française ou l'identité québécoise... - ou encore, l'équivalent d'un sceau "catho" pour financer notre patrimoine religieux ou pour permettre à des communautés religieuses d'offrir à nouveau des services à la population nécessiteuse... - Encore là, cette idée de TAXE, et non de coût d'un service, reste à prouver.
5) Une SUBVENTION À LA RELIGION JUIVE?
Pour d'autres encore, les entreprises de cachérisation servent à subventionner la religion juive, à LUI PAYER LA DÎME, en quelque sorte. C'est l'avis d'un certain Michel @ TIS : "Via la 'cachérisation', nous subventionnons la religion juive. Les sommes, prélevées dans nos poches, et versées par les compagnies aux rabbins et bientôt aux représentants musulmans, constituent une source de financement de leurs sectes. J’estime que je n’ai pas à payer pour la religion des autres. /.../ En somme, ils vous obligent, que vous soyez juive, jovialiste, chrétienne ou de la libre pensée, à payer la dîme à leur religion". Roger Mougeot soutient le même point de vue: "Ainsi, nos amis Juifs de confession hébraïque n’ont pas le droit de nous imposer indûment un paiement pour la sanctification de leurs produits kosher. Nous n’avons donc aucune obligation de leur payer pour cet impôt religieux sur leurs produits kosher."
Ici, on ne retient du processus de cachérisation que la bénédiction des rabbins, mais c'est là, à ce que je sache, une infime partie du processus... Certains pensent que c'est comme un curé - ou un évêque - qui irait bénir toutes les chaînes de production et tout ce qui touche aux produits pour les rendre "cathos" ! - Mais ce n'est pas le cas. C'est surtout, et essentiellement, une question d'INGRÉDIENTS.
6) Une IMPOSITION à tous?
Enfin, ce qui dérange un bon nombre de personnes (dont je suis, dans ce cas-ci), c'est que la cachérisation nous a été imposée malgré nous, à notre insu et sans consultation, et qu'on n'a plus guère le choix de manger cachère ou pas. Certains, comme Stéphanie Roy @ Martineau, vont jusqu'à dire qu'on subit un rituel religieux qu'on nous impose...
QUELQUES QUESTIONS
1) Qu'on parle de subventionner la religion juive ou de faire des dons involontaires à une organisation religieuse, est-ce juste et réel?
2) Acheter un produit certifié cachère, est-ce "acheter religieux"? (Michel) - Il est certain qu'il s'agit d'une certification religieuse, mais ce n'est pas seulement cela, loin de là. C'est aussi un sceau de certification de la qualité du produit (voir note 2). Des carottes ensachées certifiées cachères ne sont pas devenues un aliment religieux: elles ont simplement été nettoyées d'une manière spécifique!
3) Qu'on parle de "religions envahissantes" et de "conquête des supermarchés par les intégristes religieux" (Michel), c'est peut-être effectivement l'impression que ça donne, mais est-ce cela, la cachérisation?
4) Un dénommé "Phil du Mile-End" écrit à Roger Mougeot: "En démocratie, on ne peut légitimement empêcher un entrepreneur privé d’appliquer les pratiques commerciales qu’il juge adéquates pour la commercialisation de ses produits. Il faut voir cette pratique comme une méthode de marketing comme une autre. A la rigueur, certains distributeurs peuvent même exiger de leurs fournisseurs cette certification Kasher et ceux-ci doivent se conformer à cette exigence s’ils ne veulent pas voir un marché complet leur échapper. Tout ce que l’on peut faire, si on est en désaccord, c’est de ne pas acheter ces produits." - Que répondez-vous à cela?
