J’ai 50 ans et je n’ai jamais voté pour un parti fédéraliste, ni à Québec ni à Ottawa. Depuis 1976, j’ai toujours voté pour le PQ à Québec et avant 1993, j’ai toujours annulé mon vote à Ottawa. Même en 1988, alors que mon ancien patron, Rémy Trudel, se présentait sous la bannière du NPD dans Rouyn-Noranda-Témiscamingue, je n’ai pas voté pour lui, j’ai annulé. Depuis 1993, je vote Bloc.
Nous sommes plusieurs dans cette situation qui ne nous posons jamais la question à savoir si le Bloc est utile ou non. Nous sommes environ 35% de la population québécoise, tous des indépendantistes. Si le Bloc n’existait pas, nous ne voterions pas à Ottawa, nous annulerions. Nous laisserions les autres Québécois qui pensent voter utile le soin de décider de la couleur du gouvernement majoritaire à Ottawa, libéral comme c’était le cas avant 1984, ou conservateur en 1984 et 1988. Notre combat n’est pas celui des Canadiens, nous nous battons pour l’indépendance, voilà pourquoi nous votons Bloc à Ottawa, à défaut d’annuler ou de nous abstenir.
S’il y avait plus de Québécois qui étaient convaincus que notre seul combat politique est celui de l’indépendance, il y aurait plus de Québécois qui voteraient Bloc, comme ce fut le cas en 1993, alors que le Bloc devint l’opposition officielle à Ottawa. Si nous parlions plus du pays que nous voulons construire, un pays ouvert et généreux, il y aurait plus de Québécois qui voteraient pour le Bloc. Voilà le seul discours gagnant pour le Bloc. L’utilité de notre vote réside essentiellement dans notre détermination à vouloir fonder notre pays. Si notre engagement est indéfectible, c'est à cause de la valeur de notre idéal, celui de la liberté. Notre premier défi est donc d'être plus nombreux à partager cet objectif.
Les indépendantistes ne votent pas contre Harper, ils votent pour l’indépendance. Il serait plus nombreux à le faire si Pauline Marois et Gilles Duceppe parlaient davantage du pays que nous voulons construire que du Canada de Harper qui nous horripile. S’ils consacraient plus de leur précieux temps à convaincre nos compatriotes de la nécessité de faire l’indépendance, nous serions plus nombreux à voter pour le Bloc à Ottawa. Notre combat est pour l’indépendance du Québec, pas contre la bêtise canadienne. Tant mieux si cela peut les aider en contribuant à l’élection d’un gouvernement minoritaire, mais il faut reconnaître que cela n’est pas notre objectif dans la présente élection.
Contrairement à ce que dit Stephen Harper, nous aussi avons un projet, et il est beaucoup plus emballant que tous ces projets de loi des conservateurs qui veulent faire du Canada un pays d’extrême droite. Nous, nous avons un projet qui vaut la peine d’être partagé avec tous nos compatriotes tant il est généreux et riche d’avenir pour nos enfants : nous voulons bâtir un pays fondé sur des valeurs de liberté et d’égalité, celles que tous les Québécois partagent.
Voter Bloc ou ne pas voter, voilà donc la question. Si le Bloc n’existait pas à Ottawa, parce que nous sommes indépendantistes, nous annulerions ou ne voterions pas, comme c’était le cas avant 1993. Les conservateurs seraient alors majoritaires au Québec comme les Libéraux le furent pendant longtemps sous le règne de Pierre Trudeau. Parce que nous sommes indépendantistes, nous devons voter Bloc.
En cette période électorale, il faut se remémorer que la force du Bloc ne peut résider que dans notre ferveur et notre engagement comme indépendantistes. Moins nous parlerons de l’indépendance et du pays que nous voulons fonder, plus faible sera le Bloc, alors qu’inversement, plus nous en parlerons, plus il sera fort. Il en est de même pour le PQ. On ne peut pas légitimement espérer fonder un pays si nous n’avons pas la générosité de partager ce projet avec nos compatriotes, c’est un irréfutable constat !
Louis Lapointe
De la nécessité du Bloc à Ottawa
Voter ou ne pas voter à Ottawa, voilà la vraie question!
Avant le Bloc, les indépendantistes annulaient ou s'abstenaient de voter
Chronique de Louis Lapointe
Louis Lapointe534 articles
L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fon...
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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.
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5 commentaires
Archives de Vigile Répondre
20 septembre 2008Il faut voter pour le Bloc parce qu’il n’est pas pertinent à Ottawa
Le Bloc a tout faux sur la question nationale et la plupart de ses supporteurs ne se rendent pas compte qu’ils pensent le combat national dans l'optique fédéraliste. On peut lire sur Vigile des intervenants qui félicitent le Bloc et sont fiers de ce parti parce qu'il est loyal envers le gouvernement canadien, gouvernement qu'ils qualifient d'emblée de démocratique alors que cette démocratie est loin d'être sans taches et mériterait d'être contestée. Mais quand avons-nous entendu le Bloc mesurer la légitimité de la démocratie-monarchique canadienne ? Quand l'avons-nous entendu dénoncer l'entorse aux valeurs démocratiques quand ses députés prêtent serment d'allégeance à la Reine? Jamais.
