J'ai déjà traité de ce sujet dans ma chronique du 22 février 07, qui a reçu près de 1,100 visiteurs, mais j'y reviens parce que, d'abord, j'y avais surtout posé des questions sans réponse, questions soulignant la complexité du problème et ce, non seulement au niveau québécois, mais aussi international et que, trois mois plus tard, le 31 mai, un dénommé Christophe, diplômé en pharmacie à l'étranger, m'a envoyé un long message témoignant des difficultés bien réelles auxquelles il doit faire face, comme bien d'autres, pour avoir enfin le droit de pratiquer ici au Québec. (Ce message se trouve à la fin de cette première chronique sur l'équivalence des diplômes, et je vous invite fortement à le lire, tellement il est éloquent.)
Donc, suite à ce témoignage, et suite à la lecture du chapitre 11 du rapport Bouchard-Taylor, "Inégalités et discrimination", où il en est question, je me suis dit qu'il me faudrait y revenir sans trop tarder, particulièrement en me concentrant sur un domaine que je connais mieux, celui de l'éducation. Alors voici.
CE QU'EN DIT LE RAPPORT BOUCHARD-TAYLOR, ET CE QU'EN ONT DIT LES DEUX COMMISSAIRES
ou: LA VERSION "STÉRÉOTYPÉE" ET LA VERSION "DOCUMENTÉE"
C'est lors du forum du 29 octobre 07, à Québec, que Gérard Bouchard a clairement formulé le point de vue de la Commission: le problème du chômage des immigrants est causé par "des obstacles que nous-mêmes créons à leur insertion dans l'emploi, par le jeu de la déqualification professionnelle, de l'attitude corporatiste des fameuses corporations professionnelles", a-t-il répliqué à un intervenant, ce jour-là. - Voilà ce qu'on peut appeler la version "stéréotypée" de l'affaire, et non la version "documentée" (ainsi présente-t-on 15 cas d'accommodements, dans le chapitre 3 du rapport). Or, messieurs Bouchard et Taylor, sans avoir commandé de recherche préalable sur cette complexe question, n'ont cessé de nous seriner cette version hyper stéréotypée, qu'ils ont fini par nuancer légèrement dans leur rapport, au chapitre 11C sur l'insertion professionnelle. Pour les Ordres, ils reconnaissent, cette fois, qu'il "n'est pas aisé d'y voir clair" et que le plaidoyer du directeur du Conseil interprofessionnel du Québec, qui s'est présenté devant eux, avait des aspects convaincants (p.226). Ils reconnaissent, aussi, qu'il importe de "vérifier si des intérêts purement corporatistes se dissimulent derrière les arguments de sécurité et de formation. Pour le reste, nous ne disposons pas présentement d’information solide nous permettant de fonder des accusations de pratique discriminatoire. Pour cette raison également, un examen approfondi s’impose." (p.224) - Ce qui n'a pas empêché nos deux larrons de s'en prendre sans cesse et péremptoirement aux Ordres professionnels tout au long de leurs travaux de consultation. A ce titre, l'intervention de Bouchard, le 29 octobre, est très éloquente et passera sans doute à l'histoire.
Ils écrivent (c'est moi qui souligne): "Plusieurs études ont montré qu’une grande partie de la population immigrante éprouve de la difficulté à trouver des emplois de qualité, à la hauteur de la compétence et de l’expérience acquises. Parmi les facteurs explicatifs, on mentionne: le délai d’adaptation, une résistance à reconnaître la formation et l’expérience acquises à l’étranger, un problème de langue, les conditions trop sévères régissant l’accès aux métiers et aux professions réglementés, des profils de compétence qui ne correspondent pas aux besoins des employeurs, la concentration excessive des nouveaux arrivants dans la région de Montréal, la précarisation générale de l’emploi, la faiblesse des réseaux sociaux chez les immigrants, les barrières culturelles à l’embauche et, enfin, des pratiques discriminatoires qui s’exercent surtout à l’endroit des groupes racisés (les immigrants venus d’Asie, du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Amérique latine)" (p.225).
Nous voilà déjà pas mal plus avancés et informés sur la réalité, et moins submergés par le préjugé stéréotypé mettant toute la faute sur les Ordres professionnels! - Mais ce n'est pas tout: "Une autre raison tient à la structure de l’industrie. Les petites et moyennes entreprises, qui sont relativement plus nombreuses au Québec, se caractérisent par des procédés d’embauche favorisant le bouche à oreille, à la différence des grandes firmes qui procèdent plus méthodiquement. Les chercheurs font aussi valoir que le marché de l’emploi est moins favorable à Montréal qu’à Toronto, Calgary ou Vancouver. Enfin, la hausse du recrutement dans la catégorie des réfugiés (immigrants moins scolarisés) qui sont accueillis par le Québec contribuerait également au phénomène" (ibid). - Eh bien dites donc! Merci de nous avoir enfin fourni ces précieux renseignements! Ça change singulièrement les perpectives!