5) Comment se fait-il qu'on s'en prend à la certification cachère, et non à toutes les autres certifications? Généralement, ces autres-là sont garantes de qualité et, sous de nombreux aspects, la certification cachère en est une. (Voir note 2.) - Et pour détendre un peu l'atmosphère, voici le commentaire de "Pas de Bullshit" à Martineau: "Et le pétrole? C'est bizarre que vous ne chiâlez pas contre les nababs du pétrole qui soutiennent des dictatures islamistes et qui financent des mouvements extrémistes musulmans. Pendant que les sheiks du pétrole sont en train de trôner sur leurs bols de toilette en or massif, vous continuez à les engraisser à chaque fois que vous faites le plein d'essence. Par contre, vous chiâlez contre la certification kosher qui coûte un maigre 0.0000065 de une cenne par item." - Ça vaut la peine d'être répondu, ça, non? :-))
La semaine prochaine: ce qu'on peut faire, si on est en désaccord avec la cachérisation.
NOTE 1:
Les deux textes de Denis Landry, publiés sur Vigile, ont été lus respectivement par 2,206 et 926 personnes.
Le texte de Roger Mougeot, lui aussi publié sur Vigile, a été lu par 1,130 personnes.
Le texte de Richard Martineau, "Gérard pète les plombs", a reçu 167 commentaires.
Ma chronique sur la cachérisation a été lue par 584 personnes.
NOTE 2:
Voici ce qu'écrivait "Parti Pris" à Martineau à ce sujet: "Je préfère de loin la mention Kosher (Cachère) que la mention "made in China". Que préférez-vous, de la nourriture de qualité à un prix raisonnable ou de la nourriture pas chère teinte au plomb? Je préfère payer plus pour de la qualité. La nourriture cachère est d'excellente qualité. On sépare les aliments, ainsi certains produits laitiers ou céréaliers ne doivent pas entrer en contact avec des produits de viande ou de charcuterie ni des noix. Donc on limite la propagation des bactéries, des microbes, des allergies et du même coup les pertes de production. Ayant moi-même travaillé dans une usine de viande non cachère, il arrivait régulièrement de devoir jeter une production au complet pour cause de contamination. Des $100,000 la shot. Et bien, les producteurs cachères ne doivent pas encourir ce genre de perte très souvent. Donc, être certifié Cachère, cela revient moins cher. On paie une prime de certification, mais on perd moins de production. Et puis, une viande vidée de son sang et de laquelle on a enlevé les nervures est une viande de meilleure qualité, plus facile à conserver et meilleure au goût, moins de risques de maladies. Jadis, la doctrine cachère a été établie dans un but sanitaire afin d'éviter les empoisonnements alimentaires. Je préfère que ma nourriture soit cachère que de ne pas savoir d'où ça vient et comment ça été manipulé. Considérez la mention Cachère comme étant un gage de qualité. Vous ne vous offusquez pas que des compagnies soient ISO-9000, et bien je ne comprends pas qu'on s'oppose à un sceau et à un contrôle de qualité supérieur sur notre nourriture."
COMPLÉMENTS:
- Kashrut.com (pour les différents sceaux cachères):
- ACIP, Les produits Kasher permis en France. Cliquez, dans la liste de gauche, Kacherout, puis sur Produits sélectionnés, puis sur Liste des produits sélectionnés 2007 (doc pdf).
- Une inspiration: UNILEVER:
(Voici son logo, à ne pas confondre avec celui de The Union of Orthodox Jewish Congregations):
1) Ma chronique sur "cachérisation":
http://www.vigile.net/Vous-avez-dit-cacherisation (584 visites et 12 messages)
2) Richard Martineau:
http://martineau.blogue.canoe.ca/2007/10/29/gerard_pete_les_plombs#comments (167 commentaires)
3) Le reportage de JE:
http://ma-tvideo.france2.fr/video/iLyROoaft6yf.html
4) Roger Mougeot:
http://www.vigile.net/K-comme-kasher-cette-taxe-privee (1130 visites et 10 messages)
5) Denis Landry:
http://www.vigile.net/Des-symboles-religieux-indigestes (2,206 visites et 9 messages)
et
http://www.vigile.net/Symboles-religieux-indigestes (926 visites et 0 message)
CHRONIQUE DE LA CROQUEUSE DE MOTS
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7 commentaires
Archives de Vigile Répondre
14 mai 2008À Jacques Noël
Voici une autre version de ce scandale ( non censuré je présume?):
http://www.jta.org/cgi-bin/iowa/breaking/108541.html
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
13 mai 2008Merci, M. Noël,
Nous n'en pouvions plus de cette sordide tartufferie où NOUS finissons toujours en dindons de la farce!
