Vieux séniles et fascisme westphalien

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Le fédéralisme est un instrument de servage

Leader des faucons Républicains du sénat des États-Unis et président du Comité des forces armées du Sénat, John McCain a abusé de sa position au cours d’une même semaine pour entendre le témoignage abscons de trois agents décrépis au service de la politique d’hégémonie des États-Unis. Se succédant rapidement à la barre, l’ancien Secrétaire d’état Henry Kissinger , le général à la retraite Brent Scowcroft, conseiller national pour la sécurité des présidents Gerald Ford et George H.W. Bush , et Sbginiew Brzezinski, conseiller national pour la sécurité du président Jimmy Carter, ont témoigné, face à un McCain rayonnant, sur la nécessité de préserver le système du Traité de Wesphalie à une époque où les réseaux sociaux et Internet constituent une menace pour le système westphalien des états-nations conçu en 1648 à la fin de la Guerre de Trente Ans.


Europe_1648_westphal_1884Il est clair que McCain, Kissinger, Scowcroft et Brzezinski tiennent à préserver une Union Européenne fédéralisée en constante expansion. Celle-ci est d’ailleurs en train d’absorber lentement ses derniers états vassaux en date, l’Ukraine, la Géorgie et la Moldavie. L’UE, qui allie le fédéralisme séculaire westphalien au dogme du néo-Saint-Empire Romain* est soutenue militairement par une Organisation du Traité Nord-Atlantique (OTAN), qui joue les centurions pour le compte des centres de pouvoir atlantistes que sont Washington, Londres et Berlin. Selon Kissinger, Scowcroft et Brzezinski, les trois hommes responsables de la poursuite de la Guerre froide entre le bloc soviétique et l’OTAN par l’actuelle néo-Guerre froide entre la Russie et l’OTAN, le statu quo doit être maintenu à tout prix.


Certes, il est difficile de savoir ce que cherchent ces trois vieillards, vieux routiers de la politique du pouvoir occidental, en soutenant ce système westphalien.


On peut toutefois émettre l’hypothèse, sans crainte de se tromper, que ce qu’ils défendent est un système où une poignée de régimes élitaires impose sa politique internationale au reste du monde. Kissinger a déclaré au comité qu’il voit de nombreuses similitudes entre l’Europe du début du XVIIsiècle et celle d’aujourd’hui. Dans un cas comme dans l’autre, il voit « une multiplicité d’unités politiques, dont aucune n’est suffisamment puissante pour dominer toutes les autres, et dont bon nombre adhèrent à des philosophies et à des pratiques internes contradictoires dans leur quête de règles neutres en vue de réguler leur conduite et d’atténuer les conflits ». Il est clair que Kissinger croit que l’Union Européenne et l’OTAN édictent des « règles neutres » en vue d’atténuer les conflits. Il est tout à fait possible que Kissinger, parvenu à un état de démence avancé, croie réellement à la « gouvernance » internationale dont on parle tant dans les conclaves élitaires tels que le groupe Bilderberg, le Council on Foreign Relations et le Forum économique mondial de Davos.


Il n’y a jamais eu, il n’y a pas et il n’y aura jamais de neutralité de la part de l’OTAN ou de l’Union Européenne pour tout ce qui fait que l’opposition à un monde unipolaire – la Russie, la Chine, l’Iran, le Venezuela, le Brésil et quelques autres – est en butte contre les élites d’une alliance occidentale qui s’appuie sur l’armée, l’espionnage et la banque.


M. Kissinger souligne avant tout la nécessité d’une « pièce maîtresse de l’ordre européen », aussi nécessaire selon lui à la fin de la Guerre de Trente Ans qu’aujourd’hui. Kissinger défend le système westphalien comme étant injustement « diabolisé en étant présenté comme un système de manipulation cynique du pouvoir, indifférent à la morale ». M. Kissinger, qui a soutenu tant de dictatures fascistes, semble pourtant mal placé pour parler de « moralité » dans les affaires internationales.


En entendant les éloges de Kissinger concernant l’ordre westphalien, Scowcroft n’a pas voulu être en reste. Aussi a-t-il affirmé que la double menace de la société de l’information (notamment de l’exploitation des réseaux sociaux contre le statu quo) et du dérèglement climatique est le plus grand danger pour le maintien du Traité de Westphalie. Scowcroft a défendu énergiquement le système westphalien des états-nations devant un McCain tout sourire. C’est ce même McCain qui a soutenu la cause des guerres civiles en Libye, en Irak et en Ukraine, et qui a en fait conduit ces pays à leur mort en tant qu’états-nations. Il faut dire que la cohérence n’a jamais été le point fort de néo-conservateurs tels que McCain et de tous ceux qui soutiennent l’interventionnisme étatsunien dans le monde qu’il préconise.


