Le bilan des infections à la COVID-19 continue de grimper au CHSLD Sainte-Dorothée de Laval. Huit patients en sont morts et pas moins de 48 membres du personnel sont maintenant contaminés.
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La direction de la santé et des services sociaux de Laval a décidé de soumettre à un test de dépistage tout le personnel de l’endroit.
Résultat : 18 cas se sont ajoutés mardi aux 30 qui étaient déjà connus lundi, selon le Syndicat des travailleuses et travailleurs du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval.
La direction a décidé que tous les patients du Centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) Sainte-Dorothée subiront un test de dépistage.
Jusqu’à maintenant, ils sont toujours 105 à être infectés et huit en sont décédés.
Dans le réseau de santé lavallois, 108 employés ont contracté la COVID-19.
Le syndicat dit avoir mené son enquête sur l’origine des infections au coronavirus parmi ses membres.
« Deux préposés aux bénéficiaires avaient des symptômes le 22 mars, mais la direction ne voulait pas leur faire passer de test de dépistage », dit la présidente du syndicat, Marjolaine Aubé.
Ils auraient finalement été déclarés positifs la semaine suivante.
Le CISSS n’a pas commenté ces informations, mais mentionne cependant qu’il a détecté le premier cas à Sainte-Dorothée le 26 mars.
Allumette dans du foin
« La COVID-19 dans les CHSLD [le nombre de patients et d’employés infectés], c’est une catastrophe. C’est comme une allumette dans une botte de foin », image le Dr David Lussier, gériatre à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal (IUGM).
Le spécialiste estime que le virus a une longueur d’avance parce qu’il se transmet, entre autres, par des personnes qui n’ont pas de symptômes. Il parle d’une maladie sournoise qui peut tuer un aîné cinq minutes après le déclenchement d’une détresse respiratoire.
« Maintenant ce qui m’interpelle c’est qu’il risque d’y avoir un problème de pénurie de personnel si trop de monde tombe malade », fait remarquer le Dr Lussier.
Manque de préparation
Selon la directrice scientifique du centre de recherche de l’IUGM, Sylvie Belleville, le fait que les patients ne peuvent s’isoler dans un appartement, comme c’est le cas pour ceux qui demeurent dans une résidence pour personnes âgées, peut aider à expliquer l’explosion de cas en CHSLD.
« Il y a eu beaucoup de préparation dans les hôpitaux pour les soins aigus et intensifs, mais il n’y a pas eu la préparation nécessaire dans les CHSLD. Tout ce qu’on a fait, c’est dans le but que la maladie n’entre pas, mais c’était une pensée magique de croire que ça n’arriverait pas », poursuit le Dr Lussier, ajoutant que tous les efforts nécessaires étaient déployés en ce moment.
De son côté, une infirmière d’un CHSLD de Montréal qui a demandé de garder l’anonymat juge qu’on aurait pu intervenir plus rapidement.
« À un moment donné, j’ai eu un monsieur qui s’est mis à vomir sans arrêt, et il est finalement mort le lendemain. J’ai dit à la direction qu’on devrait désinfecter sa chambre comme s’il était mort du coronavirus, puisqu’il avait eu des symptômes, mais la direction n’a rien voulu savoir. Finalement, il est bel et bien décédé du coronavirus et on a mis une autre personne dans sa chambre », déplore-t-elle.
– Avec Frédérique Giguère
Coronavirus dans les centres pour aînés du Québec
Source : Ministère de la Santé et des Services sociaux
Lieux où résidaient les personnes décédées de la COVID-19 jusqu’ici dans la province
- 44,7 % en CHSLD
- 26,7 % à domicile
- 20 % en résidence pour aînés
- 13 % inconnu
Source : Docteur Horacio Arruda, directeur de la santé publique
PRÉCISION
Une version précédente de ce texte affirmait que le compte des cas de patients infectés au CHSLD Sainte-Dorothée avait augmenté à 174. Ce n’est pas le cas : selon les chiffres officiels, le nombre de résidents qui ont contracté la COVID-19 est toujours de 105.