Ce que nous entendons c'est que le Bloc défend les intérêts du Québec à Ottawa, donc les intérêts du Québec dans le fédéralisme. Cette profession de foi du Bloc en plus de révéler un manque de compréhension inadmissible de la nature du fédéralisme est une injure à l’indépendantiste que je suis car elle suppose que le fédéralisme est gérable dans le sens des intérêts de la minorité par la majorité. Me suivez-vous ?
Prétendre que les intérêts du Québec peuvent être défendus avec succès à Ottawa c'est nier la nécessité de l'indépendance. C'est cette éducation à la confusion, à l'embrouille des enjeux, dont le Bloc est responsable... En dépit de tout cela, malgré le fait que Ghislain Lebel et Jacques Brassard ont raison de vilipender le Bloc sur la question nationale (sans avoir raison sur tout), malgré le fait que plusieurs des supporteurs du Bloc, notamment sur Vigile, soutiennent ce parti en invoquant des raisons qui font sourire, il faut voter pour lui. Il faut voter pour ce parti parce qu'il ne faut pas donner au Canada l’occasion de se réjouir. Et pour le Canada et ses suppôts au Québec, le Bloc, même velléitaire et impuissant, est l'ennemi à abattre. Faute de voter pour le Bloc dans la fierté et l'enthousiasme, il faut le faire par cohésion nationale.
Mais pourquoi le Bloc n’admettrait-il pas finalement qu'il est inutile et n'a pas de pertinence à Ottawa ? En martelant cette simple vérité, il ferait plus en une seule élection pour éclairer les Québécois sur le fédéralisme qu’il a pu faire en 15 ans. Il nous donnerait ainsi l'occasion de voter pour lui dans l’honneur et l’enthousiasme.
GV
Archives de Vigile Répondre
19 septembre 2008Il n'est pas question que je ne vote pas. Et il n'est paa question que je vote pour un parti fédéraliste.
Maudit problème. S'il fallait que le BLoc se désagrège nous serions condamnés à ne pas être présent ni représentés pour ce que nous sommes dans le parlement fédéral. Tant que nous n'aurons pas de pays c'est la moins pire des solutions que d'envoyer des députés à Ottawa.
Si je ne m'abuse, c'est bien ce que font aussi les Irlandais en Ulster.
Il me reste à convaincre ma blonde de ne pas annuler son vote...
Archives de Vigile Répondre
19 septembre 2008Toutes les fois que j'ai assisté à des réunions du Bloc ou du PQ dans les discours sur quelque thème que ce soit, on a parlé d'indépendance ou de souveraineté au début, au milieu ou à la fin de la causerie. De la manière dont c'est rapporté dans les médias qui coupent des bouts de films c'est une toute autre affaire. Si un gouvernement indépendantiste est élu a Québec et qu'il a en face de lui 75 députés fédéralistes à Ottawa, il lui est difficile de déclarer l'indépendance sans référendum. Il aura l'opposition de ces élus qui ont un mandat du peuple eux aussi... Si au contraire les députés fédéraux sont indépendantistes et appuient alors la proclamation d'indépendance de l'assemblée nationale, alors, sans référendum cela devient possible peut-être. Il faut voter pour le parti souverainiste et contre-carrer les partis fédéralistes qui rejettennt un pays pour la nation québécoise. Abstention veut dire satisfaction et appui au statut quo.
Sur un autre point: j'ai l'impression que certains chroniqueurs semblent diviser davantage le patriotes avec des textes négatifs et sans référence au pays à venir.
Michel Guay Répondre
18 septembre 2008À nous tous d'obliger le Bloc et le PQ de parler sans cesse et sans relâche pour l'indépendance et d'en expliquer toutes les étapes et de cesser de croire pouvoir gérer une province à notre avantage avec la moitié des pouvoirs aux mains des destructeurs de la nation Québecoise .
Archives de Vigile Répondre
18 septembre 2008D'accord avec vous !
Il y a eu quand même une certaine période où nous avons envoyé à Ottawa, des CRÉDITISTES de M. Caouette pour protester contre les rouges et les bleus anglicisés du temps des Pearson et des Diefenbaker. Ils avaient de drôles de principes économiques mais étaient pleins de bonne intentions et de quelques bonnes idées aussi. Ils étaient plus divertissants que les Dion et Harper à genoux devant les gros sous des lobbyistes pour leurs campagnes électorales.
Nous sommes quand même mieux servis actuellement avec le Bloc qui nous représente bien à la place de fédéralistes québécois obligés de suivre la ligne des partis majoritairement anglophones.