C’est parti pour la « nouvelle ère » du Bloc québécois. Le parti a inauguré son premier local de campagne, mercredi soir, dans la circonscription de Laurier–Sainte-Marie, à Montréal. Un événement couru par de nombreux candidats venus d’ailleurs au Québec et en présence de leur nouveau chef, Yves-François Blanchet. Mais cette renaissance ne s’est pas faite sans le soutien d’un militant tout particulier : Gilles Duceppe.
« C’est important d’avoir le même discours en tout temps et partout. Et ça, le Bloc l’a toujours eu et l’aura encore. Je pense à la laïcité, par exemple. J’ai hâte de les entendre [à ce sujet] dans le débat en anglais », a fait valoir l’ex-chef dans une courte allocution, en référant aux chefs des autres partis.
Laurier–Sainte-Marie, une circonscription fort symbolique pour le Bloc — elle a été représentée par M. Duceppe pendant une vingtaine d’années — sera cet automne briguée par Michel Duchesne.
Écrivain, réalisateur, chargé de cours à l’UQAM, impliqué dans le milieu communautaire et de la diversité, M. Duchesne était devenu le premier candidat de la nouvelle mouture du parti, l’hiver dernier, à l’occasion d’une élection partielle dans la circonscription d’Outremont. Avec 11 % des voix, il était arrivé quatrième, derrière les libéraux, les néo-démocrates et les verts.
Aura-t-il une chance de remporter cette circonscription détenue depuis 2011 par Hélène Laverdière, du NPD, qui prend sa retraite politique et passe le relais à Nima Machouf, épidémiologiste, chercheuse en santé publique et épouse de l’ex-député de Québec solidaire Amir Khadir ?
« Il y a une tradition en politique qui dit qu’on fait semblant que tous les comtés sont pareils, répond M. Blanchet. Mais il n’y a personne d’assez naïf pour croire ça. Il y a des circonscriptions dont la tradition est différente d’autres. » Selon lui, Laurier–Sainte-Marie est toujours un « terreau extrêmement fertile » pour le Bloc.
Michel Duchesne affrontera aussi Steven Guilbeault, dont le passage en politique chez les libéraux avait fait sourciller, il y a quelques semaines.
Diversité
Dans le petit local de la rue Saint-Catherine, en plein Village gai, M. Duchesne a déploré le « pink washing » que pratique le gouvernement de Justin Trudeau, qui fait valoir ses bons coups auprès des LGBT afin de faire oublier « qu’il néglige certains dossiers ».
Ottawa fait du « pink washing » « pour faire oublier qu’on vend des armes à l’Arabie saoudite, ou encore pour faire oublier qu’on a des relations commerciales avec des pays où les femmes sont maltraitées, soumises et se battent pour l’égalité », a-t-il dit.
Le candidat a également mis en garde contre le retour en arrière que prêchent certains conservateurs, dont Maxime Bernier. Pas question de rouvrir le dossier de l’avortement ou de mettre un terme aux cours d’éducation sexuelle, a-t-il clamé.
Son chef, Yves-François Blanchet, a quant à lui semblé rallier les militants. La crise provoquée par le passage de Martine Ouellet est-elle close ?
M. Blanchet « est rassembleur. On voit la différence, c’est assez évident », a dit Gilles Duceppe.