Archives de Vigile Répondre
13 mai 2008La police vient de faire une descente dans la "biggest kosher meatpacker" au monde! C'est en Iowa, en plein milieu de l'Amérique profonde. Ils embauchaient des immigrants illégaux!!!!!!! lolllllllll
http://www.desmoinesregister.com/apps/pbcs.dll/article?AID=/20080513/NEWS/80513006
Shutting down production at the plant will have a significant impact on the kosher meat sales, said Menachem Lubinsky, chief executive of Luicom Marketing and editor of KosherToday.
“They are a major supplier to retail establishments all over the world,” Lubinsky said.
Michel Rolland Répondre
10 mai 2008J'en ai assez de ces branchés de la rectitude politique qui finissent, sans le vouloir, par jouer le jeu des ultras conservateurs, favoriser l'immobilisme, ou pire encore, à nous ramener au Moyen-Âge.
Pour moi, il ne s'agit pas de m'insurger contre une dépense supplémentaire. Je ne veux tout simplement pas payer, ne serait-ce qu'un quart de cent, pour une religion quelle qu'elle soit. Les croyants fanatiques, qui ne sont pas majoritaires à l'intérieur même de leurs propres sectes, possesseurs de la Vérité, n'ont aucun respect envers quiconque ne pense pas comme eux. Ils les taxent d'hérésie. Ils les appellent infidèles. J'accepte que des gens aient des convictions religieuses, mais j'aimerais avoir le DROIT de ne pas en avoir. Cela veut dire que je ne devrais pas être forcé d'acheter un produit conçu à partir du rituel d'un culte et dont une partie de ce que je paie, ira à cette religion. C'est une question de principe. PRINCIPE, puis-je en avoir ? Puis-je vivre selon mes principes, même si je ne suis pas religieux ?
Je souhaite vivre dans un état laïc où les monothéistes chrétiens, juifs et musulmans cesseront de manipuler l'État, l'industrie et le commerce pour favoriser leurs intérêts dogmatiques et économiques. Je suis contre le fait que l'industrie et le commerce, sous prétexte de marketing, mettent en place une politique d'accommodement des religions. C'est à l'État de prendre une telle décision. Et l'État devrait adopter une loi qui donnerait le ton, comme la loi de 1905, en France, qui dit: « Article 1. La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes. Article 2. La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. ». C'est simple. C'est clair. C'est net. Conséquence, ceux qui veulent manger kasher ou halal, peuvent le faire, mais à leur échelle. En France, en Europe, en général, les produits offerts en magasin, n'ont aucune certification religieuse. Il faudrait surtout que cette loi soit appliquée. Présentement en France, les monothéistes et les branchés de la rectitude politique, de gauche et de droite, sont à la contourner avec, par exemple, un bail emphytéotique accordé aux musulmans, leur accordant la jouissance d'un terrain, payé par l’État, sur lequel sera construite une mosquée.
Cela dit, je ne m'illusionne pas. D'abord, nous ne sommes pas une république et n’avons pas l’esprit républicain. Aucun de nos pseudos partis indépendantistes ne souhaite aller dans cette direction. Ensuite, l'Assemblée nationale est constituée d'électoralistes insignifiants, sans idées et sans principes, tous partis confondus. Enfin, au Québec, ce sont les journalistes, choisis par Ottawa ou par les commanditaires capitalistes, qu'ils soient à la presse, à la radio ou à la télévision qui manipulent la pensée des citoyens. C'est le règne de la pensée unique, de l'absence de pensée, le règne de ...l'insignifiance. Nous nous éloignons des Lumières, des Diderot, Helvétius, Holbach. Nous retournons tranquillement au Moyen-Âge. Alors...
Michel
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
9 mai 2008J'appuie madame Lachance.
Définition: "ARNAQUE : escroquerie, vol, tromperie."
Vous admettez, Mme Saulnier: "Nous a été imposé malgré nous, à notre insu et sans consultation et n'avons plus guère le choix de manger cachère ou pas et d'en partager les coûts."