Malgré tout, les deux causes majeures du problème demeurent, selon eux, la déqualification professionnelle, orchestrée, bien sûr, par les ordres professionnels corporatistes, et la discrimination, découlant du racisme et de l'ethnicisme avec sa notion connexe, la xénophobie. (La discrimination est-elle vraiment une cause importante? Personne ne niera qu'elle existe, mais dans quelle proportion? Et comment lier cela au fait que "dans l'ensemble, les rapports interculturels sont bons, relativement harmonieux même" (p.222), et que, au Québec, des sondages de l'été 2007 "montrent également une grande ouverture envers les minorités ethniques", et que les sociétés canadienne et québécoise "manifestent une disposition très positive, beaucoup plus que la moyenne des pays occidentaux (p.223)?
Quant aux problèmes réels d'équivalence à résoudre, il n'y a absolument rien, et la recommandation C4 n'en fait pas mention, axée qu'elle est sur la faute mise sur le dos des Ordres:
- Que l’État intensifie les mesures pour accélérer le processus de reconnaissance des compétences et des diplômes acquis à l’étranger. Parmi les mesures pressantes, nous recommandons:
• La mise sur pied d’un comité d’enquête indépendant mandaté pour faire la lumière sur les pratiques des ordres professionnels en matière de reconnaissance des diplômes;
• L'établissement d’une instance indépendante permettant aux immigrants de formuler des plaintes et de demander une révision des décisions prises par les ordres professionnels;
• La clarification des rapports entre, d’une part, le Conseil interprofessionnel du Québec, l’Office des professions du Québec et les ordres professionnels et, d’autre part, les universités, les cégeps et l’Office québécois de la langue française, afin de dénouer les impasses qui empêchent de donner suite aux exigences de formation d’appoint imposées aux immigrants.
LES PROBLÈMES RÉELS D'ÉQUIVALENCE:
QUELQUES EXEMPLES, DANS LE MONDE DE L'ENSEIGNEMENT
Les commissaires ont souvent répété que les immigrants sont hautement qualifiés et nettement plus scolarisés que la moyenne québécoise. Toujours ce même 29 octobre 07, à Québec, Gérard Bouchard prenait un plaisir évident à relever que leur taux de diplômation universitaire était deux fois plus élevé que celui de la population locale. (Les chiffres fournis dans le rapport, à ce sujet, à la page 223, sont 27% vs 14,7%.) - Je ne mets pas en doute ce fait mais, par contre, je m'interroge énormément sur la pertinence de ces diplômes ou, plutôt, sur leur adaptation au monde du travail québécois, un point qui a d'ailleurs été soulevé dans le rapport, mais qui a été bien vite relayé sous le tapis.
Sur internet, puis dans la réalité, même, j'ai eu l'occasion de connaître au moins deux jeunes universitaires étrangers, l'un de la Bulgarie et l'autre du Maroc, deux pays dont le degré de scolarisation est très élevé. Deux personnes qui auraient pu émigrer au Québec et y enseigner, théoriquement, selon leurs diplômes (en littérature, en sociologie et en philosophie). Or, dans les deux cas, je n'ai jamais pu savoir le contenu des cours qu'ils ont suivis (les réponses à mes questions sont restées si vagues que je ne pouvais même pas me faire une idée sur leurs chances d'être engagés dans une école québécoise pour donner tel ou tel cours), ni avoir accès à la description des cours sur les sites web de leur université respective. - Voilà déjà un très sérieux problème, soulevé, d'ailleurs, par M. Christophe le pharmacien, disant qu'il fallait "réunir tout son dossier universitaire avec descriptif officiel des cours suivis et notes obtenues (ceci est peut-être simple à obtenir au Québec mais ailleurs c’est une autre histoire...)" - Mais comment se fait-il, justement, que ce soit si difficile? Comment se fait-il que ce descriptif de contenu de cours soit inaccessible?