Quant à Brzezinski, il voit dans le Traité de Westphalie un moyen d’unir l’Europe contre la « menace » russe. Nationaliste indécrottable, Brzezinski partage sa philosophie avec le nationaliste d’extrême-droite également d’origine polonaise Donald Tusk, qui préside le Conseil de l’Europe. Celui-ci n’a jamais manqué une occasion de réprimander la Russie et d’appeler à sa soumission politique, économique et militaire, à l’OTAN comme à l’Union Européenne.


Dans l’esprit d’individus tels que Kissinger, Scowcroft et Brzezinski, l’Europe d’aujourd’hui ne diffère guère de celle du 17siècle, où l’empereur Habsbourg Ferdinand III du Saint-Empire romain germanique, le cardinal Richelieu, le cardinal Mazarin représentant l’enfant-roi Louis XIV, ainsi que les diplomates envoyés par l’Espagne, la Suède, les Pays-Bas, la Suisse et divers duchés et petits royaumes à Osnabrück et Munster ont gravé le Traité de Westphalie dans le marbre. Autrement dit, la diplomatie et le sort des nations et des peuples étaient, au mieux, abandonnés aux élites non élues du 17e siècle. Les « trois décrépis », Kissinger, Scowcroft et Brzezinski, ne tiennent pas à changer quoi que ce soit par rapport au 17e siècle. D’ailleurs, depuis des dizaines d’années, leur politique consiste à façonner l’avenir du monde lors de conclaves tels que le Bilderberg, Davos et autres réunions secrètes du même acabit.


L’objectif de ceux qui ont établi le système westphalien en 1648 était le maintien du système féodal et du servage en Europe. Bien que le Traité de Westphalie ait reconnu l’indépendance des Pays-Bas et de la Suisse, et garanti les droits des Juifs aux Pays-Bas, ces deux pays allaient bientôt devenir les bases d’un mercantilisme international débridé reposant, respectivement, sur le commerce des esclaves et la banque. Le Traité de Westphalie signé en 1648 et ses dérivés d’aujourd’hui sont des machinations visant à protéger les intérêts des élites et d’une classe fortunée. En Europe, on surprend encore çà et là des murmures concernant les privilèges royaux. Par exemple, le Prince Henri, époux de la reine du Danemark, se plaint de ne pas être appelé « roi consort » plutôt que simple « prince consort ». Lorsque la monarchie espagnole a été mise en cause dans des affaires frauduleuses, ou que la monarchie belge a été accusée de couvrir des scandales de pédophilie, les royalistes ont attaqué leurs critiques en justice en invoquant la notion en l’occurrence douteuse de crime de lèse-majesté qui, rappelons-le, fait de toute critique de la monarchie une violation de la loi.


Les défenseurs des principes du Traité de Westphalie tentent de protéger une ploutocratie corrompue composée de royalistes, de militaristes et de requins sans scrupules du monde des affaires. Tous ces gens travaillent de concert avec des hommes de paille néo-colonialistes dans les pays en voie de développement endettés auprès du FMI et de la Banque Mondiale. Comme on l’a vu avec la manipulation par George Soros et la CIA sur les réseaux sociaux en vue d’atteindre leurs objectifs westphaliens, il est également possible de diriger ces mêmes réseaux sociaux contre les élites au pouvoir qui s’accrochent au principe de l’état-nation moderne pour assurer leur survie.


Pourtant, bien que les défenseurs du Traité de Westphalie affirment que leur système défend trois grands principes, 1) la souveraineté nationale, 2) l’égalité des états et 3) la non-intervention d’un état dans les affaires internationales d’un autre, la soumission de la Grèce, de l’Irlande, de l’Espagne, de l’Italie et du Portugal aux caprices des eurobanquiers et des sociétés financières mondialistes fait taire toute prétention à la souveraineté nationale. L’intervention des pays de l’alliance occidentale en Serbie, en Irak, en Libye, en Syrie et, dernièrement, en Macédoine, est révélatrice de l’absence de reconnaissance de la clause de non-intervention qui, selon les défenseurs des principes du Traité de Westphalie, en est l’élément le plus marquant. Les menaces répétées des puissances de l’OTAN contre l’indépendance de l’Abkhazie, l’Ossétie du Sud, la Transnistrie et le Nagorno-Karabakh, ainsi que contre l’autodétermination de la Crimée et du Donbass, montrent bien que le principe westphalien de l’égalité des états n’est qu’un mot vide de sens.


Le monde change et s’éloigne à toute vitesse des principes désuets du Traité de Westphalie. Les seuls à défendre la gouvernance westphalienne sont trois vieillards – Kissinger, Scowcroft et Brzezinski – que l’on verrait plutôt, à leur âge, demander un supplément de compote de pommes à la cantine de leur maison de retraite.


 Note


* L’Allemagne




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