Pourtant vous nous taxez d'affirmations gratuites!...
Ramolliriez-vous?
Ouh(pour la prononciation espagnole de U)+ go! Et non: gho (Ouhgo)
Archives de Vigile Répondre
9 mai 2008Je suis en désaccord avec la réponse de M. Nadeau qui prétend que nous serions en désaccord avec la cashérisation parce qu'il s'agit d'une pratique religieuse juive. Il insinue que nous serions plus sévères, consciemment ou non, avec le judaïsme, parce que modelés par l'Église catholique, et que conséquemment, en vouloir aux juifs est une motivation refoulée chez bon nombre d'entre nous, qui n'attend que l'occasion de réapparaître. C'est une fausseté. Monsieur Nadeau n'a pas le monopole de la faculté d'analyse ni de l'ouverture d'esprit. Il existerait de telles pratiques chez les bouddhistes ou autres confessions, qui refileraient la facture à l'ensemble des consommateurs, que nous aurions la même réaction de révolte. Et ce n'est pas parce que les coûts se chiffrent à quelques fractions de cents, que la chose n'est pas choquante. C'est le principe en soi qui est inacceptable.
Fallacieux sont également les arguments d'hygiène et de qualité. C'est à l'État d'une part, et aux entreprises de l'autre, de fixer les critères d'hygiène et de qualité , et de faire en sorte qu'ils soient respectés. Il ne revient pas à une religion d'imposer ses critères et d'en faire la promotion (dont R. Martineau se fait le relais) en faisant ressortir ces éléments comme des avantages concurrentiels pour ensuite refiler la facture aux consommateurs et en tirer des bénéfices. Cette pratique est INACCEPTABLE.
Pour terminer, je ne suis pas contre la cashérisation. Si des gens comme R. Martineau apprécient la qualité et la propreté des aliments cashers, je suis favorable, bien sûr, à ce qu'il puisse se les procurer à certains endroits bien déterminés. Ce contre quoi j'en ai, c'est d'avoir étendu cette cashérisation à presque 80% des produits alimentaires offerts dans toutes nos épiceries (les grandes chaînes les ayant imposés), et de nous avoir refilé la facture pour des pratiques religieuses avec lesquelles nous avons le droit d'être en désaccord.
Jacques A. Nadeau Répondre
9 mai 2008Félicitations à Mme Saulnier pour cet excellent tour d'horizon.
L'auteure résume ainsi le problème qui la préoccupe; «Enfin, ce qui dérange un bon nombre de personnes (dont je suis, dans ce cas-ci), c'est que la cachérisation nous a été imposée malgré nous, à notre insu et sans consultation, et qu'on n'a plus guère le choix de manger cachère ou pas.»
Le «nous» de Mme Saulnier serait la majorité et celle-ci ne serait pas consentante alors qu'il aurait fallu en faire un débat de société («consultation»). Il n'a pourtant pas été démontré que la majorité n'est pas consentante. Jusqu'à maintenant, le seul indice que nous aurions à cet égard (et il n'est pas négligeable) est que les grandes surfaces exigeraient la certification cachère de leurs fournisseurs. Si c'est le cas, et puisque les consommateurs de religion juive ne formeraient qu'une petite minorité, il me semble que la conclusion serait que la certification cachère donne un avantage pécuniaire aux marchands (via des ventes supplémentaires, des garanties supplémentaires de propreté, la confiance et la loyauté du client) et que par conséquent la majorité des consommateurs ne peut pas être en désaccord.
Si la cachérisation nous avait été imposée «malgré nous», comme l'affirme Mme Saulnier, cela signifierait que «nous» aurions été au courant de l'existence de cette pratique avant qu'elle ne devienne habituelle. Mais tout indique que la majorité, le «nous», ne connaissait rien de cette certification ici, au Québec, avant 2007. Elle ne pouvait donc pas avoir été imposée «malgré» nous.