Deuxième problème: ces jeunes ne connaissaient pas les programmes d'enseignement d'ici. Je leur ai donc donné l'adresse du site web du Ministère de l'éducation, selon leur spécialité, et leur ai demandé de les examiner de près pour voir s'ils pouvaient enseigner ces contenus de cours. Dans les deux cas, encore une fois, pas de nouvelles... Etaient-ils même allés voir? J'en doute. Ou s'ils y sont allés, ils ne les ont pas examinés attentivement pour s'en servir dans une éventuelle demande d'emploi, ce à quoi je me serais attelée pour les aider. Mais non: rien à faire, on aurait dit que ça ne les intéressait pas. J'ai donc baissé les bras et renoncé à y investir temps et énergies.
Troisième problème: dans les deux cas, j'avais affaire à une bien faible maîtrise de la langue française. Ni l'un ni l'autre n'aurait passé le test linguistique ou test de français obligatoire pour tout candidat, francophone ou non, au permis d'enseigner. Mon amie bulgare, je la connais depuis au moins 5 ou 6 ans et c'est toujours avec désespoir que je constate que son français ne s'est presque pas amélioré depuis tout ce temps et ce, malgré le fait que pendant toute la saison estivale, elle travaille auprès de touristes français depuis 4 ans. En septembre 2005, j'ai passé un mois avec elle et je ne comprenais pas la moitié de ce qu'elle disait. Je lui demandais très souvent de répéter et, surtout, de mieux articuler, mais j'ai fini par y renoncer... Quant à mon jeune ami marocain, il aurait pu suivre, dans son pays, un cours intensif de français mais, finalement, il a choisi de s'orienter dans un tout autre domaine et de rester chez lui...
Quatrième problème: le CV... Le si important et crucial CV! Ce précieux document qui sert littéralement à se vendre auprès de l'employeur, qui doit attirer son attention pour être minimalement invité à une entrevue. Pour mes deux jeunes amis étrangers, je n'ai pas eu à me rendre jusque là, la question du contenu des cours ayant été complètement escamotée (et pourtant, c'est la première étape, pour l'enseignement! Il faut être capable de démontrer sa compétence professionnelle à enseigner telle ou telle matière, tel ou tel cours!) Par contre, dernièrement, j'ai eu l'occasion de voir le CV et la lettre de présentation d'un aspirant à l'enseignement collégial. Il s'agit d'un Néo-Québécois, originaire d'un pays d'Europe de l'est, installé ici depuis environ 6 ou 7 ans, diplômé universitaire de son pays et de deux universités québécoises. Or, la présentation qu'il fait de ses compétences est axée sur un tout autre domaine que l'enseignement, et il n'y a absolument rien sur le contenu du cours pour lequel il applique et son aptitude à l'enseigner. Comment imaginer, alors, que sa candidature puisse être retenue par un comité de sélection?
Voilà quelques problèmes bien réels et bien concrets, dont le rapport Bouchard-Taylor ne parle pas, ou ne met pas du tout en évidence. Pourtant, toute la question de la reconnaissance de l'équivalence des diplômes est là, sur le plancher des vaches, comme l'est aussi la solution du problème de la difficile intégration à l'emploi des immigrants, ou d'une partie d'entre eux.
Il est évident qu'une étude approfondie doit être faite. Messieurs Bouchard et Taylor nous ont assez souvent seriné que nous étions mal informés, voire désinformés - et à ce niveau, eux aussi le sont, même s'ils ne l'avouent que du bout des lèvres dans leur rapport - pour qu'on nous donne toutes les informations pertinentes nécessaires pour nous faire une idée juste de la question et des énormes difficultés qui semblent liées à cette question. En particulier, il faut vérifier la véracité de l'affirmation de Christophe: "Le Québec favorise l'immigration de travailleurs qualifiés mais bloque leur exercice une fois arrivés dans le pays". Est-ce vraiment le cas?
Le rapport Bouchard-Taylor nous apprend qu'alors que le Québec, depuis 1940, figure parmi les dix sociétés industrialisées qui recevaient le plus d'immigrants per capita, un grand nombre de nouveaux arrivants trouvent un emploi peu de temps après leur arrivée (la moitié après 3 mois), que les immigrants installés ici depuis 10 ans et plus "se débrouillent presque aussi bien que l'ensemble des Québécois", et que plus du tiers deviennent propriétaires de leur logement après 10 ans (p.222-223). Ce n'est quand même pas si mal, comme réussite!
