¡ Viva Chavez !

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Le Québec et le pétrole

Jeudi, à l’Assemblée nationale, le député caquiste de Granby, François Bonnardel, semblait tout fier d’avoir déniché sur le site Vigile.net le compte rendu daté du 9 septembre d’une entrevue avec le futur ministre de l’Environnement, Daniel Breton, qui disait « saluer la volonté politique de la Russie et du Venezuela en ce qui a trait à la nationalisation des secteurs clés du développement économique ».
Il n’en fallait pas davantage à M. Bonnardel pour présenter la nouvelle tête de Turc des partis d’opposition comme un émule de Vladimir Poutine et d’Hugo Chávez, y ajoutant Cuba et la Corée du Nord avec tout ce que cela peut annoncer d’inquiétant.
Bien entendu, il a omis de citer les propos suivants de M. Breton, qui rejetait une politique de nationalisation aussi radicale, expliquant plutôt vouloir « s’inspirer de pays comme la Norvège ou la Suède, qui ont su mettre en place des partenariats profitables pour tout le monde ». Pourquoi s’embarrasser de ce détail, n’est-ce pas ?
Curieusement, plusieurs semblent trouver anormal qu’un ministre de l’Environnement ait un préjugé favorable à la protection de l’environnement. Il est vrai qu’au cours des dernières années, on avait l’impression qu’il était plutôt au service de l’industrie pétrolière et gazière.
Cela dit, le comportement du ministre, y compris sa gestuelle, prête admirablement à la caricature. Depuis sa nomination, il n’a pas réussi à policer les manières brutales du militant qu’il était dans sa vie antérieure. L’Assemblée nationale n’est pas un salon de thé, mais à voir M. Breton appuyé sur ses poings, l’air de serrer un couteau entre ses dents, on se serait presque cru dans une ruelle.
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Jeudi, Le Journal de Québec affirmait, sur la base de « diverses sources », qu’à l’occasion d’une rencontre avec les employés du BAPE tenue le 24 octobre, « il a affirmé qu’il allait dorénavant téléphoner au président du BAPE chaque fois qu’il ne sera pas content d’un rapport d’enquête ». Malgré le démenti formel de M. Breton, le Journal a maintenu hier que le ministre avait bel et bien averti « qu’il n’hésiterait pas à communiquer avec le BAPE lorsqu’il jugerait pertinent de le faire ».
M. Breton aura beau se défendre de toute intention d’ingérence, ses allures de matamore n’incitent pas à lui donner le bénéfice du doute. Quoi qu’il ait réellement dit aux employés du BAPE, Il est prématuré d’exiger sa démission, puisque l’ingérence ne s’est pas concrétisée, mais il devient urgent qu’il comprenne la nature de son nouveau rôle.
Il lui faut aussi se rendre compte que la perception prime souvent la réalité en politique et qu’il doit surtout s’employer à convaincre ceux qui se méfient instinctivement des écologistes.
Sa réaction initiale au projet d’inverser le flux du pipeline Sarnia-Montréal pour acheminer vers l’est le pétrole des sables bitumineux de l’Alberta illustrait bien ce que M. Bonnardel a appelé « ses vieux réflexes d’activiste ». Il s’est un peu radouci par la suite, mais le ton sur lequel il a lancé « C’est ça qu’on va voir ! » ne donnait pas l’impression qu’il est disposé à faire une évaluation très objective des avantages et des inconvénients du projet.
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Tant qu’à y être, le député de Granby a demandé si les « camarades » ministres de l’Environnement et des Ressources naturelles (Martine Ouellet) étaient aussi favorables à l’exploitation du pétrole que la première ministre Marois a assuré l’être dans le discours inaugural.
Même si on ne sait pas encore exactement à quoi s’en tenir sur le potentiel du gisement Old Harry et les schistes de l’île Anticosti, de nombreux souverainistes, Mme Marois en tête, voient dans l’or noir un puissant argument en faveur du Oui dans l’éventualité d’un nouveau référendum. La souveraineté est actuellement dans un creux de vague et les tendances lourdes de la démographie québécoise vont rendre les arguments identitaires de moins en convaincants.
Tout le monde convient qu’il serait préférable de remplacer les combustibles fossiles par de nouvelles formes d’énergie, mais il faut être réaliste. Pour l’avenir prévisible, le pétrole va demeurer une composante indispensable de notre bilan énergétique.
En attendant les résultats des évaluations environnementales, les discussions se poursuivent entre Québec et Ottawa pour harmoniser leur législation respective. Un jour ou l’autre, il faudra cependant prendre la décision de donner le feu vert ou non.
La catastrophe de la plateforme Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique a rappelé qu’il n’y a pas d’exploitation sans risque. Une autre a explosé hier au large de la Louisiane. La perspective d’une plateforme à moins de cent kilomètres des îles de la Madeleine soulèverait à coup sûr une énorme controverse.
Dans quel camp les « camarades » se rangeraient-ils ? Chose certaine, Hugo Chávez n’aurait aucune hésitation.


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