Si tous les consommateurs étaient bien renseignés sur l'existence et sur la signification positive de cette certification, il est probable qu'il n'y aurait qu'une minorité qui s'y opposerait. D'autres certifications non obligatoires en vertu de lois ou de réglementations peuvent apparaître sur différents produits de consommation (bio, syndicats, associations, industries, etc.). En général, les commerçants considèrent ces certifications (au sens large) comme des atouts pour promouvoir la vente de leurs produits et pour retenir leurs clientèles en s'associant à tout ce qui peut inspirer la confiance. Pour le fournisseur, le retour sur son investissement en certifications serait donc avantageux.
En attendant une mise en marché des avantages de la certification cachère suivi d'un sondage, cette question est objectivement traitée sur le mode du «on nous cache quelque chose » à saveur conspirationiste.
Voici ma réponse à la question no 5) du texte de Mme Saulnier; «Comment se fait-il qu'on s'en prend à la certification cachère, et non à toutes les autres certifications ?»
Je soumets l'explication qu'il s'agit d'une question de religion. Et pas n'importe laquelle. Le Judaïsme. Le Juif, le Satan traditionnel de la Chrétienté européenne médiévale, est derrière cette certification. Risible? Peut-être, si la réponse est présentée en ces termes dans le contexte contemporain. En langage d'aujourd'hui, parlons plutôt d'un virus de l'esprit qui s'est transmis de génération en génération et qui pirate nos cerveaux pour nous faire agir «malgré nous» et «à notre insu». De là le profond sentiment d'injustice, de frustration et de là cette colère qui envahit quiconque se fait traiter d'antisémite alors qu'en toute honnêteté il ne veut pas l'être.
Je suis convaincu, que tous ceux et celles qui ont peur de parler sur le sujet, craignent de se faire stigmatiser par l'accusation d'antisémitisme lancée, il est vrai, trop souvent n'importe comment par des individus qui l'instrumentalisent à des fins politiques. Mais il est des phénomènes psychologiques, aujourd'hui mieux expliqués, qui naissent d’un conflit entre le conscient et l'inconscient refoulé.
Il ne suffit pas d'être non-croyant, non-pratiquant ou athée pour effacer les stigmates religieux laissés par l'endoctrinement catholique sur les très jeunes enfants que nous étions il y a longtemps. En réalité, les stigmates ne s'effaceront jamais. On peut les maquiller, mais jamais les faire disparaitre. C'est le propre d'une marque au fer rouge sur du bétail. L'Église nous a marqués comme on marquait le bétail avec le sceau du propriétaire. Une forme d'abus sur des enfants non consentants. Comme d'autres pratiquent la circoncision sur des bébés.
Quoi faire? Prendre conscience qu'il y a des empreintes indélébiles dans notre cerveau, l'accepter, tenter de les identifier et s'assurer que notre raison arrive à les contourner avant de parler et d'agir. Et les autres? Ceux qui lancent des accusations à la légère. Qu'est-ce qu'on en fait? Ma première réaction est de toujours demander d'expliquer les raisons qui motivent les accusations. Il sera alors possible d'évaluer, à la lumière de ce qui précède, si les accusations sont fondées ou non. Si les accusations sont non fondées, nous sommes en droit d'expliquer rationnellement pourquoi elles sont non fondées. Si elles sont fondées prenons acte et faisons amende honorable.
D'autre part, il est vrai que les accusateurs sont souvent inconscients de la complexité des phénomènes psychologiques en jeu dans des esprits (incluant les leurs) formés alors qu'ils n'étaient qu'enfants, en grande partie par des légendes, des contes et des mythes manichéens. Pour pouvoir discerner, il n'y a que la raison qui puisse bien conseiller. Il faudrait aussi avoir le respect et le sens de justice nécessaire pour présumer de la bonne foi de ceux et celles qui n'ont pas nos opinions. On apprend toujours lorsqu'on se met, virtuellement, à la place de l'autre. S'il a tort, faut lui dire pourquoi.
En conclusion, pour moi l'énergie dépensée sur la légitimité de la certification cachère est disproportionnée par rapport aux conséquences de loin plus importantes et prioritaires qu'entrainent d'autres sujets de société qui comportent également une composante argent-contrainte-transparence.
Jacques A Nadeau