D'autre part, les commissaires soulignent un point sur lequel il faut effectivement se pencher. Ils mettent en cause "la possibilité que des exigences ou des contrôles excessifs, iniques même, soient appliqués à l’encontre des nouveaux venus" (p.225). - Des nouveaux venus seulement? Dans le monde de l'éducation, comme sans doute dans tout autre domaine, les critères de qualité sont et doivent être les mêmes pour tous. Or, en ce qui concerne les enseignants, nous savons combien ils sont décriés et combien on parle, depuis des années, de "la piètre qualité de l'enseignement", particulièrement celle du français.
Pour l'obtention du permis d'enseignement, on exige, ai-je appris récemment, 450 heures de formation en psycho-pédagogie (un bacc en la matière). Cela me semble bien excessif... Faut-il donc 120 crédits en cette matière pour être certifié "bon prof"? - J'en doute très sérieusement....
Enfin, je ne sais pas où on en est dans le milieu éducatif à ce sujet, mais la perspective d'exercer une discrimination positive en faveur des immigrants, comme on en a exercé une, dans les années 1970, à l'égard des femmes, me semble nécessaire pour établir une juste proportion, un juste équilibre de représentation socio-culturelle, comme on cherche à le faire dans la fonction publique. A compétences égales, choisir un candidat d'origine étrangère.
Chronique de la croqueuse de mots
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5 commentaires
Archives de Vigile Répondre
9 août 2008Voici comment une pauvre secrétaire québécoise a été traitée par un certain Hachmi Hammami.
Harcèlement
Il versera 2000 $ à sa secrétaire
Le Journal de Québec
09/08/2008 07h54
L'ophtamologiste Hachmi Hammami devra verser 2000 $ en dommages moraux à sa secrétaire, qu'il a harcelée psychologiquement pendant trois mois.
La secrétaire, Éliana Ouimet-Jourdain, entre au service de l'ophtalmologiste le 10 avril 2006, à temps partiel, avec un salaire de 10 $ l'heure. Puis elle doit travailler de 30 à 40 heures par semaine.
Rapidement, les choses tournent au vinaigre. L'ophtamologiste est froid avec elle. Il la traite de putain, mais, dit-il, il s'agit simplement d'un juron puisqu'il est d'origine européenne.
Souvent, il crie après sa secrétaire, la traite d'incapable et de «putain», mais, maintient-il devant la Commission des relations de travail, il ne s'agit que de différences culturelles.
Cultivé, il reproche également à Mme Ouimet-Jourdain ses fautes de français ou d'anglais et lui répète qu'elle «n'est pas bonne». Et il fait ses corrections lui-même, «compte tenu de la pauvre qualité du français des secrétaires québécoises», écrit le commissaire Guy Roy.
La crise
Sauf qu'il y a crescendo. Et une autre secrétaire, Nathalie Meloche, subit aussi les foudres du spécialiste.
Le 8 juillet 2006, survient un incident où une patiente se présente avec ses quatre enfants. L'ophtalmologiste Hammami veut voir les enfants du premier né au dernier. Il appelle le premier patient et constate qu'on lui envoie le plus jeune. C'est la crise!
«Vous n'êtes qu'une putain», lance-t-il à sa secrétaire. L'affaire dégénère et la dame part avec ses quatre enfants. Le spécialiste en profite pour congédier sa secrétaire.
Elle s'en va, mais reviendra par la suite. Le 21 août, c'est Nathalie Meloche qui doit en découdre avec l'ophtalmologiste. Devant les clients, il la traite de putain et les deux femmes décident de partir.
Pour le commissaire Roy, l'ophtalmologiste n'a aucune crédibilité. Des témoins sont venus corroborer les dires des femmes. Nathalie Meloche, pour une, est venue dire qu'il traitait Mme Ouimet-Jourdain «comme un chien». Lors des audiences, dit le commissaire, il était «agressif, bouillant et insistant».
Manifestement, dit le commissaire, il y a eu conduite vexatoire, humiliante et dégradante. Il y a lieu d'accorder des dommages moraux de 2000 $, termine le commissaire.
Archives de Vigile Répondre
8 août 2008Nous pourrions parler d'un "Tremblay" affecté du "syndrome Mandela".
Vendu pour faire parti de l'élite privilégiée des esclaves (nègres).
Archives de Vigile Répondre
8 août 2008Très belle analyse comme toujours. Deux commentaires
1) Le JdM a fait une enquête l'an passé sur les médecins qui chauffaient des taxis, une légende urbaine inventée par Maman Bougeon. Ils en ont trouvé deux. Les deux étaient relativement vieux et parlaient mal français.
2) Il y a deux étés, la Ville de Montréal a embauché 347 étudiants pour l'été. Il n'y avait pas un seul mâle québécois dans le tas. Pas un seul. On ne parle pas de Johannesbourg au temps de l'apartheid, on parle bien de la métropole du Québec dont le maire porte le nom le plus commun de notre peuple.
Archives de Vigile Répondre
8 août 2008Nous ne retrouvons pas cette attaque sur l'élite bourgeoise dans le ROC, où c'elle-ci est bien distinguée par ses institutions corporatives et syndicales de c'elles des immigrants. Au Québec, il y a un travail entreprit pour faire s'effondrer l'élite bourgeoise francophone qui fut permise de se développer aux fins d'être récupérée comme instrument contre le mouvement indépendantiste. Ce travail fait, leur difficulté et la raison de leur double discours actuel est qu'ils doivent en même temps protéger l'élite bourgeoise anglophone du Québec, qui est sous le même système. C'est pourquoi cette élite anglophone n'est jamais incluse dans ces études et commissions, comme si elle n'existait pas.
C'est vrai aussi dans le ROC et encore plus lorsqu'on grimpe les institutions du pouvoir. Au Québec, la révolution tranquille a placé des instruments encore plus puissants pour la conservation de nos acquis et de cette élite pour la protéger de l'élite dominante anglaise. Ce sont ces instruments qui sont attaqués aujourd'hui.
S'il y a une classe de la société qui peut se permettre des enfants, c'est bien l'élite bourgeoise car elle peut leur assurer un avenir. C'est tout à fait normal qu'elle prend les moyens pour réserver pour leur progéniture les places au pouvoir et dans les institutions stratégiques afin de conserver l'héritage de leurs efforts. Ce n'est pas différent dans la classe moyenne dont sont en train de former les immigrants à Montréal.
Les réseaux sociaux chez les immigrants sont en meilleur santé que ceux de la majorité québécoise. La concentration des immigrants se fait à Montréal car c'est là que l'élite a abandonné complètement le réseau social québécois qui s'est effondré pour que se forme la nouvelle classe moyenne composée essentiellement d'immigrants. Les barrières culturelles à l'embauche n'ont rien à voir avec la minorité québécoise montréalaise mais tout à voir avec le fait de l'adaptation obligée des immigrants à une politique multiculturaliste. C'est donc une compétition ethnique.
Une excellente étude a été faite à ce sujet à Toronto en décorticant le processus complet par l'exemple d'une seule communauté:
BUILDING AN ETHNIC ECONOMY IN TORONTO, CANADA
http://www.ub.es/geocrit/sn-94-77e.htm
Les réseaux économiques ethniques de PME qui forment la classe moyenne pratiquent la descrimination en réservant les emplois aux membres de leur ethnie à 85% en moyenne (selon l'étude de Toronto). Qu'est-ce que cette réalité a d'incompatible avec un système multiculturaliste ? C'est la loi du pays !
Certains groupes ethniques réussisent mieux que d'autres et prennent les moyens pour conserver cet avantage et ainsi centraliser leurs gains de leurs efforts et ce en coopération avec le gouvernement du pays d'origine.
Pourquoi l'élite bourgeoise et la classe moyenne (qui disparraît à Montréal) des Québécois seraient exclus de pratiquer cette discrimination propre au multiculturalisme et conserver aussi ses acquis, si ce n'est que pour assurer leur affaiblissement et disparition ?
L'élite bourgeoise québécoise a abandonné la classe moyenne de Montréal en acceptant son statut privilégié contre une promesse de statu-quo au Québec , mais c'elle hors Montréal ne se laissera pas mourir. Cette élite québécoise montréalaise qui a abandonner le combat national devra maintenant se battre seule pour sa propre survie ou retrouver sa dignité en reprennant le combat avec les siens.
Il est minuit moins une.
Archives de Vigile Répondre
8 août 2008Un point important dans ce débat, et que l'on passe trop souvent sous silence à mon avis. J'ai habité plusieurs années à l'étranger et à plusieurs occasions j'ai assisté aux scéances d'information pour candidats à l'immigration qui se tiennent dans les délégations générales du Québec, et je peux vous assurer qu'il est clairement expliqué au immigrants potentiels que certaines professions sont completement bloquées par les corporations professionelles, et c'est en toute conaissance de cause que ces individus quittent leur pays pour le Québec. Pensez-y la prochaine fois que vous aurez à subir les doléances d'un chauffeur de taxi frustré qui se prétend médecin.
Par ailleurs, je trouve d'une moralité douteuse le médecin d'un pays pauvre qui quitte son pays pour venir s'enrichir chez nous. Le statut de bourgeois ne traverse pas les frontières.